JOUR 29 DE 130 : NOUVEAU TESTAMENT

10/09/2018 00:44

JOUR 29 DE 130 : NOUVEAU TESTAMENT

 

LUC 13 ET 14

 

LUC 13 * 1 à 35

1 ¶  En ce même temps, quelques personnes qui se trouvaient là racontaient à Jésus ce qui était arrivé à des Galiléens dont Pilate avait mêlé le sang avec celui de leurs sacrifices.

 

des Galiléens dont Pilate avait mêlé le sang avec celui de leurs sacrifices. Cet incident correspond bien au caractère de Pilate tel que nous le connaissons par ailleurs. De toute évidence, certains adorateurs galiléens qui tombèrent sous la condamnation de Rome-peut-être appartenaient-ils à un groupe de zélotes séditieux - furent recherchés et tués dans le temple par les autorités romaines alors qu’ils offraient un sacrifice. Un tel assassinat constituait un blasphème particulièrement choquant. De tels incidents ne faisaient qu’enflammer la haine des Juifs à l’égard de Rome et menèrent finalement à une rébellion qui déboucha sur la destruction du temple de Jérusalem en l’an 70 apr. J.-C.

 

2  Il leur répondit : Croyez-vous que ces Galiléens fussent de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, parce qu’ils ont souffert de la sorte ?

 

de plus grands pécheurs. Beaucoup croyaient que toutes les catastrophes et toutes les morts soudaines étaient l’expression de la colère divine provoquée par des péchés précis (cf. #Job 4:7). A leurs yeux, ceux qui souffraient de manière inhabituelle devaient forcément être coupables d’une immoralité particulièrement grave (cf. #Jn 9:2).

 

3  Non, je vous le dis. Mais si vous ne vous repentez, vous périrez tous également.

 

si vous ne vous repentez. Jésus ne nie pas l’existence d’un lien entre les catastrophes et le mal commis par les hommes. En effet, la cause originelle de toutes les afflictions est bien la malédiction de l’humanité déchue (#Ge 3:17-19). De plus, des calamités particulières peuvent être le fruit de certaines mauvaises actions spécifiques (#Pr 24:16). Cependant, Christ remet en cause l’idée, assez répandue, qui voudrait que les personnes épargnées par un désastre le soient à cause de leur supériorité morale sur les victimes. Il appelle chacun à la repentance, car personne n’est à l’abri d’une mort soudaine. Personne ne peut être sûr de disposer d’un temps de préparation avant de mourir, c’est pourquoi tous doivent se repentir aujourd’hui (cf. #2Co 6:2).

 

vous périrez tous également. C’était un avertissement prophétique du jugement à venir sur Israël, qui culminerait en 70 avec la destruction catastrophique du temple de Jérusalem et le massacre de milliers d’habitants de la ville par les Romains.

 

4  Ou bien, ces dix-huit personnes sur qui est tombée la tour de Siloé et qu’elle a tuées, croyez-vous qu’elles fussent plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem ?

 

Siloé. Un espace à l’extrémité sud de la ville basse de Jérusalem, où se trouvait une piscine célèbre (cf. #Jn 9:7, #Jn 9:11). De toute évidence, l’une des tours surplombant l’aqueduc s’était effondrée, alors qu’elle était peut-être encore en construction, et avait causé la mort de plusieurs personnes. A nouveau, la question qui occupait l’esprit des gens, c’était celle de la relation entre la catastrophe et les fautes commises (« plus coupables »). Jésus répond qu’un tel désastre ne représente pas un moyen divin de condamner à mort un groupe de personnes particulièrement mauvaises, mais qu’il sert d’avertissement à tous les pécheurs. Le jugement par des catastrophes surviendra finalement sur tous, s’ils ne se repentent pas.

 

5  Non, je vous le dis. Mais si vous ne vous repentez, vous périrez tous également.

6 ¶  Il dit aussi cette parabole : Un homme avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint pour y chercher du fruit, et il n’en trouva point.

