Le livre du prophète Daniel

02/01/2014 13:31
 

 

DANIEL

 

536-530 AVANT J.C. DANIEL

Le livre du prophète  Daniel 

 

 

       Conformément à la tradition hébraïque, le livre porte le nom du prophète qui bénéficie, tout au long du texte, des révélations de Dieu. Il couvre l’intégralité des 70 années de captivité babylonienne (vers 605-536 av. J.-C.; cf. #Da 1:1 et #Da 9:1-3). Neuf des douze chapitres contiennent des révélations parvenues sous forme de songes ou de visions. Daniel était le porte-parole de Dieu auprès du monde païen et du monde juif pour annoncer ses projets actuels et futurs. En termes de littérature prophétique et apocalyptique, Daniel est à l’A.T. ce que l’Apocalypse est au N.T. 

 

Auteur et date 

 

       Plusieurs versets indiquent que l’auteur du livre est Daniel (#Da 8:15, #Da 8:27 ; #Da 9:2 ; #Da 10:2, #Da 10:7 ; #Da 12:4-5), dont le nom signifie « Dieu est mon juge ». Le texte est autobiographique, recourant à la première personne du singulier, à partir de 7:2. Il doit être distingué des trois autres Daniel de l’A.T. (cf. #1Ch 3:1 ; #Esd 8:2 ; #Né 10:6). Né dans une famille de notables de Juda, ce prophète était un adolescent d’une quinzaine d’années lorsqu’il fut déporté à Babylone afin d’y être modelé selon la culture babylonienne et d’assister les conquérants dans leurs rapports avec les Juifs exilés. Ce fut là qu’il passa le restant de sa vie (au moins 85 ans). Il tira le meilleur parti de la situation en honorant Dieu par le caractère irréprochable de sa manière d’être et de son service. Il fut élevé au rang de haut fonctionnaire par décision royale et devint, à côté de son rôle de prophète, le confident des souverains de deux puissances mondiales: l’Empire babylonien (#Da 2:48) et l’Empire médo-perse (#Da 6:1-2). Jésus a confirmé l’attribution de ce livre à Daniel (cf. #Mt 24:15). 

 

       Daniel a vécu après l’époque décrite en #Da 10:1 (vers 536 av. J.-C.). Il écrivit très probablement son livre peu après cette date, mais avant 530 av. J.-C. Une partie du texte (#Da 2:4b-7:28), qui décrit prophétiquement les événements de l’histoire mondiale, fut composée en araméen, ce qui était approprié puisque c’était la langue des relations internationales. Ezéchiel, Habakuk, Jérémie et Sophonie étaient des prophètes contemporains de Daniel. 

Contexte et arrière-plan 

 

       Le livre débute en 605 av. J.-C. avec la conquête de Jérusalem par Babylone et la déportation de Daniel et de ses trois amis, parmi bien d’autres Judéens. Il rapporte la fin de la suprématie babylonienne, en 539 av. J.-C., avec la chute de la ville face aux assaillants médo-perses (#Da 5:30-31), et relate même des événements postérieurs, jusqu’en 536 av. J.-C. (#Da 10:1). Après la déportation de Daniel, les Babyloniens conquirent Jérusalem en deux nouvelles étapes successives (597 et 586 av. J.-C.), emmenant chaque fois avec eux une partie de la population. Daniel se souvenait encore avec émotion de sa patrie, et en particulier du temple de Jérusalem, près de 70 ans après avoir dû les quitter (#Da 6:10). 

 

       Jérémie évoque partiellement le contexte historique de Daniel, puisqu’il mentionne trois des cinq derniers rois de Juda avant la captivité (cf. #Jér 1:1-3): Josias (vers 641-609 av. J.-C.), Jojakim (vers 609-597 av. J.-C.) et Sédécias (av. J.-C.), s’intéressant moins à Joachaz (vers 609 av. J.-C.) et à Jojakin (vers 598-597 av. J.-C.). Daniel lui-même est présenté par Ezéchiel comme un homme juste et sage (cf. #Ez 14:14, #Ez 14:20 ; #Ez 28:3). L’auteur de l’épître aux Hébreux fait allusion à lui comme l’un des prophètes qui « par la foi …  fermèrent la gueule des lions » (#Hé 11:32-33). 

