Le Nouveau Testament

29/12/2013 19:44

Le Nouveau Testament

Introduction

       Au cœur du Nouveau Testament : Jésus-Christ. Pas une page, ou presque, qui ne se réfère à lui.

       Pas une seule lettre de lui, cependant. Jésus n’a pas laissé d’écrit.

       L’essentiel de ce que nous savons sur Jésus et sur le christianisme primitif, nous le savons par le Nouveau Testament. C’est là que sont rassemblés les plus anciens témoignages sur l’un comme sur l’autre. D’où une difficulté permanente pour les historiens qui veulent reconstruire séparément une « vie de Jésus » et une « histoire du christianisme primitif » : les premiers écrits sur Jésus étant des écrits chrétiens, toute distinction comporte fatalement une part d’arbitraire.

       Certes, le Nouveau Testament commence par les évangiles, qui racontent une histoire de Jésus. Mais si ces évangiles sont et restent quatre, en dépit de tous les efforts fournis pour les simplifier en un seul récit (depuis le Diatessarôn de Tatien, au IIe siècle, jusqu’aux « harmonies des évangiles » des Bibles protestantes populaires du XXe siècle), c’est qu’ils ne racontent pas exactement la même histoire. Ce qui s’explique en partie par le fait qu’ils ont vu le jour au sein de différentes communautés (voir l’introduction aux évangiles, p. 1229, et le tableau synoptique, p. 1231).

       En fait, les plus anciens écrits du Nouveau Testament ne sont pas les évangiles, mais certaines épîtres de Paul (1 Thessaloniciens à coup sûr, Galates probablement). Ce sont donc, et le fait est significatif, des lettres de circonstance adressées à des communautés chrétiennes particulières, qui n’ont pas pour objet de raconter la vie et les paroles de Jésus, réputées suffisamment connues des lecteurs, mais de tirer des conséquences pratiques autant que théoriques de l’identité chrétienne : que signifie, en telle ou telle situation, croire en Jésus-Christ, le crucifié ressuscité, le reconnaître comme Seigneur et Sauveur ?

      Bien sûr, en amont des textes du Nouveau Testament, il y a de la parole. La parole de Jésus tout d’abord, qui rassemble des disciples. La parole sur Jésus ensuite, qui transmet son enseignement mais raconte aussi ses gestes, ses miracles, sa mort et sa résurrection. Parole juive à l’origine, quoique n’émanant pas de Jérusalem, le centre symbolique du judaïsme, -Jésus est Galiléen et la plupart de ses premiers disciples aussi-elle déborde très vite le judaïsme pour gagner des non-Juifs : à peine vingt ans après la mort de Jésus selon toute vraisemblance, les Eglises de Thessalonique et de Galatie sont déjà des communautés essentiellement non juives.

       La naissance et les premières années du christianisme restent en grande partie mystérieuses. Mais sa large propagation, avant même que soient rédigés les premiers textes du Nouveau Testament, a été rendue possible par un certain nombre de facteurs parfaitement identifiables. Ces facteurs expliquent aussi comment, contrairement à l’Ancien Testament, qui s’est constitué sur plusieurs siècles mais dans une région bien précise du monde, les textes du Nouveau Testament vont être écrits en moins d’un siècle, mais dans des lieux très éloignés les uns des autres, pour être par la suite réunis en un seul recueil.

Un contexte culturel unique

       Au premier siècle ap. J.-C., il n’y a plus guère de frontières entre le pays des Juifs (conquis dès 63 av. J.-C.) et le reste de l’Empire romain. Les personnes et les idées circulent librement. Dans tout l’Orient on parle la koïnè (la langue commune), le grec qui s’est répandu dans tout l’ancien empire d’Alexandre le Grand. Ce sera la langue de la plupart des premières communautés chrétiennes et celle du Nouveau Testament (voir le tableau « Les langues de la Bible : transcription et traduction », p. 8). Cette langue est depuis plusieurs siècles commune, notamment, aux Juifs dispersés dans tout l’Empire, qui lisent la Bible grecque des Septante (LXX* ; voir aussi l’introduction à l’Ancien Testament, p. 15), et aux différents peuples qui les entourent. Face au déclin des mythologies et des cultes ancestraux de l’Antiquité gréco-romaine, le judaïsme, religion reconnue par l’Empire, est respecté par de nombreux non-Juifs. Certains, les prosélytes, se convertissent en se faisant circoncire ; beaucoup d’autres restent de simples sympathisants que le judaïsme appelle des « craignant Dieu » ({==> NBS_Notes "Ac 10:2"}). Ces derniers seront, sans aucun doute, parmi les destinataires privilégiés du message chrétien porté par des Juifs comme Paul, qui, au nom de Jésus, ouvre tout grand aux non-Juifs l’héritage spirituel d’Israël.

      Cette « évangélisation », cependant, ne s’arrêtera pas aux franges du judaïsme. En effet, un message capable de surmonter la séparation entre Juif et Grec pouvait aussi remettre en question bien d’autres clivages, notamment ceux, si enracinés dans la société antique, qui séparaient hommes et femmes, esclaves et hommes libres (#Ga 3:28). Du coup, il n’est pas étonnant de trouver dans les Eglises primitives non seulement des gens instruits, sensibles aux débats théologiques sur l’Ecriture juive, mais aussi des hommes et des femmes simples et sans instruction qui pouvaient vivre là, « dans le Christ », une expérience communautaire sans précédent. Et il n’est guère plus surprenant de voir Paul, l’apôtre de la transgression des frontières, se muer à l’occasion en défenseur de l’ordre et des repères traditionnels face à de telles communautés composites, quand le message libérateur de l’Evangile tendait à les rendre difficilement contrôlables (cf. #1Co 5:1-11:@).

       Si pareille ouverture a pu venir du judaïsme, avant de s’étendre bien au-delà, c’est que celui-ci était au premier siècle une réalité beaucoup plus complexe que ne pourrait le laisser croire sa relative unité ultérieure.

       Dans l’ensemble de l’Empire, la relation entre judaïsme et hellénisme n’est pas à sens unique. Ainsi Philon* d’Alexandrie, un Juif contemporain de Paul et comme lui lecteur de la Septante, recourt à une interprétation allégorique de la Bible, susceptible de la rendre recevable pour le monde grec. Cette interprétation tend à rendre compte des spécificités juives dans des catégories universelles, mettant les éléments rituels par lesquels les Juifs se distinguaient des non-Juifs (ce qui concerne le temple*, les sacrifices*, les prescriptions de pureté* domestique et surtout alimentaire) au service de l’enseignement spirituel et de l’exhortation morale qui s’appliquent à tous sans discrimination. Flavius Josèphe*, autre lecteur de la Septante, n’hésite pas à mener une comparaison suivie entre les courants du judaïsme de son temps et les écoles de la philosophie grecque. Manifestement, la culture grecque fascine les Juifs de langue grecque.