 

figuier. Cet arbre est fréquemment employé comme symbole d’Israël. Cependant, la leçon de cette parabole sur l’absence de fruit s’applique autant à la nation dans son ensemble qu’à chacun considéré individuellement.

 

7  Alors il dit au vigneron : Voilà trois ans que je viens chercher du fruit à ce figuier, et je n’en trouve point. Coupe-le: pourquoi occupe-t-il la terre inutilement ?

8  Le vigneron lui répondit : Seigneur, laisse-le encore cette année ; je creuserai tout autour, et j’y mettrai du fumier.

 

laisse-le encore cette année. Ce passage illustre aussi bien l’intercession de Christ que la miséricorde et la patience extrêmes du Père.

 

9  Peut-être à l’avenir donnera-t-il du fruit ; sinon, tu le couperas.

10 ¶  Jésus enseignait dans une des synagogues, le jour du sabbat.

 

le jour du sabbat. Les traditions pharisaïques attachées au sabbat représentaient le thème le plus fréquent de conflits dans le ministère de Jésus. Cf. #Lu 6:5-11 ; #Lu 14:1-5 ; #Mt 12:2-10 ; #Mr 2:23-3:4.

 

11  Et voici, il y avait là une femme possédée d’un esprit qui la rendait infirme depuis dix-huit ans ; elle était courbée, et ne pouvait pas du tout se redresser.

 

un esprit qui la rendait infirme. Ce passage suggère que l’infirmité physique de cette femme, qui l’empêchait de se tenir debout, était causée par un esprit mauvais. Cependant, Christ n’eut pas à s’opposer à un démon et à le chasser, mais il déclara simplement que la femme était délivrée (v. #Lu 13:12). Son cas n’était pas de la même nature que les autres cas de possession démoniaque qu’il avait traités (cf. #Lu 11:14 ).

 

12  Lorsqu’il la vit, Jésus lui adressa la parole, et lui dit : Femme, tu es délivrée de ton infirmité.

 

lui adressa la parole. La femme n’avait pas sollicité la guérison, Jésus lui-même en prit l’initiative (cf. #Lu 7:12-14). Par ailleurs, ni elle ni personne d’autre n’eut à faire preuve d’une foi particulière. Jésus demandait parfois de s’engager dans une démarche de foi, mais cet appel n’intervenait pas toujours (cf. #Lu 8:48 ; #Mr 5:34).

 

13  Et il lui imposa les mains. A l’instant elle se redressa, et glorifia Dieu.

14  Mais le chef de la synagogue, indigné de ce que Jésus avait opéré cette guérison un jour de sabbat, dit à la foule : Il y a six jours pour travailler ; venez donc vous faire guérir ces jours-là, et non pas le jour du sabbat.

 

le chef de la synagogue. Un éminent personnage dont la tâche consistait notamment à présider aux réunions, à s’occuper du bâtiment et à diriger l’enseignement dans la synagogue (cf. #Lu 8:41 ; #Mt 9:18 ; #Mr 5:38).

 

15  Hypocrites ! lui répondit le Seigneur, est-ce que chacun de vous, le jour du sabbat, ne détache pas de la crèche son bœuf ou son âne, pour le mener boire ?

 

détache …  son bœuf. Rien dans l’Ecriture n’interdisait de donner à boire à un bœuf ou de guérir les malades le jour du sabbat. Les traditions pharisaïques relatives au sabbat accordaient en réalité une plus grande valeur aux animaux qu’aux personnes dans le besoin. Elles aboutissaient à une corruption de l’objectif initial de ce jour (#Mr 2:27).

 

16  Et cette femme, qui est une fille d’Abraham, et que Satan tenait liée depuis dix-huit ans, ne fallait-il pas la délivrer de cette chaîne le jour du sabbat ?

 

une fille d’Abraham. C’est-à-dire une Juive.