 

       Le péché chronique des Judéens ne s’était jamais accompagné d’une repentance nationale. C’est ainsi qu’après les mises en garde répétées des prophètes Jérémie, Habakuk et Sophonie, l’Eternel avait fini par juger son peuple. Esaïe et d’autres fidèles prophètes avaient déjà, eux aussi, averti de l’imminence du danger. Profitant du déclin de la puissance assyrienne dès 625 av. J.-C., les Babyloniens conquirent: 

1° l’Assyrie avec Ninive, sa capitale, en 612 av. J.-C.; 

2° l’Egypte au cours des années suivantes; 

3° Juda, en 605 av. J.-C., avec la première des trois étapes de la conquête de Jérusalem (cf. date précédente, 597 av. J.-C. et 586 av. J.-C.). 

 

Daniel fit partie du premier groupe de déportés, et Ezéchiel du second en 597 av. J.-C. 

       Le royaume du nord, Israël, était tombé des années auparavant, en 722 av. J.-C., devant les Assyriens. Avec la captivité de Juda, le jugement était donc parachevé. A Babylone, Daniel reçut de Dieu une description des différentes étapes de la domination païenne sur le monde au travers des siècles, jusqu’au moment où le conquérant suprême, le Messie, y mettrait un terme. Il l’emporterait sur tous ses ennemis et amènerait le peuple de l’alliance à jouir des bénédictions de son glorieux royaume millénaire. 

 

Thèmes historiques et théologiques 

 

       L’objectif du livre de Daniel était d’encourager les Juifs exilés en leur révélant le plan de Dieu pour eux, à la fois pendant et après la période de domination mondiale des païens. Le thème du contrôle souverain exercé par Dieu sur toutes les nations et leurs dirigeants, avec leur remplacement final par le roi véritable, est le plus important. Les versets clés sont ceux de 2:20-22, 44 (cf. #Da 2:28, #Da 2:37 ; #Da 4:34-35 ; #Da 6:25-27). Dieu n’avait pas subi une défaite lorsqu’il avait permis la chute d’Israël (#Da 1); en réalité, il était à l’œuvre, dans sa providence, pour accomplir son dessein: la pleine manifestation de son grand roi, le Christ. En tant que souverain, il avait autorisé et autoriserait la domination de païens sur Israël  les Babyloniens (av. J.-C.), les Médo-Perses (av. J.-C.), les Grecs (av. J.-C.), les Romains (146 av. J.-C. à 476 apr. J.-C.) et d’autres encore - jusqu’à la seconde venue du Messie. Les diverses étapes de la domination païenne sont décrites aux ch. #Da 2 et 7. Le même thème est mis en rapport avec l’expérience d’Israël, à la fois dans la défaite et dans les bénédictions du royaume à venir, aux ch. #Da 8:1-12:@ (cf. #Da 2:35, #Da 2:45 ; #Da 7:27). Un élément clé du thème de la souveraineté de Dieu est la venue du Messie pour régner sur le monde et sur tous les hommes (#Da 2:35, #Da 2:45 ; #Da 7:13-14, #Da 7:27). Il est comparé à une « pierre » au ch. #Da 2, à un « fils de l’homme » au ch. #Da 7, et apparaît en #Da 9:26. Le ch. #Da 9 livre le cadre chronologique de la période qui s’étend de l’époque de Daniel au royaume de Christ. 

 

       Un deuxième thème, étroitement mêlé à la structure de Daniel, est celui de la manifestation de la puissance souveraine de Dieu au travers de miracles. C’est l’une des six époques où, dans la Bible, l’accent est mis sur les nombreux miracles accomplis par Dieu pour atteindre ses objectifs. Les autres sont: 

1° la création et le déluge (#Ge 1:1-11:@); 

2° les patriarches et Moïse (#Ge 12-De); 

3° Elie et Elisée (#1R 19-2R 13); 

4° Jésus et les apôtres (Mt-Ac); 

5° le retour de Christ (Ap). 

Le Dieu dont la domination et les capacités d’agir à sa guise sont éternelles (#Da 4:34-35) peut accomplir n’importe quel miracle, mais aucun ne manifeste plus de puissance que celui qu’il a accompli lors de la création (#Ge 1:1). Daniel relate ainsi comment ce Dieu l’a rendu capable de connaître et d’interpréter les rêves qu’il utilisait pour révéler sa volonté (ch. #Da 2 ; 4; 7), mais il mentionne aussi d’autres miracles: 

1° le doigt de Dieu écrivant sur le mur et l’interprétation donnée par Daniel (ch. #Da 5); 

2° la protection divine accordée à trois hommes jetés dans une fournaise (ch. #Da 3); 

3° la protection accordée à Daniel dans la fosse aux lions (ch. #Da 6); 

4° des prophéties surnaturelles (ch. #Da 2 ; 7; 8; 9:24-12:13). 