       Dans le pays d’Israël lui-même, outre les débats politico-religieux entre pharisiens* et sadducéens*, Jérusalémites et Samaritains*, dont les évangiles et les Actes des Apôtres se font quelquefois l’écho, il faut mentionner l’étonnante proximité entre certains textes retrouvés à Qumrân*, près de la mer Morte, et plusieurs passages du Nouveau Testament, notamment le message de Jean le Baptiseur. D’autres écrits du courant apocalyptique (voir les introductions à l’Ancien Testament, p. 19, et à Daniel, p. 1092) présentent aussi des similitudes frappantes avec certains textes chrétiens. Ils exacerbent l’attente d’une fin de l’histoire humaine, marquée par une intervention ultime de Dieu. La figure du Messie (en hébreu Mashiah, « l’oint » ; en grec Khristos) est au cœur de cette espérance : Roi, Prophète* ou Grand Prêtre* ultime, c’est lui qui doit combler les attentes du peuple élu (cf. {==> NBS_Notes "Mt 1:16"}). Les notes de la présente édition indiqueront de nombreux rapprochements possibles entre les textes du Nouveau Testament et la littérature juive contemporaine.

Rome et les Romains

       Selon la légende, Rome a été fondée en l’an 753 av. J.-C. par Remus et Romulus, les jumeaux semi-divins recueillis et allaités par une louve ; celle-ci restera l’emblème de la ville. Le dernier roi étrusque, Tarquin, en a été expulsé en 509, et Rome est alors devenue une république. En fait l’organisation politique de la cité a subi des modifications sensibles à mesure qu’évoluait le rapport de force entre les différentes classes de citoyens, les couches populaires (la plèbe) n’ayant acquis que peu à peu le droit de participer à la vie publique tout d’abord réservée à l’aristocratie (les patriciens).

       Dans le même temps, la zone d’influence de la ville s’élargit. En 206 av. J.-C., Rome est maîtresse de l’Italie entière et peut consacrer toutes ses forces à la guerre contre sa grande rivale phénicienne, Carthage, en Afrique du Nord (guerres puniques). Celle-ci est détruite en 146 av. J.-C., et Rome peut étendre librement sa domination dans le monde méditerranéen.

       Peu à peu les Romains se rendent maîtres des restes morcelés et affaiblis de l’empire grec (voir « La Grèce et les Grecs », p. 1104). Corinthe tombe en 146 av. J.-C., Athènes en 86. Au Ier siècle av. J.-C., Pompée s’empare de la Syrie et de la Palestine (il prend Jérusalem en 63), et Jules César conquiert la Gaule. Mais la rivalité des généraux victorieux aura raison de l’idéal républicain de la cité. Après une période de troubles, en 27 av. J.-C., Octave se fait conférer le titre d’Auguste, appellation à la connotation religieuse certaine mais mal définie ({==> NBS_Notes "Lu 2:1"}; {==> NBS_Notes "Ac 25:21"}; cf. #Ap 13:1), et devient le premier chef de l’Empire : le nom d’imperator (« empereur ») le place nettement au-dessus des autres généraux, et ses pouvoirs propres s’affermissent face à ceux du Sénat. Les guerres de conquête, au reste, sont terminées. La pax romana (paix romaine) qui s’instaure sera une ère de prospérité, où l’on pourra voyager en sécurité dans une grande partie du monde connu. C’est pendant le règne d’Auguste que naîtra Jésus (cf. #Lu 2:1).

       Les Romains se distinguent par leur remarquable sens administratif et juridique, qui leur a permis de maintenir longtemps la cohésion de leur vaste empire. Ils excellent dans la rhétorique (Cicéron, Quintilien ; voir l’introduction à l’épître aux Galates, p. 1536). Ils intègrent volontiers la culture grecque, qu’ils admirent et qu’ils ne peuvent guère songer à surpasser : la langue et la mentalité grecques resteront longtemps en vigueur sous l’Empire romain. Sans jamais se dégager tout à fait de l’ombre des Grecs, Rome comptera quelques talents philosophiques (Cicéron encore, et Sénèque). Elle brillera dans l’historiographie (Tite-Live, Tacite), et surtout dans une littérature raffinée, notamment en poésie (Lucrèce, Virgile, Horace, Ovide). C’est du latin, langue des Romains, que dérive principalement la langue française.

       Les Romains ont laissé dans tout leur empire de multiples traces de leur savoir-faire : aqueducs, systèmes de canalisation et de chauffage central, bains, amphithéâtres, mais aussi des milliers de kilomètres de routes, qui ont permis entre autres choses l’expansion rapide du christianisme : les voyages de Paul, dans les Actes des apôtres, sont rendus possibles par les infrastructures romaines. Pour les peuples qu’ils gouvernent les Romains représentent la loi et l’ordre, un gouvernement stable, et d’utiles édifices publics (bâtiments administratifs, marchés, bains et stades).

       Rome elle-même, au Ier siècle apr. J.-C., est une ville prospère. Les gens aisés vivent dans de grandes maisons, ornées de colonnes de marbre ; les sols sont richement décorés de mosaïques, et les murs de fresques. Les loisirs (bains, jeux du cirque et autres) occupent une grande partie de leur vie. Leurs enfants, même les filles, vont à l’école. Evidemment, le sort des pauvres est beaucoup moins enviable : ils habitent, dans des maisons à étages, des appartements souvent insalubres.

       Quoi qu’il en soit, Rome, nouveau centre du monde, fascine le monde entier, y compris les chrétiens. C’est vers elle que tend l’effort missionnaire de Paul. C’est ce qui apparaît clairement dans l’épître aux Romains, où l’apôtre, s’adressant à une communauté qu’il n’a pas fondée, déploie son sens rhétorique pour présenter sa théologie dans des formes quasi juridiques, et où il insiste sur la soumission à l’autorité politique (cf. #Ro 13:1). C’est aussi le même désir qui sous-tend le livre tout entier des Actes des apôtres où régulièrement, de Jérusalem à Rome, les chrétiens se distinguent en bien des Juifs aux yeux des officiers romains.

       Plusieurs récits du Nouveau Testament mentionnent les soldats de l’Empire (#Mt 27:27, 62; Ac 21:26) ; leurs officiers, en particulier les centurions, y sont toujours décrits favorablement (#Mt 8:5-13; Mt 27:54//; #Ac 10:27; Ac 27:1, 42). La plupart des soldats romains étaient des volontaires. Ils s’engageaient pour vingt ans. Les villes de garnison de la légion romaine devenaient souvent des colonies, comme Philippes, dont les habitants jouissaient d’un statut comparable à celui des citoyens de Rome (cf. {==> NBS_Notes "Ac 16:12"}; {==> NBS_Notes "Ph 1:27"}). Selon les Actes des apôtres, Paul était citoyen romain, et il a fait valoir les droits qui découlaient de ce statut (#Ac 16:37). Il a utilisé les recours juridiques de l’Empire romain, jusqu’à l’empereur lui-même, face au système juridique juif (#Ac 25:11; Ac 27:1-28:@).