 

que Satan tenait liée. Les maux physiques et les autres calamités dont Job souffrit étaient aussi infligés par Satan, avec la permission divine. Il semblerait que la souffrance de cette femme n’était pas due à un quelconque mal qu’elle aurait commis, mais qu’elle souffrait afin que la gloire de Dieu puisse se manifester (cf. #Jn 9:3).

 

17  Tandis qu’il parlait ainsi, tous ses adversaires étaient confus, et la foule se réjouissait de toutes les choses glorieuses qu’il faisait.

18 ¶  Il dit encore : A quoi le royaume de Dieu est-il semblable, et à quoi le comparerai-je ?

19  Il est semblable à un grain de sénevé qu’un homme a pris et jeté dans son jardin ; il pousse, devient un arbre, et les oiseaux du ciel habitent dans ses branches.

20  Il dit encore : A quoi comparerai-je le royaume de Dieu ?

21  Il est semblable à du levain qu’une femme a pris et mis dans trois mesures de farine, pour faire lever toute la pâte.

22  Jésus traversait les villes et les villages, enseignant, et faisant route vers Jérusalem.

 

les villes et les villages. Les indications géographiques de Luc demeurent souvent vagues; de toute façon, la plupart des lecteurs auxquels il s’adressait ignoraient certainement la géographie de la Terre sainte. #Mt 19:1 ; #Mr 10:1 et #Jn 10:40 confirment tous que Christ déplaça son ministère dans la région située à l’est du Jourdain et connue sous le nom de Pérée. Ce changement s’opéra vraisemblablement à cet endroit du récit de Luc. Ainsi, les localités que Jésus traversait pouvaient se situer aussi bien en Judée qu’en Pérée.

 

faisant route vers Jérusalem. Durant son ministère en Judée et en Pérée, Christ se rendit à Jérusalem à plus d’une occasion : au moins une fois lors de la fête des Tabernacles (#Jn 7:11-8:59), une autre fois pour la fête de la Dédicace (#Jn 9:1-10:39), enfin lorsqu’il ressuscita Lazare. Luc tenait à mettre en évidence la progression constante de Christ vers Jérusalem, lieu où il devait mourir afin d’accomplir sa mission. C’est la raison pour laquelle il présente ses différents déplacements comme des étapes de ce long voyage.

 

23 ¶  Quelqu’un lui dit : Seigneur, n’y a-t-il que peu de gens qui soient sauvés ? Il leur répondit :

 

n’y a-t-il que peu de gens qui soient sauvés? Plusieurs facteurs ont pu provoquer cette question. Les multitudes qui suivaient Jésus naguère avaient en effet fondu pour ne laisser qu’un reste fidèle (cf. #Jn 6:66). De grandes foules venaient toujours l’écouter (#Lu 14:25), mais les disciples décidés à le suivre se faisaient de plus en plus rares. Par ailleurs, les messages de Christ semblaient faits pour décourager les personnes à la foi tiède. Il avait lui-même affirmé que la porte est si étroite que peu la trouvent (#Mt 7:14). Cet enseignement contredisait d’une manière flagrante la conviction des Juifs selon laquelle ils seraient tous sauvés, exception faite des publicains et d’autres pécheurs notoires. La réponse de Christ souligne une fois de plus la difficulté d’entrer par la porte étroite. Après la résurrection, pas plus de 120 disciples se réunirent dans la chambre haute à Jérusalem (#Ac 1:15), et seulement 500 environ en Galilée (#1Co 15:6).

 

24  Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite. Car, je vous le dis, beaucoup chercheront à entrer, et ne le pourront pas.

 

Efforcez-vous. Ce terme renvoie à une grande lutte face à un conflit. Christ ne suggère pas que l’on pourrait mériter le ciel en faisant des efforts pour y parvenir. Quelle que soit la peine que les pécheurs se donnent pour atteindre cet objectif, ils ne pourront jamais se sauver eux-mêmes. Le salut est uniquement par grâce, non par les œuvres (#Ep 2:8-9). Il est toutefois difficile d’entrer par la porte étroite à cause du coût en termes d’orgueil humain, d’amour naturel du pécheur pour le péché, ainsi qu’en raison de l’opposition conjointe de Satan et du monde à la vérité.

