27. La ville de Philippes

15/11/2020 00:42

Deuxième voyage missionnaire de Paul

27. La ville de Philippes

Localisation de Philippes, en MacédoineDe Troas (Asie Mineure) à Philippes ( Macédoine), en passant par Samothrace, une île de la mer Égée, et Néapolis

Dans les Actes des Apôtres, Luc se contente de notations très brèves sur les voyages de Paul : «Embarqués à Troas, nous cinglâmes droit sur Samothrace, et le lendemain sur Néapolis, d’où nous gagnâmes Philippes, cité de premier rang de ce district de Macédoine et colonie romaine.» (Actes 16, 11-12) Nous sommes probablement en l’an 49. Lorsque Paul traverse le détroit, il le fait pour annoncer la Bonne Nouvelle et cherche à avancer vers l'ouest. Cela ne l'empêchera pas, plus tard, de revenir longuement à Éphèse.

vue partielle du Coureur de marathon annonçant la victoire (Musée du Louvre, Paris)Le Coureur de Marathon annonçant la victoire, à AthènesVictoire de Samothrace - Musée du LouvreVictoire de Samothrace

Au cours de ce voyage, Paul qui aime beaucoup les sports et utilise souvent l’image de la course, a dû avoir en tête le coureur de Marathon (490 av. J.C.) qui avait porté à Athènes la nouvelle de la première victoire de la flotte grecque sur les Perses. Le messager de cette bonne nouvelle ne se laissa pas distraire en route. Il courut les 26 kilomètres qui le séparaient de la capitale et, une fois arrivé au but, complètement épuisé, il s’écria «Victoire» et tomba mort. Paul qui aime la course, se considère lui-même comme un coureur de marathon, un messager de Dieu, chargé d’apporter la nouvelle d'une victoire étonnante : le Fils de Dieu est descendu sur terre, les dieux de l'Olympe sont vaincus, et l'humanité marche vers un avenir plein de promesses.

Dans ce voyage vers l’ouest, Paul et ses amis ne passent qu'une courte nuit sur l'île de Samothrace, longue montagne verte surgie de la mer, rendue célèbre par son sanctuaire. À l’entrée du port, une colossale déesse de marbre y déploie ses ailes. Elle fut engloutie plus tard par un tremblement de terre et s’enlisa dans la vase. Après plusieurs siècles, en 1863, le vice-consul de France, Charles Champoiseau, aura la chance de la découvrir et de l'exhumer, sans toutefois retrouver la tête de ce chef d’oeuvre de la sculpture ancienne. La Victoire de Samothrace est aujourd'hui l'orgueil du musée du Louvre.

Tôt le lendemain matin, nos voyageurs reprennent la traversée de la mer Égée. Sur les deux rives on parle grec et on partage la même culture. Au port de Néapolis où ils jettent l’ancre, le temple de Diane, campé sur un rocher surplombant la mer, saluait les voyageurs. Un cercle, tracé sur le pavé de l'actuelle église St-Nicolas, désigne l'endroit où Paul mit pied à terre «en Europe». Après avoir quitté Néapolis, nos voyageurs prennent la Via Égnatia pour parcourir les douze kilomètres qui les séparent de la ville de Philippes. Cette voie romaine est l’une des plus importantes de l’Empire. Traversant Thessalonique et Édesse, elle gagne la côte de l'actuelle Albanie. Du port d'Apollonia, les bateaux se rendent alors à Brindisi où l’on rejoint la Via Appia, celle qui mène à Rome.

Ruines de Philippes, MacédoineRuines de la ville de Philippes. Au temps de Paul, elle reflétait la puissance universelle de Rome, par son opulence, son architecture et son administration.

ruines de l'amphithéâtre de la ville de PhilippesL'amphithéâtre de Philippes.

Philippes - l'agora et l'acropole L'agora (place du marché) et, au sommet de la montagne à droite, l'acropole.

La ville de Philippes, avec son château et son acropole, est alors une agglomération fortifiée. Elle fut construite en 356 av. J.-C. par le père d'Alexandre le Grand, le roi Philippe II, qui donna à la ville son propre nom. À part le théâtre bien conservé, que l’on voit toujours au flanc d'une colline, il ne reste que quelques colonnes et l'encadrement d'une porte, dans cette ville où résida Démosthène.

Philippes a bénéficié de la générosité de l’empereur Auguste et de la venue d’anciens combattants. Depuis l'assassinat de Jules César, en 44 av. J.C., Octave, le petit fils adoptif de César, et Marc-Antoine, le grand général romain, prétendaient recueillir l'héritage politique du chef de la République. Dans un premier temps, ils parviennent à un accord pour se partager le pouvoir : Marc-Antoine, en compagnie de Cléopâtre, régnera sur l'Orient à partir de l'Égypte, tandis qu'Octave gouvernera la ville de Rome et toute la partie ouest de l’Empire. Mais leurs rapports se dégradent rapidement et l'affrontement devient inévitable. Marc Antoine, follement amoureux de la reine d’Égypte a répudié sa femme, la soeur d’Octave. Cléopâtre veut que son fils Césarion, dont Jules César est le père, devienne le prochain empereur. En 32, en accord avec le Sénat romain, Octave (qui deviendra l’empereur Auguste) déclare la guerre à Cléopâtre. La reine d’Égypte était haïe par les romains mais Marc-Antoine était encore très populaire dans la capitale. Les deux armées s’affrontent en Grèce, au large du promontoire d'Actium. On est en septembre 31 av. J.C. Après la défaite de leurs puissantes flottes, Cléopâtre et Marc-Antoine retournent en Égypte et se donnent la mort plutôt que de tomber aux mains d’Octave.

Dans la ville de Philippes, agrandie par le vainqueur de la bataille d’Actium, l'administration est rigoureuse. Elle connait un renouveau lorsque des légionnaires à la retraite viennent s’y fixer. Ces soldats de métier, qui ont contribué à mettre un terme aux ambitions de Marc-Antoine et de Cléopâtre, sont récompensés par l’empereur et reçoivent des terres, des privilèges et des nouvelles responsabilités.

Paul admire cette ville,
son génie fier et hardi,
sa passion pour la liberté
et son respect de l'ordre,
de la loi, des choses sacrées.

Philippes devient alors une véritable ville italienne placée sous la juridiction immédiate d’Auguste. Il l’élève au rang de colonie, jouissant de tous les privilèges de l'Italie et exempte d'impôts. Les vétérans y importent la probité et la manière de vivre des Romains, en même temps que leurs divinités. Par la voie romaine, qui traverse toute la Macédoine d'Est en Ouest et qui se prolonge au-delà de l'Adriatique jusqu'à Rome, les ex-légionnaires se sentent unis à la métropole et au Jupiter capitolin.

C'est ainsi que Philippes est devenue une petite Rome avec forum, théâtre, capitole et murs d'enceinte. Les gens sont fiers de leur constitution libérale, qui leur permet d'élire chaque année, à la manière des consuls romains, deux chefs appelés populairement «stratèges».

À Philippes, dans l'esprit de Paul surgit l'image de la puissance universelle de Rome. Il admire son génie fier et hardi, sa passion pour la liberté et son respect de l'ordre, de la loi, des choses sacrées. Ce missionnaire du Christ sent que son esprit était apparenté au génie romain.

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