       Cependant certains milieux chrétiens, à l’instar des courants nationalistes juifs, se montrent beaucoup plus critiques à l’égard de Rome. Le conflit apparaît clairement dans l’Apocalypse de Jean, si du moins on admet que c’est bien Rome qui y est désignée sous le nom de Babylone ({==> NBS_Notes "Ap 14:8"}; cf. {==> NBS_Notes "1P 5:13"}). De fait, dès que les chrétiens commencent à se distinguer des Juifs, dont la religion est reconnue et autorisée par les Romains, leur refus de participer aux cultes traditionnels de Rome, et particulièrement au culte de l’empereur qui prend beaucoup d’importance en Asie, devient suspect. De là, principalement, les vagues de persécutions locales ou généralisées qui s’abattent à maintes reprises sur les chrétiens (cf. {==> NBS_Notes "Ap 13:1"}ss ; {==> NBS_Notes "Ap 17:9"}, {==> NBS_Notes "Ap 17:10"}).

       Il faudra moins de trois siècles pour que le christianisme passe du statut de « superstition » obscure, méprisée ou persécutée par l’Empire et ses représentants, à celui de religion officielle de l’Empire romain finissant. Le morcellement et la fin de l’Empire romain se confondent avec l’histoire de l’Eglise et de la chrétienté.

 

La diversité du Nouveau Testament

       Une diversité comparable, démultipliée par l’ouverture aux non-Juifs bien que canalisée par une foi commune en Jésus-Christ, va se retrouver dans les premières communautés chrétiennes. Le Nouveau Testament en porte les traces, comme en témoigne une analyse de quelques-uns de ses lieux de débats privilégiés autour de la foi en Jésus-Christ.

       Sur le plan éthique, Jésus-Christ marque-t-il la fin de la loi, libérant les siens pour une éthique responsable, mais non plus sacrée (#Ga 3 ; #Ga 5 ; voir aussi #Lu 19:1 ; #Ro 7:1 ; #Ro 8:1 ; #Ro 10:2 ; #2Co 5:16 ; #Ep 2:8) ? Ou bien sauve-t-il en radicalisant la loi, dont l’exigence portée jusqu’à l’amour finit par être libératrice (#Mt 5:17, 43 ; #Mt 7:1 ; #Ja 2:12 ; cf. #Jn 13:34 ; #1Jn 5:2) ?

       Sur le plan temporel, est-ce de l’avenir, conçu à la façon apocalyptique, qu’il faut attendre l’accomplissement de la foi en Jésus-Christ-et jusqu’à quand (#1Th 4:15-5:5 ; cf. #Mr 13:24// ; #Ph 3:20 ; #2P 3:3) ? Ou bien est-ce dans une relation spirituelle présente, individuelle ou communautaire, avec le Christ ressuscité (#Jn 5:24 ; #Jn 6:54 ; #Jn 14:17-23 ; #Jn 17:3 ; cf. #Col 3:1) ?

       Autres questions susceptibles de réponses diverses : Comment Jésus-Christ, ce « nouveau venu », et la foi qu’il détermine, s’insèrent-ils dans une histoire humaine et divine déjà vieille (#Ac 13:17-33 ; cf. #Mt 1:21 ; #Jn 1:1 ; #Ro 11:32 ; #1Co 10:11 ; #Ep 1:4 ; #Hé 1:1 ; #1P 1:10) ? Quel rapport entretient-il avec les institutions qui, très vite, structurent les communautés chrétiennes (#Mt 10:1 ; #Mt 16:18 ; #Lu 10:1-20 ; #Ac 1:1-2:@ ; #Ac 4:32 ; #Ac 16:4 ; #Ro 12:3 ; #Ep 2:20 ; #1Ti 3:15 ; #Tit 1:5 ; #1Jn 2:27) ?

       Ces questions, brûlantes pour les premiers chrétiens, le sont peut-être davantage encore pour nous, leurs héritiers, vingt siècles plus tard. Bien que chaque Eglise ait constitué sur chacune d’entre elles-et bien d’autres-sa synthèse traditionnelle (sa « dogmatique »), c’est en les affrontant à nouveau comme de vraies questions, c’est-à-dire comme des questions ouvertes, que nous pouvons (re-)devenir sensibles aux enjeux du Nouveau Testament.

Les formes littéraires du Nouveau Testament

      La diversité du Nouveau Testament s’exprime aussi dans ses formes littéraires. Y dominent, depuis le début jusqu’à la fin de sa période de rédaction, les épîtres ou lettres, qui répondent bien aux besoins de cette époque de communication tous azimuts. Elles présentent généralement une structure commune, déterminée par les usages épistolaires et par l’art de la rhétorique (voir l’introduction à l’épître aux Galates). Les textes qui font exception, comme celui qu’on a coutume d’appeler l’épître aux Hébreux, étaient peut-être à l’origine des sermons ou des traités plutôt que des épîtres. Mais il est vrai que par leur contenu les épîtres proprement dites varient elles-mêmes considérablement : elles peuvent aborder des problèmes pratiques (#1Co 16 ; #2Co 8:1-9:@), voire personnels (Phm), comme les plus théoriques (#Ro 1:1-11:@). De là une difficulté et un intérêt à première vue inégaux, pour nous qui ne sommes pas leurs premiers destinataires.

       La narration fournit l’essentiel des « évangiles », récits de la vie, de la mort et de la résurrection de Jésus (voir l’introduction aux évangiles, p. 1229), mais aussi, sur un mode qui rappelle les œuvres des historiens de l’Antiquité, celui des Actes des Apôtres, qui constituent la suite de l’Evangile selon Luc. En rapportant les paroles et les gestes de Jésus et de ses disciples qui, remplis de son Esprit, le représentent, ces textes fondent, unissent, édifient et instruisent les communautés chrétiennes. Ils fixent aussi leur mémoire, en couchant par écrit de nombreuses histoires qui, jusque-là, avaient dû circuler oralement.

       L’apocalypse enfin constitue un genre original. On la trouve évidemment dans l’Apocalypse de Jean (voir l’introduction à ce livre), mais aussi dans certains passages des épîtres (cf. #1Th 4:15-5:5) et des récits (#Mr 13//). Héritière du genre apocalyptique inauguré dans l’Ancien Testament (voir les introductions à l’Ancien Testament et à Daniel), qui s’était largement développé dans le judaïsme du premier siècle, l’apocalypse chrétienne s’efforcera, selon des codes analogues, de « révéler » (« apocalypse » =«  révélation ») en Jésus-Christ l’aboutissement et le jugement de l’histoire.

       Dans différents livres du Nouveau Testament on trouve quelques morceaux poétiques, que la mise en pages de la présente édition met en évidence (p. ex. #Jn 1:1-18 ; #Ph 2:6-11 ; #Ap 5:9-10). On y a souvent vu des morceaux liturgiques, peut-être des extraits d’hymnes, provenant des communautés chrétiennes primitives.