 

beaucoup chercheront à entrer. Lors du jugement, lorsque de nombreuses personnes protesteront et prétendront mériter d’aller au ciel (cf. #Mt 7:21-23).

 

25  Quand le maître de la maison se sera levé et aura fermé la porte, et que vous, étant dehors, vous commencerez à frapper à la porte, en disant : Seigneur, Seigneur, ouvre-nous ! il vous répondra : Je ne sais d’où vous êtes.

 

Je ne sais d’où vous êtes. Cf. #Mt 7:23 ; #Mt 25:12. Il sera clair qu’il n’y a jamais eu de relation entre eux, même si certains ont nourri l’illusion de connaître le propriétaire de la maison (v. #Lu 13:26). En dépit de leurs protestations, il réitérera son refus catégorique (v. #Lu 13:27).

 

26  Alors vous vous mettrez à dire : Nous avons mangé et bu devant toi, et tu as enseigné dans nos rues.

27  Et il répondra : Je vous le dis, je ne sais d’où vous êtes ; retirez-vous de moi, vous tous, ouvriers d’iniquité.

28  C’est là qu’il y aura des pleurs et des grincements de dents, quand vous verrez Abraham, Isaac et Jacob, et tous les prophètes, dans le royaume de Dieu, et que vous serez jetés dehors.

29  Il en viendra de l’orient et de l’occident, du nord et du midi ; et ils se mettront à table dans le royaume de Dieu.

 

Il en viendra. En incluant des personnes venant des quatre coins de la terre, Jésus affirmait clairement que les non-Juifs seraient aussi invités à la table du festin céleste. Cet enseignement était certes contraire à la pensée rabbinique qui prédominait à l’époque, mais il était néanmoins parfaitement conforme à l’A.T. (#Ps 107:3 ; #Esa 66:18-19 ; #Mal 1:11).

 

30  Et voici, il y en a des derniers qui seront les premiers, et des premiers qui seront les derniers.

 

derniers …  premiers …  premiers …  derniers. D’après le contexte, cette parole semble opposer les Juifs (« les premiers ») aux non-Juifs (« les derniers »).

 

31 ¶  Ce même jour, quelques pharisiens vinrent lui dire : Va-t’en, pars d’ici, car Hérode veut te tuer.

 

pars d’ici. Hérode Antipas régnait sur la Galilée et la Pérée. Christ approchait de la Pérée, ou bien il était déjà en train d’y exercer son ministère. Il est fort probable que les pharisiens qui n’étaient pas des amis d’Hérode - avertirent Christ dans leur propre intérêt. Ils espéraient que la menace de violences de la part d’Hérode le réduirait au silence ou, du moins, le ferait retourner en Judée, où le sanhédrin pourrait exercer sa juridiction sur lui.

32  Il leur répondit : Allez, et dites à ce renard : Voici, je chasse les démons et je fais des guérisons aujourd’hui et demain, et le troisième jour j’aurai fini.

 

ce renard. Certains ont suggéré que l’emploi de cette expression par Jésus serait difficilement conciliable avec #Ex 22:28 ; #Ec 10:20 et #Ac 23:5. Cependant, ces vv. s’appliquent à un discours de la vie quotidienne. Les prophètes, qui agissaient en tant que porte-parole de Dieu et sous couvert de son autorité, eurent souvent à reprendre publiquement des gouvernants (cf. #Esa 1:23 ; #Ez 22:27 ; #Os 7:3-7 ; #Sop 3:3). Comme Jésus parlait avec une pleine autorité divine, il avait tout à fait le droit de parler d’Hérode en ces termes. Les écrits rabbiniques faisaient souvent usage du mot « renard » pour désigner une personne qui était en même temps habile et sans valeur. Les pharisiens, qui tremblaient devant le pouvoir d’Hérode, durent certainement s’étonner de la hardiesse manifestée par Christ.

