LA TENTATION

06/10/2013 09:48

LA TENTATION

 

Tentation, hébreu massah, grec peirasmos. Incitation à pécher. La tentation nous assaille, d’une part, de l’extérieur : Satan le Tentateur, cherche constamment à nous pousser au mal (#Mt 4:3 ; #1Co 7:5 ; #2Co 11:3 ; #1Th 3:5) ; le monde aussi nous attire, par tout ce qui peut nous éloigner de Dieu (#1Jn 2:15-17). Mais, d’autre part, la source la plus redoutable de tentation est notre propre chair : « Chacun est tenté quand il est attiré et amorcé par sa propre convoitise » (#Ja 1:14). Ainsi, ce n’est pas Dieu qui nous tente (#Ja 1:13) mais, nous ayant créés libres et doués de volonté, il permet que, par la tentation, nous soyons placés devant un choix. En fait, toutes les créatures conscientes sont de la sorte appelées à faire usage de leur volonté : les anges (#Jude 1:6 ; #2P 2:4), Adam et Ève (#Ge 3), Christ lui-même en tant que Fils de l’homme (#Hé 4:15), les sujets du millénium qui, jusque près de la fin de cette période, auront été à l’abri du Tentateur (#Ap 20:3,8). Cependant le Seigneur est fidèle : il ne permet jamais que nous soyons tentés au-delà de nos forces. Avec la tentation, il prépare le moyen d’en sortir, afin que nous puissions la supporter (#1Co 10:13). En vue de la grande période de tentation qui vient sur le monde, il fait une promesse toute spéciale (#Ap 3:10). Christ s’est incarné, précisément pour pouvoir secourir ceux qui sont tentés (#Hé 2:18) et leur montrer à quel point il compatit à leurs faiblesses (#Hé 4:15). Notre nature est si peu forte que nous devons veiller et prier, de peur de tomber dans la tentation (#Mt 26:41 ; cf. #Lu 8:13).

      L’homme peut lui-même « tenter Dieu ». Que veut dire cette expression, puisque, par définition, Dieu ne peut commettre aucun mal ? Les nombreux exemples de l’Ancien Testament montrent qu’en fait c’est provoquer le Seigneur, le défier, vouloir en quelque sorte l’obliger à agir d’une manière qui n’était pas selon sa volonté. Constamment, les Israélites tentèrent Dieu dans le désert : par leurs murmures et leurs réclamations, par leur manière de dire « Si Dieu est au milieu de nous, qu’il le montre » (#Ex 17:2,7 ; #Ps 78:18-19,40-41), par leur révolte en refusant d’entrer dans la Terre Promise (#No 14:22,27,34). Dans sa colère, l’Éternel jura qu’ils n’entreraient pas dans son repos (#Hé 3:7-11). Il est évident qu’aujourd’hui encore nous pouvons tenter Dieu, comme Ananias et Saphira par exemple (#Ac 5:9), comme les chrétiens qui voulaient exiger l’impossible des païens convertis (#Ac 15:10). Paul écrit expressément : « Ne

tentons point le Seigneur » par les mauvais désirs et les impatiences qu’avaient déjà les anciens Israélites (#1Co 10:9 ; #No 21:4). L’ordre est formel, et il se comprend de lui-même : « Vous ne tenterez point l’Éternel votre Dieu » (#De 6:16). Voir Oraison dominicale.

      Ne nous induis pas en tentation.