      On remarquera aussi des centaines de citations, presque exclusivement de textes de l’Ancien Testament, souvent selon la Septante (voir l’introduction à l’Ancien Testament, p. 15) : c’est la Bible de la plupart des premiers chrétiens, leur principal ouvrage de référence. Outre les citations proprement dites, imprimées en italiques, de nombreuses autres allusions sont repérables à partir des indications données en note. Il apparaît que, dans bien des cas, le sens que les premiers chrétiens donnent aux textes qu’ils citent n’est pas, spontanément, celui que nous leur donnerions dans leur contexte originel. Parfois la différence s’explique par le décalage entre le texte hébreu que nous connaissons et la Septante. Parfois elle suppose une interprétation-et dans certains cas une traduction-originale, conforme à la lecture nouvelle qu’inspire la foi chrétienne. Par exemple, si Matthieu (#Mt 2:15) applique à Jésus un texte d’Osée (#Os 11:1) qui désigne Israël comme fils de Dieu, c’est sans aucun doute que, pour lui, l’histoire de Jésus récapitule et symbolise l’histoire d’Israël. Tout porte à croire, en outre, qu’un certain nombre de citations n’ont pas été extraites d’une Bible complète, où le texte aurait été trouvé dans son contexte originel, mais de florilèges habituellement appelés testimonia (« témoignages », ou « attestations ») : listes d’extraits préalablement constituées autour de tel ou tel thème, notamment pour défendre la foi chrétienne face au judaïsme. Cela expliquerait la préférence marquée de plusieurs auteurs pour certains textes ou certaines associations de textes (comparer #Mr 12:10// et #1P 2:4, et les notes).

Christianisme et judaïsme

       Si la pensée chrétienne a pu se mouvoir un temps au sein d’un judaïsme multiforme, son ouverture aux non-Juifs allait vite poser problème. On comprend que les enjeux de la circoncision, qui marquait la frontière entre Juif et non-Juif, aient suscité de sérieux débats parmi les chrétiens juifs (cf. #Ac 15 ; Ga). Les choses deviendront plus difficiles encore après la destruction du temple de Jérusalem par les Romains (70 ap. J.-C.), qui fait perdre au judaïsme son centre symbolique. C’est désormais la tendance pharisienne, axée sur l’application privée de la loi par les fidèles et le culte de la synagogue, qui l’emporte sur tous les autres courants, à tel point que ceux-ci finissent par disparaître.

      Les chrétiens qui s’identifient encore peu ou prou au judaïsme vont faire les frais de cette reprise en main. Certains textes du Nouveau Testament reflètent les décisions prises à leur encontre par les autorités des synagogues (#Mt 10:17 ; #Mt 23:34 ; #Jn 9:22 ; #Jn 16:2). La rupture officielle entre judaïsme et christianisme allait mettre les chrétiens en mauvaise posture, dans la mesure où le judaïsme seul était reconnu comme religion (religio licita) par l’Empire romain. Le christianisme allait devoir désormais assumer sans statut juridique adéquat tout le poids de sa marginalité (notamment son refus, admis des Juifs mais pas des autres, de participer au culte de l’empereur, en particulier dans la partie orientale de l’Empire où ce culte était florissant ; cf. #Ga 5:11 ; #Ga 6:12). De fait, à partir de Néron (54-68 ap. J.-C.), des persécutions sporadiques, et parfois violentes, s’abattent sur les chrétiens. C’est dans ce contexte qu’il faut replacer une bonne partie des accusations que le Nouveau Testament lance contre « les Juifs », sans oublier que leurs auteurs, le plus souvent, sont eux-mêmes juifs (c’est le cas pour Paul en #1Th 2:14). On a souvent remarqué que l’Evangile selon Luc et les Actes des Apôtres, tout particulièrement, développent une stratégie de communication susceptible de justifier les chrétiens-mais aussi de charger les juifs-aux yeux de l’autorité romaine (ainsi les discours aux détenteurs du pouvoir en #Ac 23:1-26:@) ; à l’inverse l’Apocalypse de Jean, comme les apocalypses juives, stigmatise violemment le pouvoir romain (cf. #Ap 17 où, selon toute vraisemblance, « Babylone » n’est autre que Rome).

       Il est évidemment lamentable, et inexcusable, que les textes « antijudaïques » du Nouveau Testament aient, des siècles plus tard et dans un tout autre contexte, nourri l’antisémitisme racial d’un christianisme qui avait perdu de vue la part juive de son héritage en devenant chrétienté. On pourrait, d’ailleurs, tout aussi bien regretter qu’une lecture superficielle de l’Ancien Testament inspire de nos jours à certains chrétiens un sionisme politique inconditionnel. Cette rupture au cœur de la Bible chrétienne est inévitablement constitutive de notre histoire, jusque dans les contresens tragiques dont elle a été à la fois l’objet et l’instrument. Une lecture intelligente s’efforcera cependant d’y retrouver le sens théologique, qui est à tous égards premier.

   Les coummunautés de la diaspora juive sous Trajan ==> figure 01227

La transmission du Nouveau Testament

      Contrairement à l’Ancien Testament (voir l’introduction à l’Ancien Testament, p. 15), les écrits du Nouveau Testament ne nous sont pas parvenus sous la forme d’un texte officiel standardisé, mais par environ 4000 manuscrits d’ancienneté et de qualité diverses. Les plus anciens, des papyrus extrêmement fragiles, ne comportent plus que quelques fragments ; ils ne sont généralement pas l’œuvre de scribes professionnels. En revanche, les grands manuscrits des IVe et Ve siècles (Sinaïticus, Vaticanus, Alexandrinus) contiennent la quasi-totalité du Nouveau Testament, généralement associé à l’Ancien Testament grec (LXX). La comparaison de tous ces manuscrits permet, dans la plupart des cas, de remonter à un texte original probable, ou du moins à la forme originelle d’une édition donnée (sur le problème des éditions diverses d’un même texte, notamment sous une forme « orientale » et sous une forme « occidentale », voir l’introduction aux Actes des Apôtres).

       A partir de textes épars, conservés dans diverses parties de l’Empire romain, un ensemble va peu à peu se constituer, à mesure que les Eglises locales s’unifient dans l’Eglise « catholique » (c.-à-d. « universelle »). Peut-être ce processus a-t-il commencé par une collection des épîtres attribuées à Paul (#Col 4:16 ; cf. #1Th 5:27), puis par un recueil des évangiles synoptiques ; ceux-ci figurent, en effet, sur les toutes premières listes des livres à lire en Eglise. Rapidement, ces écrits des premières générations chrétiennes ont acquis auprès de l’ensemble des chrétiens un crédit comparable à celui de la Bible juive, devenant un « Nouveau Testament » à côté de l’autre, désormais « Ancien ». D’autre part, à mesure que l’« orthodoxie » chrétienne affermit ses contours face aux multiples « hérésies » qui sont aussi productrices et consommatrices de littérature (témoin la découverte, à partir de 1945, de la bibliothèque gnostique de Nag Hammadi, où l’on a notamment retrouvé l’Evangile selon Thomas*), il devient urgent de clore officiellement la liste des textes de référence, le canon du Nouveau Testament. Quelques livres comme l’épître aux Hébreux et l’Apocalypse de Jean tarderont à être admis par certaines Eglises, mais la table des matières du Nouveau Testament sera universellement reconnue à la fin du IVe siècle.

Un Testament encore nouveau ?

      Au seuil du IIIe millénaire, il ne fait pas de doute que la « religion chrétienne » a vieilli, bien au-delà de ce qu’auraient pu imaginer les auteurs et les premiers lecteurs du Nouveau Testament. Certes, elle a considérablement changé la face du monde antique, et elle portait les germes de bien d’autres bouleversements encore. Ainsi il n’est pas impossible de retracer l’origine lointaine de maint trait de la modernité occidentale jusqu’aux pages du Nouveau Testament. Mais la situation qui a vu naître le Nouveau Testament n’est pas non plus sans analogie avec notre époque d’interpénétration culturelle et de communication en réseau planétaire, où bien des frontières et des traditions héritées du passé, « modernité » comprise, se voient remises en cause, et où la quête de sens de chacun bute sur un déficit chronique-et peut-être définitif-de sens global. Dans ce contexte indécis où le futur hésite encore à se dessiner, qui sait si la vieille histoire de Jésus et la foi inouïe de ses disciples ne nous apparaîtront pas soudain comme un testament nouveau, capable d’avenir ?