 

aujourd’hui et demain, et le troisième jour. Cela signifie seulement que Christ agissait selon son plan divin préétabli ; il n’est pas ici question de trois jours au sens littéral. Courantes dans les langues sémitiques, les formules comme celle-ci étaient rarement prises dans un sens littéral pour préciser une période de temps spécifique.

 

j’aurai fini. Lorsqu’il aurait accompli son œuvre en mourant à la croix. Cf. #Jn 17:4-5 ; #Jn 19:30 ; #Hé 2:10. Hérode menaçait de le tuer, mais personne ne pouvait le tuer avant que son heure ne soit venue (#Jn 10:17-18).

 

33  Mais il faut que je marche aujourd’hui, demain, et le jour suivant ; car il ne convient pas qu’un prophète périsse hors de Jérusalem.

 

il ne convient pas. Les prophètes qui vécurent le martyre ne furent évidemment pas tous exécutés à Jérusalem. Jean-Baptiste, p. ex., fut probablement décapité dans le palais d’Hérode à Machéronte. Cette expression était certainement un proverbe familier, comme l’adage de #Lu 4:24 et #Mt 13:57. L’affirmation empreinte d’ironie fait remarquer que la plupart des prophètes de l’A.T. souffrirent entre les mains des Juifs, et non de leurs ennemis. En incluant cette parole dans son récit, Luc souligne le thème de cette partie de son Evangile : le voyage inexorable de Jésus vers Jérusalem pour y mourir.

 

34  Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble sa couvée sous ses ailes, et vous ne l’avez pas voulu !

 

Jérusalem, Jérusalem. Ces paroles expriment une grande tendresse, comme l’image d’une poule et de ses poussins le suggère. Cette effusion de compassion divine préfigure la lamentation de Jésus sur Jérusalem, au moment où il s’en approcherait pour la dernière fois (#Lu 19:41). Elle traduit, à n’en pas douter, des émotions sincères et profondes.

 

ai-je voulu …  vous ne l’avez pas voulu. A plus d’une reprise, Jésus fit part de son affliction à cause de l’état de ruine spirituelle dans lequel se trouvait Jérusalem. Le fait qu’il se désolait de cette situation ne diminue en rien sa souveraineté absolue sur tout ce qui arrive. Inversement, la réalité de la souveraineté divine ne peut être invoquée pour mettre en doute la sincérité de sa compassion.

 

35  Voici, votre maison vous sera laissée ; mais, je vous le dis, vous ne me verrez plus, jusqu’à ce que vous disiez : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur !

 

Chez Luc, ce passage est situé bien plus tôt dans le ministère de Christ que le passage parallèle de #Mt 23:37-39 qui relate les paroles de Jésus dans le temple au cours de ses derniers jours à Jérusalem. Les mots employés dans les deux passages sont pourtant quasiment identiques. Ici, Christ délivre prophétiquement le message qu’il prononcera ultérieurement en tant que jugement final.

 

Béni. Citation du #Ps 118:26.

 

 

 

LUC 14 * 1 à 35

1 ¶  Jésus étant entré, un jour de sabbat, dans la maison de l’un des chefs des pharisiens, pour prendre un repas, les pharisiens l’observaient.

 

sabbat. Les guérisons accomplies par Jésus le jour du sabbat sont rapportées plus fréquemment chez Luc que dans n’importe lequel des autres Evangiles. Christ semble avoir délibérément choisi ce jour-là pour accomplir des actes de compassion.

 

l’observaient. Il est clair que les pharisiens invitèrent Jésus à prendre un repas pour des motifs qui n’avaient rien de louable.

 

2  Et voici, un homme hydropique était devant lui.

 

hydropique. L’homme souffrait d’une rétention de liquide dans les tissus et les cavités du corps. Celle-ci est souvent causée par une affection du rein ou du foie, y compris par le cancer.

 

3  Jésus prit la parole, et dit aux docteurs de la loi et aux pharisiens : Est-il permis, ou non, de faire une guérison le jour du sabbat ?

