33. L'échec d'Athènes

27/12/2020 00:51

Deuxième voyage missionnaire de Paul

33. L'échec d'Athènes

Paul devant l'aeropage d'Athènes
Discours de Paul à l'Aéropage d'Athènes.

La rencontre de Paul avec un groupe d'intellectuels d’Athènes a été un tournant décisif dans sa mission et le commencement d'une nouvelle étape dans sa vie. Si jusque-là, il avait appris que Jésus crucifié était une pierre d'achoppement – un scandale – pour les Juifs, il allait apprendre maintenant que pour les Grecs, c'était une folie. Cette rencontre avec les Grecs cultivés a été pour lui l'affrontement de la foi chrétienne avec le monde de son temps.

Par sa connaissance de Dieu, la Grèce avait presque atteint Israël. Elle l'avait même surpassé, sur certains aspects, car elle avait su donner à l'idée de Dieu une expression artistique, tandis qu'Israël était resté barbare dans le domaine de l'art.

Voulant s'adapter au degré
de culture de son auditoire,
Paul avait composé un
discours basé sur les lois de
l'art oratoire et les principes
de la sagesse humaine.
Ce fut un échec complet!

Les auditeurs de Paul appartenaient à deux mouvements philosophiques importants : l'école des Stoïciens et celle des Épicuriens. Selon les épicuriens, le monde était l'oeuvre du hasard; le bonheur et le bien-être modéré était le but de la vie des hommes. On devait rechercher non seulement son propre bonheur mais aussi celui des autres. Dans la vie pratique, ils avaient ce principe : «Recherche ton propre bonheur et celui de tes proches. Tu ne vis que peu de temps, et tu es mort pour longtemps.» Ces gens étaient tout à fait fermés au monde surnaturel. Les stoïciens par contre s’efforçaient de vivre sobrement et d’avoir le moins de désirs possibles. C’était pour eux le meilleur moyen de ne pas être déçus, de trouver le bonheur dans ce qu’ils avaient, sans rêver à de grands projets ou à de grands biens.

En promettant de résoudre l'énigme du «Dieu inconnu», Paul éveilla l’attention des gens d’Athènes. Dans une audace sans pareille, il affirme que tous, Juifs et non-Juifs «nous sommes de la race de Dieu» (Actes 17, 29). Jusque-là, les Athéniens semblent attentifs et plutôt curieux des propos de Paul. Mais lorsqu'il se met à parler de la Résurrection de Jésus, leur attitude change: «À ces mots de résurrection des morts, les uns se moquaient, les autres disaient: "Nous t'entendrons là-dessus une autre fois» (Actes 17, 32). La Résurrection, événement transcendant l'histoire, ne pouvait être reçue par des esprits qui s'appuyaient sur la seule raison humaine, comme le faisaient les Athéniens.

Le magnifique discours de Paul à l’Aréopage a été un échec total : les Grecs se heurtaient à l'idée de la résurrection car pour eux, le corps humain était une prison de l’esprit. La résurrection des corps n’avait donc aucun intérêt pour ces gens avides de nouveautés mais fermés à tout ce qui dépassait le naturel.

La résurrection des morts
était un terrible obstacle pour
ces intellectuels qui voyaient
le corps humain comme une prison de l’esprit.

La résurrection des corps
n’avait donc aucun intérêt pour ces gens avides de nouveautés mais fermés à tout ce qui dépassait le naturel.

Dans ce discours, Luc prête à Paul une stratégie d’évangélisation qui dénote un gros effort d’inculturation. On appelle inculturation la volonté d’inscrire l’Évangile dans les catégories et le langage d’une culture donnée. L’effort était louable mais c’en était trop pour les penseurs athéniens. La résurrection des morts était un terrible obstacle pour cette mentalité d’intellectuels. Paul perd ici la majorité de son auditoire, sauf quelques-uns dont la tradition nous a conservé le nom : Denys l’Aréopagite, une femme appelée Damaris, et quelques autres encore.

Paul avait pensé pouvoir convaincre ses auditeurs par la force de ses arguments  et démontrer que le système des religions grecques était dépassé. Il avait composé un discours basé sur les lois de l'art oratoire et les principes de la sagesse humaine. Mais il dut constater la futilité de ses arguments. Ce fut un échec complet! Peu de gens se convertirent. La plupart n'étaient même pas intéressés et ne voulaient rien entendre. Paul frappa un mur et découvrit ses propres limites.

Dans cette Athènes sceptique, superficielle et éprise d'elle-même, Paul a acquis un profond mépris de la sagesse du monde. Il prit alors la résolution de lui opposer, à l'avenir, la Croix de Jésus Christ. À partir de cet instant, il ne prêchera plus la sagesse grecque, mais uniquement le Christ et la folie de la Croix.

Paul ne réussit pas à fonder une communauté importante à Athènes. Dans aucune de ses lettres, il ne la mentionne; il n'a écrit aucune épitre aux Athéniens; il n'a pas visité cette ville lors de son troisième voyage missionnaire. Dans cette Athènes connue pour sa philosophie et pour sa sagesse, il n'avait personne à qui parler de ce qui remplissait son coeur. Il écrit aux Thessaloniciens: J'étais seul à Athènes !» (Actes 17, 15).

Paul avait connu de nombreux échecs tout au long de ses voyages missionnaires. Il en essuiera d'autres. Mais pour lui, celui d’Athènes aura été le plus dévastateur. Il n'a pas été insulté, n'a pas été jeté en prison, n'a pas été flagellé, mais on s'est moqué de son message d’espérance et de liberté :

«Alors que les Juifs demandent des signes, et que les Grecs sont en quête de sagesse, nous proclamons, nous, un Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les païens» (1 Corinthiens 1,22-23).

Jamais il ne voudra revoir Athènes.

Sa réaction est étrange. Paul qui n'avait jamais manqué de force et de courage pour affronter les contrariétés, l'emprisonnement et la torture, sortit d'Athènes découragé et chercha refuge à Corinthe.

Paul rappellera aux Corinthiens, à son arrivée chez eux, les leçons qu'il tira de son échec d’Athènes:

«Pour moi, quand je suis venu chez-vous, frères, je ne suis pas venu vous annoncer le mystère de Dieu avec le prestige de la parole ou de la sagesse. Non, je n’ai rien voulu savoir parmi vous, sinon Jésus Christ, et Jésus Christ crucifié. Moi-même je me suis présenté à vous faible, craintif et tout tremblant. Et ma parole et mon message n’avaient rien des discours persuasifs de la sagesse; c’était une démonstration d’Esprit et de puissance, pour que votre foi reposât, non sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu.» (1 Corinthiens 2, 1-5).

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