 

Questions d’interprétation 

 

       Les plus grandes difficultés d’interprétation sont liées aux passages qui annoncent une période de tribulation et un royaume. L’utilisation de l’araméen impérial et l’archéologie ont confirmé l’ancienneté de la rédaction du texte. Néanmoins, plusieurs commentateurs refusent, par scepticisme, de reconnaître l’origine surnaturelle des prophéties devenues entre-temps réalité (il y en a plus de cent dans le seul ch. #Da 11), et ils situent, par conséquent, leur rédaction entre l’A.T. et le N.T. Ils ne les considèrent pas comme des prédictions miraculeuses de l’avenir, mais comme de simples observations, faites par un écrivain ultérieur qui aurait rapporté les événements de son époque. Ils datent ainsi Daniel de l’époque d’Antiochus IV Epiphane (av. J.-C., ch. #Da 8 ; #Da 11:21-45). Si l’on adopte cette manière de voir, l’annonce de la « pierre » et du « fils de l’homme » (ch. #Da 2 ; 7) n’est qu’une idée erronée qui ne s’est pas accomplie, ou bien l’auteur a volontairement trompé ses lecteurs. En réalité, selon moi, Daniel annonce bien une période de jugement de sept ans (cf. #Da 7:21-22 ; #Da 11:36-45 ; #Da 12:1), suivie d’un royaume littéral de mille ans (cf. #Ap 20), lorsque Christ reviendra pour régner sur Israël et sur les païens (#Da 7:27). C’est une période distincte de l’état éternel (état ultime, de perfection absolue, c’est-à-dire les nouveaux cieux et la nouvelle terre dont la capitale sera la nouvelle Jérusalem, #Ap 21:1-22:@) et qui le précédera. L’interprétation littérale de la prophétie, y compris de Daniel, conduit à cette perspective prémillénariste. 

       Bien d’autres éléments soulèvent des questions: comment interpréter les chiffres (#Da 1:12, #Da 1:20 ; #Da 3:19 ; #Da 9:24-27); comment identifier celui qui est « semblable à un fils de l’homme » (#Da 7:13-14); comment déterminer si 8:19-23 fait allusion à Antiochus Epiphane ou à l’Antéchrist (ou Antichrist) encore à venir; comment expliquer les « soixante-dix semaines » de 9:24-27; comment définir si 11:36-45 continue la description d’Antiochus Epiphane commencée en #Da 11:21-35 ou s’applique au futur Antéchrist. 

 

Plan 

 

 

Plan

 

I. Arrière-plan personnel de Daniel (1:1-21)

 

A. La conquête de Jérusalem (1:1-2)

B. Le choix des Juifs à former (1:3-7)

C. Le courage de quatre hommes dans l’épreuve (1:8-16)

D. Le choix de quatre hommes pour le service du roi (1:17-21)

 

II. Révélation prophétique de la domination païenne (2:1-7:28)

 

A. Le dilemme de Nebucadnetsar (2:1-4:37)

B. La débauche et le décès de Belschatsar (5:1-31)

C. La délivrance de Daniel (6:1-28)

D. Le songe de Daniel (7:1-28)

III. Révélation prophétique de la destinée d’Israël (8:1-12:13)

 

A. Le bélier et le bouc (8:1-27)

B. Les soixante-dix semaines (9:1-27)

C. L’humiliation et la restauration d’Israël (10:1-12:13)

 

 

 

* * * 

 

1:1 

 

troisième année. C’est-à-dire en 606-605 av. J.-C. C’était la « troisième année » selon la manière babylonienne de dater, qui ne prenait pas en compte la première année de règne (celle de l’accession au trône), mais seulement l’année suivante. Par conséquent, cette « troisième année » correspond à la « quatrième » du système de datation juif (cf. #Jér 46:2). 

 

Jojakim. Fils de Josias, il régnait lors du premier sac de Jérusalem par Nebucadnetsar. 

 

Nebucadnetsar. Fils de Nabopolassar, il fut roi de Babylone entre 605 et 562 av. J.-C. 

 

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