 

docteurs de la loi. C’est-à-dire scribes.

 

Est-il permis. Jésus avait régulièrement défendu le bien-fondé des guérisons le jour du sabbat ; à chaque fois, ses arguments avaient réduit au silence ses opposants (cf. #Lu 6:9-10 ; #Lu 13:14-17). Dans ce passage ainsi qu’en #Lu 6:9, il questionne au préalable les scribes sur la légitimité d’une guérison le jour du sabbat, mais jamais ils ne sont en mesure de justifier valablement pourquoi, selon eux, une telle action est contraire à la loi (cf. v. #Lu 14:6).

 

4  Ils gardèrent le silence. Alors Jésus avança la main sur cet homme, le guérit, et le renvoya.

5  Puis il leur dit : Lequel de vous, si son fils ou son bœuf tombe dans un puits, ne l’en retirera pas aussitôt, le jour du sabbat ?

 

son bœuf. Cf. #Lu 13:15 ; #Mt 12:11-12. Les principes humanitaires élémentaires (sans mentionner les nécessités économiques) leur enseignaient qu’il était juste de manifester de la compassion même à l’égard des animaux le jour du sabbat. Les mêmes principes ne devaient-ils pas s’appliquer à l’égard de personnes dans la souffrance ?

 

6  Et ils ne purent rien répondre à cela.

7 ¶  Il adressa ensuite une parabole aux conviés, en voyant qu’ils choisissaient les premières places ; et il leur dit:

 

les premières places. Les places d’honneur à table. Cf. #Lu 11:43 ; #Mt 23:6.

 

8  Lorsque tu seras invité par quelqu’un à des noces, ne te mets pas à la première place, de peur qu’il n’y ait parmi les invités une personne plus considérable que toi,

9  et que celui qui vous a invités l’un et l’autre ne vienne te dire : Cède la place à cette personne-là. Tu aurais alors la honte d’aller occuper la dernière place.

10  Mais, lorsque tu seras invité, va te mettre à la dernière place, afin que, quand celui qui t’a invité viendra, il te dise : Mon ami, monte plus haut. Alors cela te fera honneur devant tous ceux qui seront à table avec toi.

11  Car quiconque s’élève sera abaissé, et quiconque s’abaisse sera élevé.

 

quiconque s’élève sera abaissé. Jésus prisait les jeux de mots de ce genre, bâtis sur un paradoxe (cf. #Lu 9:24 ; #Lu 13:30 ; #Lu 17:33 ; #Lu 18:14 ; #Mt 23:11-12). Ce commentaire clarifie la signification des vv. 8-10. La leçon de ce passage dans son ensemble se rapproche étroitement de #Pr 25:6-7.

 

12  Il dit aussi à celui qui l’avait invité : Lorsque tu donnes à dîner ou à souper, n’invite pas tes amis, ni tes frères, ni tes parents, ni des voisins riches, de peur qu’ils ne t’invitent à leur tour et qu’on ne te rende la pareille.

 

n’invite pas tes amis, ni tes frères. Il ne s’agit évidemment pas d’une interdiction absolue d’inviter des proches à un repas. Christ emploie une hyperbole semblable au v. 26. De telles figures de style sont utilisées fréquemment dans les langues sémitiques pour mettre une idée en valeur. Ce que ce passage signifie, c’est que le fait d’inviter des amis et des parents ne constitue pas un acte spirituel de véritable générosité. Jésus a peut-être aussi voulu formuler un reproche à l’égard de ceux qui tendaient à limiter leur hospitalité aux « voisins riches » parce qu’ils pouvaient s’attendre à une invitation en retour. Cf. #De 14:28-29.

 

13  Mais, lorsque tu donnes un festin, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles.

14  Et tu seras heureux de ce qu’ils ne peuvent pas te rendre la pareille ; car elle te sera rendue à la résurrection des justes.

 

rendue à la résurrection. Avec un trésor dans le ciel (cf. #Lu 18:22).