De l’Evangile aux quatre évangiles

Introduction

       Commencement de la bonne nouvelle de Jésus-Christ …  C’est par ces mots que s’ouvre l’Evangile selon Marc, le plus ancien sans doute de nos quatre évangiles.

       « Evangile » est un mot aux résonances multiples. A l’origine, le mot grec euaggelion, qu’on s’est généralement borné à transcrire « Evangile » en français et que la présente traduction rend par bonne nouvelle, désigne l’annonce d’un événement heureux, et en particulier la proclamation d’une victoire. Dans le Nouveau Testament, où il apparaît plus de soixante-dix fois, il se rapporte à la bonne nouvelle du salut, celle de la victoire remportée par le Christ.

       Pour beaucoup, lire l’Evangile, c’est lire le Nouveau Testament, voire la Bible tout entière. Abus de langage, certes, mais qui recèle une large part de vérité. L’Evangile n’est-il pas pour les chrétiens le point culminant de toute la révélation divine ?

       Reste que « l’Evangile » se dit aussi au pluriel : il se présente sous les noms de Matthieu, de Marc, de Luc et de Jean. Et nous voilà avec quatre évangiles, quatre communiqués de victoire, ce qui est pour le moins surprenant.

      La question se pose donc : pourquoi quatre évangiles ? L’Eglise ancienne, pour faire droit à plusieurs tendances en son sein, aurait-elle admis des versions concurrentes du message ? A-t-il fallu compléter le texte de Marc par celui de Matthieu, de Luc ou de Jean ?

Au commencement : Jésus de Nazareth

       C’est l’évidence, mais il convient de le souligner : pas d’évangiles sans Jésus de Nazareth. Un homme, une vie dont on ne peut pas tout dire, à telle enseigne que le quatrième évangile s’achèvera sur cette remarque : Jésus a fait encore beaucoup d’autres choses ; si on les écrivait en détail, le monde même, j’imagine, ne pourrait contenir les livres qu’on écrirait (#Jn 21:25).

       Cependant, à partir de l’événement le plus terrible et le plus fondateur-la crucifixion du Maître, d’où jaillit la parole inouïe de la résurrection (#Mr 14:1-16:@//) -le désir et la nécessité du récit remontent le temps : on rapporte les conflits de Jésus avec ses adversaires (#Mr 7), ses actes libérateurs (#Mr 1:1-2:@), son enseignement (#Mt 5:1-7:@ ; #Mt 13), ses rencontres avec des gens de toutes conditions, comme la pécheresse (#Lu 7:36-50), le jeune homme riche (#Lu 18:18-30), Zachée le collecteur des taxes (#Lu 19:1-10), Nicodème le sanhédrite (#Jn 3). On s’intéresse à sa vocation et au début de son ministère (#Mr 1//), et même parfois à son enfance et à sa naissance (#Mt 1:1-2:@ ; #Lu 1:1-2:@).

Des témoins qui racontent

       Nous sommes sur le parvis du temple de Jérusalem, dans la cour qui est accessible aux non-Juifs. La foule des pèlerins venus de toutes les parties du monde romain se presse autour des tables où l’on change l’argent païen en monnaie admise dans l’enceinte sacrée, et où l’on achète des animaux pour les sacrifices (voir aussi #De 14:22). Pour éviter de contourner l’aire du temple, des porteurs de fardeaux se fraient un chemin entre les groupes rassemblés autour de leurs rabbis. Ici et là les gens s’écartent devant des prêtres aux habits somptueux et à la démarche solennelle, des scribes au front grave. Soudain, un jeune rabbi se met à renverser les tables : il tonne, bouscule les marchands, effraie les animaux, créant un désordre indescriptible. Au nom de Dieu, il déclenche un scandale inouï dans la maison de Dieu (cf. #Mr 11:15//).

      Une fois passés les premiers instants de stupeur, que feront les témoins de la scène ? Rentreront-ils tranquillement chez eux, comme si de rien n’était, sans rien dire ? Impossible ! Et que feront ceux qui les auront entendus, sinon réfléchir à ce qui s’est passé et en parler à leur tour ?

       Ainsi s’écrivent les premiers fragments d’évangiles. Non pas sur du papyrus ou des parchemins, mais dans la mémoire des foules. On appelle cette étape « tradition orale ». C’est la période où l’histoire de Jésus circule de bouche à oreille, par bribes (un miracle ; une parabole ; une petite phrase etc.). Les prédicateurs en font usage, soulignant les traits qui correspondent aux besoins particuliers de leur communauté. Certes, nous sommes enclins à nous méfier d’un tel mode de communication, dans la mesure où, aujourd’hui, l’écrit seul nous paraît digne de foi. Mais il n’en était pas ainsi à l’époque. Il est d’ailleurs bien établi que des procédés mnémotechniques élaborés rendaient très fiable la transmission orale. De plus, il est probable qu’on commença d’assez bonne heure à coucher par écrit ces fragments de tradition orale.

Des traditions qui se regroupent

       Que se passe-t-il lorsque, entre amis, quelqu’un commence à évoquer des souvenirs ? C’est l’inévitable enchaînement. Un souvenir en appelle un autre. Il s’opère souvent, d’ailleurs, une sorte de classification spontanée. Pour les évangiles en construction, quelque chose d’assez semblable a dû se produire. Quelqu’un racontait un miracle et celui qui avait entendu un récit analogue s’empressait de l’ajouter. Les prédicateurs recueillaient et classaient. Ainsi se sont sans doute regroupés les récits de miracles, les paraboles et les discours de Jésus. Systématisation qui allait rendre la narration plus facile à suivre, donc plus commode pour l’enseignement.

Un Evangile à proclamer dans le monde entier

       La tradition orale dépend largement des premiers témoins et de ceux qui les ont entendus raconter ce qu’ils ont vu. C’est le poids des témoins et leur accord qui confèrent à la tradition orale sa fiabilité.

       Un temps arrive où les témoins oculaires viennent à disparaître. Il devient donc nécessaire de fixer par écrit ce qu’on avait d’abord transmis oralement. Ainsi l’histoire sera préservée. En outre, la forme écrite facilitera la propagation de l’Evangile. A Ephèse, à Corinthe, à Rome, on pourra non seulement l’entendre, mais aussi le lire.

De l’Evangile aux évangiles

       Peut-on préciser davantage comment se sont constitués nos quatre évangiles ? Une illustration familière aidera peut-être à s’en faire une idée.

       Quatre amis partent visiter l’Orient biblique. Chacun a le projet de réaliser un montage audiovisuel à partir des images qu’il aura prises. Tandis qu’ils arpentent les sites célèbres, les prises de vues se succèdent. Eventuellement, on enregistre quelques commentaires donnés par le guide.

