45 - Deuxième lettre aux Corinthiens

21/03/2021 00:16
Troisième voyage missionnaire de Paul

45 - Deuxième lettre aux Corinthiens

Paul enchainé en prisonPaul enchaîné pense aux communautés.

Il existe beaucoup de controverses au sujet de la deuxième lettre aux Corinthiens. La version qui nous est parvenue est probablement composée de plusieurs lettres, dont la «lettre dans les larmes». Paul continue de répondre aux agitations de la communauté de Corinthe, défend son ministère apostolique et revient sur la collecte en faveur des fidèles de Jérusalem.

Informé des difficultés de la communauté, il semble que Paul ait fait une brève visite à Corinthe, au cours de laquelle se seraient produits des incidents douloureux. Rentré à Éphèse, il écrit sa «lettre dans les larmes»  que l'on retrouve, du moins en partie, dans les chapitres 10 à 13 de l'épître actuelle.

Les judéo-chrétiens de Jérusalem qui ont entrepris une opposition systématique contre Paul, se présentent comme les véritables apôtres, contestent la validité de sa mission et attaquent sa personne, ses idées et son oeuvre. Ils se présentent comme des missionnaires prestigieux, des «archi-apôtres» alors que Paul les appelle «les faux apôtres». Ils affirment avoir connu Jésus et brillent par leurs expériences mystiques. Ils ont une éloquence supérieure à celle de Paul et, contrairement à ce dernier, exigent des honoraires substantiels des communautés où ils séjournent. Paul oppose à leurs ambitions un style de mission marqué par la Croix.

faux apôtresFaux apôtres

La tactique des adversaires est simple : gonfler leur autorité comme représentants de Jérusalem, diminuer la personne et l'oeuvre de Paul et imposer les prescriptions de la Loi mosaïque. D'ailleurs, cette tactique a déjà porté fruits dans d'autres Églises fondées par l'Apôtre. Ces attaques provoquent une violente réaction de la part de Paul dans cette Épître et dans les Épîtres aux Galates et aux Romains.

Cette lettre a probablement été écrite en Macédoine, en 54-55, où Tite a rejoint Paul. Il apporte cette fois-ci des bonnes nouvelles. Les Corinthiens sont maintenant beaucoup plus positifs envers l’Apôtre. Paul est rassuré et décide d’écrire à nouveau. Les principaux éléments sont les suivants : Les «faux apôtres» de Jérusalem ne cherchent que leur profit. Ils exigent des tarifs élevés alors que Paul a toujours offert son ministère gratuitement et n’a jamais été à la charge de personne.

Si ses rivaux se vantent de leurs expériences mystiques, Paul n'est pas en reste. Il rappelle les «visions et révélations» que le Seigneur lui a accordées. Mais il n'insiste pas car «la puissance de Dieu se déploie dans la faiblesse.»

Les vrais apôtres sont les serviteurs d'une Alliance nouvelle, leurs épreuves les identifient au destin de Jésus
et ils sont les ambassadeurs
d'une réconciliation offerte
au monde par Dieu.

Frustré par les attaques de ses adversaires, Paul veut en venir à un règlement de compte décisif. La justification de son autorité apostolique est donc le but essentiel de cette lettre. Les semeurs de discorde se présentent avec une lettre de recommandation délivrée par la direction de Jérusalem. Paul répond qu’il n'a pas besoin de lettres de recommandation : «Notre lettre, c'est vous, Corinthiens; vous êtes une lettre du Christ, écrite avec des caractères lumineux, de sorte que tout le monde peut la connaître et la lire

On reprochait à Paul d'être arrogant, d’écrire des épîtres impertinentes, d’être un faux frère avide de gloire. Sous le masque de l'ironie grecque, Paul joue le rôle du vantard qu'on vient de lui attribuer. Des coups de massue s'abattent alors sur ses détracteurs. Ces gens accusent Paul de vantardise, d'égoïsme, d'esprit de domination, alors qu'eux-mêmes proclament leur amitié avec les grands de Jérusalem, se promènent comme des seigneurs, courent de maison en maison, s'invitent eux-mêmes, parlant haut en frappant au visage ceux qui les contredisent. D'une manière très noble, Paul évite de nommer ceux qui les auraient chargés de cette mission de démolition, bien que, derrière les agissements des adversaires, on devine l'ombre de personnages importants, dont les émissaires abusent et déforment la pensée.

Le véritable apôtre, lui, se signale par son dévouement,
par l'aveu d'une faiblesse
qui l'assimile au destin
du Crucifié.

Paul se reconnaît faible pour que les Corinthiens ouvrent les yeux sur leur propre faiblesse. Qu’ils cessent de se laisser abuser par des prédicateurs de parade, et qu’ils reconnaissent en eux-mêmes le vieil homme qui doit faire place à l’homme nouveau. Qu’ils se souviennent de Jésus qui pour eux s’est fait pauvre, de riche qu’il était. Nous sommes comme de l’argile fragile qui contient un grand trésor.

Si la première lettre aux Corinthiens est la plus riche sur le plan de la pensée, la seconde est la plus passionnée de toutes. Heureuse polémique qui oblige l'accusé à se dévoiler et à tracer le portrait du véritable serviteur de l'Évangile!

Entre les deux parties principales de cette lettre est inséré un passage concernant la collecte pour Jérusalem (ch. 8 et 9). Cette grande oeuvre de charité était très importante pour Paul qui voulait maintenir les liens d’amitié avec la communauté-mère. Les Corinthiens eux-mêmes en avaient eu l'idée. Après avoir parlé de la collecte, Paul passe de nouveau à l’attaque. Il écrit : «Mais suis-je inférieur à ceux que vous appelez «archi-apôtres» et que, moi, j'appelle «pseudo-apôtres». Ils exploitent la communauté ; ils pensent briller par leurs titres et leur rhétorique clinquante. Le véritable apôtre, lui, se signale par son dévouement,  par l'aveu d'une faiblesse qui l'assimile au destin du Crucifié.

En 12, 7-9, Paul mentionne une écharde dans sa chair. L'hypothèse d'une maladie chronique est souvent mentionnée. Mais, dans la Bible, «l'écharde» désigne les ennemis d'Israël (Nombres 33, 55). Paul y voit l'action d'un «ange de Satan ». Or ce sont ses adversaires qu'il vient de caractériser comme des ministres de Satan (2 Co 11, 13-15). Déjà au 4e siècle, Jean Chrysostome, pensait que l’écharde en question représentait les rivaux qui contestaient la prédication de Paul.

La communauté écoute la lettre de PaulOn fait la lecture de la lettre de Paul à la communauté.

Tite et probablement Luc et Aristarque, portèrent cette lettre à Corinthe. Il semble qu’elle a été très bien accueillie par les Corinthiens. Ce fut le testament de l'Apôtre à cette Église qu’il aimait profondément.

L’année de la 2e lettre aux Corinthiens coïncide avec la mort de l’empereur Claude en 54. Agrippine, sa seconde épouse, l'a fait empoisonner. Elle avait au préalable fait adopter Néron, fils de son premier mariage, par celui qu’elle allait faire mourir. À dix-sept ans, Néron est proclamé empereur par la garde prétorienne. Ainsi commence, dans l'illégalité, car Claude avait un fils légitime, Britannicus, le règne d'un des despotes les plus sanguinaires de l'histoire. À Éphèse, aucun devin n'oserait prédire que Néron fera empoisonner Britannicus, mettre à mort sa mère, avant de se camper, dans un épisode qui écoeurera les Romains eux-mêmes, en massacreur des chrétiens. Une brèche s’ouvre dans la grandeur de Rome.

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