 

15 ¶  Un de ceux qui étaient à table, après avoir entendu ces paroles, dit à Jésus: Heureux celui qui prendra son repas dans le royaume de Dieu !

 

celui qui prendra son repas dans le royaume. L’homme pensait certainement comme ses contemporains - que seuls les Juifs seraient invités à la fête au ciel. Il répéta peut-être, sans y réfléchir vraiment, une formule pieuse, ou peut-être prononça-t-il des paroles en l’air. Christ répondit par une parabole où les non-Juifs comptent parmi les invités.

 

16  Et Jésus lui répondit : Un homme donna un grand souper, et il invita beaucoup de gens.

 

un grand repas. Cette parabole est semblable en bien des points à celle de #Mt 22:2-14, et elle enseigne la même leçon. Il s’agit cependant de deux récits distincts, prononcés à des occasions différentes, ce qui explique que certains détails importants divergent.

 

invita beaucoup de gens. Apparemment, personne ne déclina l’invitation. L’homme avait manifestement de bonnes raisons de s’attendre à ce que tous ses invités soient présents.

 

17  A l’heure du souper, il envoya son serviteur dire aux conviés: Venez, car tout est déjà prêt.

 

conviés. Les participants à un mariage, qui pouvait durer jusqu’à une semaine, se voyaient conviés à deux reprises : lors d’une première invitation, ils étaient informés de l’époque approximative de la cérémonie, puis, lorsque les préparatifs étaient terminés, ils étaient avisés du début des festivités. Ils représentent dans ce passage le peuple d’Israël, appelé tout au long de l’A.T. à se préparer à l’arrivée du Messie.

 

18  Mais tous unanimement se mirent à s’excuser. Le premier lui dit : J’ai acheté un champ, et je suis obligé d’aller le voir ; excuse-moi, je te prie.

 

s’excuser. Un manque de sincérité se fait sentir dans toutes les excuses. Personne n’achète un terrain sans l’avoir vu au préalable ; donc, puisque l’achat était déjà conclu, cette affaire ne revêtait aucun caractère urgent. Le terrain serait toujours là après les festivités ! De même (v. #Lu 14:19), personne n’achète de bœufs sans les avoir essayés. L’homme qui venait de se marier (v. #Lu 14:20) était déchargé de certaines tâches, comme des voyages d’affaires ou le service militaire (#De 24:5), mais les jeunes mariés n’avaient aucune raison légitime et valable pour éviter une obligation sociale de ce genre.

 

19  Un autre dit : J’ai acheté cinq paires de bœufs, et je vais les essayer ; excuse-moi, je te prie.

20  Un autre dit : Je viens de me marier, et c’est pourquoi je ne puis aller.

21  Le serviteur, de retour, rapporta ces choses à son maître. Alors le maître de la maison irrité dit à son serviteur : Va promptement dans les places et dans les rues de la ville, et amène ici les pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux.

 

les pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux. Ceux que les pharisiens considéraient volontiers comme impurs ou méprisables. Les chefs religieux condamnèrent Jésus pour avoir côtoyé des prostituées et des publicains (cf. #Lu 5:29-30 ; #Lu 15:1 ; #Mt 9:10-11 ; #Mt 11:19 ; #Mt 21:31-32 ; #Mr 2:15-16).

 

22  Le serviteur dit : Maître, ce que tu as ordonné a été fait, et il y a encore de la place.

 

il y a encore de la place. Dieu est plus désireux de sauver des pécheurs que les pécheurs ne le sont d’être sauvés.

23  Et le maître dit au serviteur: Va dans les chemins et le long des haies, et ceux que tu trouveras, contrains-les d’entrer, afin que ma maison soit remplie.

 

dans les chemins et le long des haies. Cette périphrase désigne clairement des régions habitées par les non-Juifs.

 

contrains-les d’entrer. Non par la force de la violence, mais par celle de la persuasion.