       Au retour, il faut procéder au dépouillement. Il convient d’abord de trier les documents, en regroupant les vues d’un même lieu : ici Jérusalem ; là le désert de Juda ; là encore le lac de Tibériade. Puis il s’agira de classer dans un ordre déterminé, non seulement les photos à l’intérieur de chaque dossier, mais encore les dossiers entre eux. Faut-il commencer par la Galilée ou par Jérusalem ? Quand chaque dossier, chaque document aura trouvé sa place, il ne restera plus qu’à réaliser le montage. Moment très important, où il faudra se poser ces questions fondamentales : Quel est le public visé ? Que veut-on lui dire ? Ainsi, un montage destiné à un public connaissant déjà les lieux n’aura pas la même présentation qu’un autre qui s’adresserait à un groupe ignorant tout du pays.

       Au moment de rédiger, les auteurs des évangiles se sont pareillement trouvés devant des dossiers-en fait des morceaux d’évangile-qui avaient déjà circulé sous forme de tradition orale. Il y avait fort probablement des dossiers « paroles de Jésus », « miracles », « paraboles », « récits de la Passion », et ainsi de suite. Chacun, en fonction du public auquel il devait s’adresser et du but qu’il visait, a choisi dans ces dossiers les documents qui lui paraissaient les plus adéquats. Il les a classés suivant son dessein. Enfin il a rédigé son commentaire.

      Les ressemblances entre les évangiles (voir le tableau p. 1231) proviennent du stock de documents disponibles. L’Evangile selon Marc est probablement le premier des quatre montages. Matthieu et Luc se sont largement inspirés de sa trame. Il y a en effet entre ces trois évangiles une incontestable ressemblance. C’est pour cette raison qu’on les nomme synoptiques (du grec sunopsis, vue commune). Outre l’Evangile selon Marc (ou du moins un état ancien de celui-ci), Matthieu et Luc ont peut-être utilisé une autre source, rapportant principalement des paroles de Jésus (voir « Un document caché dans l’Evangile selon Luc ? », p. 1341). Quant au quatrième évangile, il se classe nettement à part. Jean a dû disposer de son propre lot d’informations, même s’il n’ignore pas les traditions synoptiques. A l’accumulation d’images traitées brièvement-c’est plutôt le style des synoptiques-il substitue volontiers le discours et le commentaire sur l’événement.

       A la fin du processus de rédaction, on obtient quatre montages différents : quatre évangiles. Inutile, voire périlleux, de chercher à les superposer. Respecter les évangiles, c’est laisser à chacun son caractère propre.

Une reconstitution confirmée

       Luc, dans le prologue de son évangile, s’en explique ainsi : Puisque beaucoup ont entrepris de composer un récit des faits qui se sont accomplis parmi nous, tels que nous les ont transmis ceux qui, dès le commencement, en ont été les témoins oculaires et sont devenus serviteurs de la Parole, il m’a semblé bon, à moi aussi, après m’être informé exactement de tout depuis les origines, de te l’exposer par écrit d’une manière suivie, très excellent Théophile, afin que tu connaisses la certitude des enseignements que tu as reçus (#Lu 1:1-4).

       Ces versets énoncent à leur manière les différentes étapes de la rédaction des évangiles :

       1)       Des événements se sont accomplis

       2)       devant des témoins oculaires

       3)       qui les ont transmis (tradition orale)

       4)       à beaucoup de gens qui ont voulu composer un récit (regroupement des traditions).

     5)       Luc s’informe exactement (il étudie les documents dont il dispose) ;

       6)       il dresse un plan suivi (il classe les documents) ;

       7)       il se met à écrire (rédaction)

       8)       à l’intention de Théophile (en fonction du public visé)

       9)       pour que celui-ci connaisse la certitude des enseignements reçus (en fonction du message qu’il veut transmettre).

   De l’Evangile aux quatre évangiles ==> figure 01231

   Plan synoptique des quatre évangiles ==> figure 01232

   Plan synoptique des quatre évangiles (suite) ==> figure 01233

   Plan synoptique des quatre évangiles (suite) ==> figure 01234

   Plan synoptique des quatre évangiles (suite) ==> figure 01235

   Plan synoptique des quatre évangiles (suite) ==> figure 01236

   Plan synoptique des quatre évangiles (suite) ==> figure 01237

   Plan synoptique des quatre évangiles (suite) ==> figure 01238

   Le royaume d’Hérode le Grand ==> figure 01239

   Jérusalem au temps de Jésus ==> figure 01240

   Deux plans du temple d’Hérode le Grand ==> figure 01241

Introduction

       L’Evangile selon Matthieu sert de portail d’entrée au Nouveau Testament. C’est souvent par lui que le lecteur s’initie à l’Ecriture sainte. Cette préférence n’est pas nouvelle. Mentionné le premier dans les listes canoniques alors que l’Evangile selon Marc a sans doute été rédigé avant lui (cf. « De l’Evangile aux quatre évangiles », p. 1229), Matthieu est le plus cité dès le début de l’histoire chrétienne. Dans la Didachè*,  qui remonte peut-être à la deuxième moitié du Ier siècle, on respire souvent l’atmosphère du premier évangile (cf. {==> NBS_Notes "Mt 6:9"}). A la fin du Ier siècle, Clément de Rome semble en citer des éléments ; de même, au seuil du IIe siècle, les lettres d’Ignace* d’Antioche et celle de Barnabé*.

       D’où vient ce privilège ? Matthieu est-il à ce point original ? Certes non. Sur les 1071 versets qui le composent, 330 semblent venir tels quels de Marc et 230 autres se retrouvent également dans Luc. La primitive Eglise eut pourtant bien des raisons de donner à Matthieu le premier rang.

Un évangile où Jésus enseigne et guérit

       Matthieu, comme Luc, a vraisemblablement développé l’Evangile selon Marc, au moins dans un état ancien, en y ajoutant des traditions sur les paroles de Jésus-certaines qu’il semble tirer d’un fonds commun partagé par Luc, d’autres qui lui sont propres (voir « Un document caché dans l’Evangile selon Luc ? », p. 1341). Sa principale originalité est d’avoir composé une présentation solennelle du ministère de Jésus en deux tableaux encadrés par deux résumés rédigés en termes semblables (#Mt 4:23 et #Mt 9:35). La proclamation de la bonne nouvelle se fait par l’enseignement (#Mt 5:1-7:@) et par des actes salutaires (#Mt 8:1-9:@). L’interprète de la loi* est aussi celui qui sauve et guérit. La seconde originalité de Matthieu est d’avoir souligné le lien entre le Christ et ses disciples, en faisant suivre immédiatement cet ensemble par l’envoi des Douze (#Mt 10), qui préfigure et prépare l’envoi final (#Mt 28:16). L’ampleur de la tâche rend indispensable la participation des disciples à la proclamation de leur Maître, mais leur seule mission consiste à démultiplier son action.