      Les traductions de cette 6e demande sont très variées : ne nous induis pas en tentation (mais #Ja 1:13 nous dit que Dieu ne tente personne), ne nous soumets pas à la tentation (version œcuméniques) « de compromis entre les traductions catholiques et protestantes » « la plus éloignée du texte » (A. Maillot), ne nous laisse pas tomber dans la tentation (SYNODALE) : avec les deux sens possibles de l’expression : si nous sommes tentés ne nous laisse pas tomber, c’est-à-dire ne nous abandonne pas, et : ne permets pas que nous chutions lorsque nous sommes tentés. Mais #1Co 10:13 répond à cette crainte. D’où la traduction catholique : ne nous laisse pas succomber à la tentation. Le mot traduit par tentation désigne aussi l’épreuve, ne nous fais pas traverser l’épreuve. Dieu a soumis des hommes à l’épreuve (#Ge 22:1 ; #Job 1:12; 2:3-6 ; #Hé 11:17), il a mis tout son peuple à l’épreuve (#Ex 15:25; 16:4; 20:20 ; #De 8:2; 13:4 ; #Jug 2:22; 3:1,4). L’épreuve permet de tester la qualité d’une chose ou d’une personne (l’or est éprouvé par le feu, #1P 1:7, ainsi en est-il de la foi). C’est pourquoi Jacques nous dit de considérer les diverses épreuves « comme un sujet de joie parfaite » (#Ja 1:2) : comme l’or sort purifié du creuset, ainsi la foi éprouvée produit la patience. Alors pourquoi devons-nous demander à Dieu de ne pas nous soumettre à l’épreuve ? Le verbe eispherô qui signifie littéralement : porter dans (voir #Hé 13:11), introduire (#Lu 5:18-19), est utilisé par la Septante pour : faire entrer, introduire au pouvoir de …  On peut citer comme parallèle une prière juive du Talmud : « Ne me fais pas entrer au pouvoir du péché ni au pouvoir de la tentation » (Berakot B 60b). Le diable veut utiliser l’épreuve pour nous soumettre à son pouvoir (#Mt 4:1-11 ; #1Co 7:5 ; #1Th 3:5 ; #1P 5:9 ; #Ap 2:10). Reconnaissant notre fragilité et notre faiblesse, nous demandons à Dieu son aide au moment de la tentation. C’est l’attitude contraire à celle de Pierre (#Mt 26:33). La vigilance et la prière peuvent nous garder au moment crucial. « Veillez et priez afin de ne pas

entrer en tentation » (#Mr 14:38) traduit d’après le sens de la phrase en araméen : Restez vigilants et priez afin que vous ne succombiez pas à la tentation (F. F. Bruce). D’où le sens : Ne permets pas que nous échouions à l’épreuve (de notre foi), c’est-à-dire accorde-nous de sortir vainqueur de l’épreuve. Enfin, on a fait remarquer que l’hébreu et l’araméen traduits littéralement ont parfois une nuance causative qu’il faudrait rendre dans nos langues par une forme passive : « ne fais pas » devient « ne laisse pas faire ». Ainsi la traduction littérale de #Ps 141:4 « N’incline pas mon cœur au mal » (COLOMBE) est traduit dans la New International Version : « Ne permets pas que mon cœur soit attiré par ce qui est mal ». Dieu n’inclinera certainement pas notre cœur vers le mal, mais nous pouvons le faire. D’où les traductions « Ne nous laisse pas entrer en tentation » (Osty), « fais que nous n’entrions pas dans la tentation » (J. Cormignac), « ne permets pas que nous nous exposions à la tentation ». Cette interprétation rejoint les prières juives citées plus haut qui continuent ainsi : « Que le bon penchant domine sur moi et que le mauvais penchant ne domine pas sur moi. Protège-moi d’une mauvaise rencontre …  Que nous soyons délivrés de l’instinct mauvais …  et du Satan destructeur » (Berakot B 16b, 60b). Jésus aussi rattache à cette demande : arrache-nous au Malin ou mieux comme traduit la T.O.B. : au Tentateur (pour éviter le sens particulier  —  et plutôt favorable  —  de malin en français). Luther a expliqué cette demande dans ce sens : « Nous te supplions, Père de miséricorde, de nous aider à ne pas nous plonger nous-mêmes dans la tentation, à ne pas y donner notre assentiment, de peur qu’en succombant, nous ne tombions sous le pouvoir du mal. Car quiconque par sa volonté se rend complice de la tentation, pèche et devient l’esclave du péché. » (#Ro 6:16) …  Père, ne permets pas que ma volonté fléchisse, ne me laisse pas succomber. « Heureux qui manie cette arme à propos » (Explication de l’oraison dominicale, Neuchâtel, 1844, pages 94-95). Une solution, à mi-chemin entre « Ne nous laisse pas succomber à la tentation » et « Ne permets pas que nous nous y exposions volontairement » serait : « Ne nous laisse pas céder à la tentation ».

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