 

24  Car, je vous le dis, aucun de ces hommes qui avaient été invités ne goûtera de mon souper.

 

aucun de ces hommes qui avaient été invités. C’est-à-dire ceux qui avaient refusé l’invitation. Comme il avait rejeté l’invitation, Israël fut exclu du banquet. Le jugement du maître à leur égard scella ainsi leur propre décision. La plupart d’entre eux moururent par jugement divin entre les mains des Romains en l’an 70.

 

25 ¶  De grandes foules faisaient route avec Jésus. Il se retourna, et leur dit:

 

De grandes foules. Christ ne cherchait pas à rassembler des foules qui se plairaient à l’écouter; son but était de former de vrais disciples. Il n’a jamais adapté son message aux goûts de la majorité. Bien au contraire, il a toujours souligné le prix élevé à payer pour être disciple. Il a mis en avant plusieurs exigences sévères dont le propos était de décourager les tièdes.

 

26  Si quelqu’un vient à moi, et s’il ne hait pas son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, et ses sœurs, et même sa propre vie, il ne peut être mon disciple.

 

sans me préférer. Littéralement « et ne hait pas ». Une affirmation similaire en #Mt 10:37 livre la clé pour comprendre ce commandement difficile. La « haine » dont il est question ici est en réalité un amour moins intense. Jésus appelle ses disciples à cultiver un tel dévouement pour lui que leur attachement à toute autre chose y compris leur propre vie - ressemblerait à de la haine en comparaison de cet amour.

 

27  Et quiconque ne porte pas sa croix, et ne me suit pas, ne peut être mon disciple.

 

porte …  sa croix. Il s’agit ici d’un acte volontaire. Cette expression se rapproche de l’idée de haïr sa propre vie au v. 26. cf. #Mr 8:34.

 

28  Car, lequel de vous, s’il veut bâtir une tour, ne s’assied d’abord pour calculer la dépense et voir s’il a de quoi la terminer,

 

calculer la dépense. Les foules accueillaient favorablement les paroles de Jésus, mais elles ne s’engageaient pas pour autant. Loin de leur faciliter une prise de position en sa faveur, Jésus souligne d’abord que le prix à payer par le disciple est le plus élevé qui soit (vv. #Lu 14:26-27, #Lu 14:33), puis il les encourage à évaluer sérieusement les coûts de cet engagement avant de prendre la décision de le suivre. Cf. #Lu 9:57-62.

 

29  de peur qu’après avoir posé les fondements, il ne puisse l’achever, et que tous ceux qui le verront ne se mettent à le railler,

30  en disant : Cet homme a commencé à bâtir, et il n’a pu achever ?

31  Ou quel roi, s’il va faire la guerre à un autre roi, ne s’assied d’abord pour examiner s’il peut, avec dix mille hommes, marcher à la rencontre de celui qui vient l’attaquer avec vingt mille ?

32  S’il ne le peut, tandis que cet autre roi est encore loin, il lui envoie une ambassade pour demander la paix.

33  Ainsi donc, quiconque d’entre vous ne renonce pas à tout ce qu’il possède ne peut être mon disciple.

 

renonce …  à tout. Seules les personnes désireuses d’évaluer soigneusement le prix d’une vie de disciple (vv. #Lu 14:28-32) et d’investir tout ce qu’elles possèdent dans le royaume de Jésus sont dignes d’y entrer. Il est ici question de bien plus que d’un simple renoncement à des biens matériels : il s’agit d’un abandon complet et inconditionnel. Les disciples n’ont droit à aucun privilège ni aucune exigence. Ils ne sont autorisés à conserver aucun « péché mignon » ni à chérir aucune possession terrestre. Aucune indulgence secrète ne leur est permise. Leur engagement pour Christ doit être entier et sans aucune réserve.

 

34  Le sel est une bonne chose ; mais si le sel perd sa saveur, avec quoi l’assaisonnera-t-on ?

 

Le sel est une bonne chose. Christ employa la même image lors de trois occasions différentes au moins durant son ministère.

 

35  Il n’est bon ni pour la terre, ni pour le fumier ; on le jette dehors. Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.

 

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