   Lieux importants pour Matthieu ==> figure 01242

Un évangile où l’Ecriture s’accomplit

       Des quatre évangiles, c’est Matthieu qui est le plus nourri de l’Ancien Testament : plus de 130 allusions et 43 citations formelles. Les chrétiens d’origine juive s’y trouvèrent donc en terrain connu, d’autant plus que Matthieu voit dans les événements qu’il décrit l’accomplissement de la Loi et des Prophètes (voir l’introduction à l’Ancien Testament, p. 15). Sous une forme variant à peine, cette idée d’accomplissement s’y rencontre au moins 11 fois (voir #Mt 1:22+) contre seulement 2 chez Marc, 2 chez Luc et 6 chez Jean.

       A l’instar de l’Israël contemporain, les communautés dans lesquelles l’Evangile selon Matthieu a vu le jour comprenaient de toute évidence des scribes* (#Mt 23:34). Sans doute le rôle de ces scribes chrétiens consistait-il non seulement à transmettre l’enseignement de Jésus et à l’appliquer à des situations nouvelles, mais aussi à relire les Ecritures d’Israël à la lumière des paroles et de la vie du Maître. Tout porte à croire que Matthieu dévoile son propre programme dans cette remarque : Tout scribe instruit du règne des cieux est semblable à un maître de maison qui tire de son trésor des choses nouvelles et des choses anciennes (#Mt 13:52).

Un évangile facile à mémoriser

      Pour l’Eglise naissante chargée de porter la bonne nouvelle du salut jusqu’aux confins de la terre, l’Evangile selon Matthieu met en œuvre des moyens mnémotechniques qui rendent plus aisées la transmission et la mémorisation de l’enseignement du Maître :

Les regroupements numériques

       Les chiffres 7 et 3 semblent être ici en faveur, d’une manière encore plus nette que chez Marc et chez Luc. Ainsi, les sept demandes du Notre Père (#Mt 6:9-13), les sept paraboles du règne ou du royaume (#Mt 13:1-52), les sept « malheurs » proférés contre les pharisiens (chap. #Mt 23), sans compter les sept pains et les sept corbeilles restantes (#Mt 15:32-39), les sept maris (#Mt 22:23-33) et le pardon jusqu’à soixante-dix-sept fois sept fois (#Mt 18:22) ; ainsi encore les trois tentations (#Mt 4:1-11), les triades aumône-prière-jeûne en #Mt 6:2-17, menthe-aneth-cumin et justice-compassion-foi en #Mt 23:23, et les trois prières dans le jardin de Gethsémani (#Mt 26:36-46). Les deux chiffres sont peut-être combinés dans la généalogie du chapitre #Mt 1, où Jésus-Christ apparaît au terme de trois fois quatorze (3 x 2 x 7) générations.

Les parallélismes

       En #Mt 7:24-27 on trouve un parallélisme antithétique développé :

       A       Ainsi, quiconque entend de moi ces paroles

       B       et les met en pratique

       C       sera comme un homme avisé

       D       qui a construit sa maison sur le roc.

       E       La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et se sont précipités sur cette maison :

     F       elle n’est pas tombée, car elle était fondée sur le roc.

       A’       Mais quiconque entend de moi ces paroles

       B’       et ne les met pas en pratique

       C’       sera comme un fou

       D’       qui a construit sa maison sur le sable.

       E’       La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et se sont abattus sur cette maison :

       F’       elle est tombée, et sa chute a été grande.

       En fait les parallélismes abondent, souvent si brefs qu’on les remarque à peine, tel le modèle croisé (chiasme) de #Mt 16:25 :

       A       Car quiconque voudra sauver sa vie

       B       la perdra, 

       B’       mais quiconque perdra sa vie

       A’       la trouvera.

Les répétitions structurelles

    A cinq reprises une même formule vient ponctuer le texte, avec quelques variantes : Quand Jésus eut achevé ces discours …  (#Mt 7:28 ; cf. #Mt 11:1 ; #Mt 13:53 ; #Mt 19:1 ; #Mt 26:1). Elle fixe les limites des cinq grands discours de l’évangile et introduit à chaque fois une partie narrative, composée essentiellement de récits de miracles et de morceaux biographiques. Ces cinq cycles peuvent évoquer les cinq rouleaux de la loi mosaïque et suggérer au lecteur que le Christ est un nouveau Moïse-en fait, pour Matthieu, Jésus est plus grand que Moïse en ce que lui a autorité sur la loi (cf. les mais moi, je vous dis, du Sermon sur la montagne, #Mt 5:22+). On a aussi discerné une répétition structurelle dans la formule dès lors Jésus commença, en #Mt 4:17 et #Mt 16:21.

       Donc, un texte facile à mémoriser et à transmettre. Encore fallait-il, pour expliquer la faveur dont il fut l’objet, que le contenu de l’évangile fût pertinent ! Or, à l’évidence, Matthieu fournit aux communautés destinataires bien des éléments utiles à leur construction et à leur développement.

Un évangile pour se défendre

       Si Matthieu a été publié vers l’an 80, comme on le pense d’ordinaire, il faut se souvenir de la situation religieuse de l’époque pour le bien comprendre.

       Le temple* a été incendié et presque totalement détruit en 70, lors de la prise de Jérusalem par Titus. Le service sacrificiel a cessé. Après la ruine du temple, le clergé et les sadducéens* ont perdu la source même de leur influence. Les pharisiens*, eux, pensent que seules leurs traditions peuvent permettre au judaïsme de surmonter la catastrophe. Comme substitut des sacrifices devenus impossibles, ils proposent l’observation et l’étude de la loi juive. Plus n’est question de pluralisme : la liste des textes sacrés acceptables (donc canoniques) est arrêtée ; il faut réglementer l’interprétation des traditions anciennes. Le judaïsme finira par introduire dans le service synagogal une prière contre les hérétiques, qui va pratiquement interdire l’accès de la synagogue à tous les opposants, et en particulier aux chrétiens (voir l’introduction à l’Evangile selon Jean, p. 1388). A la fin du Ier siècle, le judaïsme sera devenu un judaïsme pharisien.

       Les chrétiens seront non seulement exclus des synagogues, mais encore persécutés pour avoir reconnu en Jésus le Messie promis. Dès son introduction en forme de généalogie (#Mt 1:1-17), l’Evangile selon Matthieu leur donne de quoi argumenter. Avec force, il annonce que Jésus est bien le Messie par excellence, fils d’Abraham le père fondateur, mais aussi fils de David, la figure messianique incontestée.

     Le Christ récapitule en outre la destinée d’Israël. Tout comme le peuple, ce premier-né du SEIGNEUR (#Ex 4:22), il dut fuir en Egypte pour échapper à la mort et en remonter (#Mt 2:13-15). Lui aussi dut passer au désert une période d’épreuve (#Mt 4:1-11).

       Pour Matthieu, ce n’est pas trahir Israël que d’adhérer au Christ Jésus. Lui seul est l’accomplissement de l’Ecriture. Seule son interprétation de la loi est normative (#Mt 5:17) et non celles, accommodantes (#Mt 19:8) et pourtant lourdes à porter (#Mt 23:4), que recommandent les pharisiens. De sa propre autorité Jésus met l’amour au centre de la loi (#Mt 5:43-48 ; #Mt 7:29 ; #Mt 22:34-40).

 

Qui est Matthieu ?

       Le nom de Matthieu est présent dans toutes les listes d’apôtres (#Mt 10:3; Mr 3:18; Lu 6:15; Ac 1:13). En dehors de ces listes, il n’apparaît dans le Nouveau Testament qu’en #Mt 9:9. En appelant Matthieu, dans ce passage, celui que Marc (#Mr 2:14) nomme Lévi, le premier évangile le présente comme un collecteur des taxes, ce qui fait de lui un collaborateur des Romains, un personnage que les Juifs considéraient comme un pécheur.

       Dans son Histoire ecclésiastique (III,39, 6), Eusèbe cite Papias, l’évêque de Hiérapolis, qui aurait déclaré, vers 110-120: « Matthieu mit en ordre les sentences (en grec logia) en dialecte hébraïque et chacun les interpréta comme il pouvait. »

       Papias semble se référer ici à la rédaction de l’Evangile selon Matthieu tout entier. Toutefois, l’original (probablement araméen) qu’il mentionne n’a jamais été retrouvé. Le texte grec de Matthieu dont nous disposons aujourd’hui ne donne pas l’impression d’être une traduction.

       En fait, le premier évangile est un document anonyme, comme les trois autres. Cependant l’inscription « selon Matthieu » figure en tête des manuscrits grecs en circulation. Il apparaît donc que les premiers chrétiens ont établi très tôt un lien de parenté entre ce document et Matthieu l’apôtre.

Un évangile qui prend l’offensive

       L’Evangile selon Matthieu est aussi un texte de combat. Clairement et fortement, il affirme que rejeter le Christ, c’est rejeter Dieu. Et puisque telle est l’attitude des autorités juives, c’est l’Eglise, communauté de Juifs et de païens, qui recevra le Royaume (#Mt 21:43).

       Ces païens, on les trouve déjà dans la généalogie. Et des femmes, souvent en marge de l’idéal du mariage ! Tamar, la belle-fille de Juda ; Rahab, la prostituée cananéenne ; Ruth, la Moabite ; Bethsabée, la femme d’Urie le Hittite ({==> NBS_Notes "Mt 1:3"}ss). Celles-ci montrent que la lignée davidique, et a fortiori l’ascendance du Fils de Dieu, ne répond pas à des critères ethniques ou purement juridiques. Sont rejetés ceux qui se croient suffisamment justes au regard de la loi : les pharisiens eux-mêmes, dénoncés pour leur hypocrisie et leur religion au visage double (#Mt 5:20 ; #Mt 12:24 ; #Mt 23). Les mystères du royaume leur sont inaccessibles. D’où le parler en paraboles, qui laisse dehors les orgueilleux tandis qu’aux disciples de Jésus il est donné de connaître les mystères du règne des cieux (#Mt 13:10-17).

       S’il y a malheureusement rejet, il concerne davantage les autorités que les moutons perdus d’Israël (#Mt 15:24 ; cf. #Mt 9:36). C’est vers ces derniers que va le Christ. C’est aussi vers eux qu’il envoie ses disciples (#Mt 10:6). Cependant, en rapportant la guérison accomplie en faveur de la Cananéenne (#Mt 15:21), Matthieu suggère aussi que tous, les non-Juifs comme les pécheurs d’Israël (#Mt 9:9-13), sont finalement au bénéfice de la bonne nouvelle (cf. #Mt 28:16).

Un évangile pour les disciples

       Les ennemis dénoncés, reste à donner un contenu à la foi. Plus que tout autre, l’Evangile selon Matthieu mettra en valeur l’état de disciple( 73 fois dans le premier évangile, contre 46 chez Marc et 37 chez Luc), au point qu’on peut le considérer comme un manuel destiné aux disciples.

      Tout disciple a besoin d’un enseignement. Au cœur de l’Evangile selon Matthieu, le premier des cinq discours, le « Sermon sur la montagne » (chap. #Mt 5:1-7:@), constitue la charte du royaume. En trois chapitres d’une richesse et d’une densité inégalées sont regroupés des encouragements (p. ex. les béatitudes, #Mt 5:1-12), les fameuses antithèses sur l’interprétation de la loi où Jésus dépasse la casuistique pharisienne (#Mt 5:27-48), des conseils de piété (p. ex. sur la prière, #Mt 6:5-18), des mises en garde aussi (p. ex. ne pas amasser des trésors sur la terre, #Mt 6:19). Dans son expérience quotidienne, le disciple se rapportera sans cesse à cet enseignement d’une redoutable exigence, puisque c’est la perfection divine qui est ici la référence : Vous serez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait (#Mt 5:48). Mais cette perfection est celle d’un Dieu plein de sollicitude, le Créateur qui dispense ses bienfaits sur les méchants comme sur les bons (#Mt 5:45). La parole absolue, excessive, de Jésus, n’est pas une simple morale plus performante que les autres. Elle est la parole même du règne de Dieu qui fait surgir, pour celui qui la reçoit dans la foi, une nouvelle compréhension de Dieu, du monde et des autres.

       S’il se préoccupe fortement du disciple pris individuellement, Matthieu le considère aussi en tant que membre d’une communauté, au point que le premier évangile est souvent appelé « l’évangile de l’Eglise ». Le discours du chapitre #Mt 18 énonce les règles fondamentales de la vie communautaire : être humble comme un enfant ; ne pas constituer une occasion de chute pour ses frères ; rechercher la brebis égarée ; pardonner sans limite.

       Le discours missionnaire (chap. #Mt 10) rappelle en outre à la communauté des disciples que la foi est mission, résumée en six verbes qui sont autant de défis : aller, proclamer, guérir, réveiller, purifier, chasser. Ce discours prépare l’envoi final (#Mt 28:16).

       Etre disciple, enfin, c’est attendre le Maître qui doit revenir. La fin des temps et ses corollaires, le retour du Christ et le jugement, jouent un rôle déterminant chez Matthieu (on peut retrouver la notion de jugement dans près d’un paragraphe sur deux).

       Il fait peu de doute que les premiers chrétiens furent surpris et désappointés : le Maître ne tardait-il pas à venir ? Le dernier discours (chap. #Mt 24:1-25:@) est donc là pour rassurer. Ils n’ont pas à craindre le temps qui passe. L’homme parti en voyage ne revient que longtemps après (#Mt 25:19). Dans l’intervalle, il leur faut veiller (#Mt 24:13, 42, 44), non pas d’une veille stérilement attentiste, mais d’une veille active dans la foi. Le jugement vient en effet qui séparera les moutons des chèvres, les justes des injustes, ceux qui auront secouru les malades, visité les prisonniers et accueilli les étrangers, de ceux qui se seront enfermés dans une coupable abstention (#Mt 25:31-46).

Un évangile de l’éternelle présence

       Lorsque l’enfant paraît à Bethléem, Matthieu rappelle par une citation d’Esaïe quel doit être son nom : Emmanuel, ce qui se traduit : Dieu avec nous (#Mt 1:23).

       Lorsque le Christ apparaît après la résurrection, il laisse cette promesse aux Onze venus le retrouver en Galilée : Je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde (#Mt 28:20).

       Cette inclusion qui ouvre et referme l’évangile n’est pas pur artifice littéraire. A la différence de Luc, Matthieu ne rapporte pas l’ascension du Christ. Ainsi, la dernière parole que nous laisse le premier évangile est, pour ses destinataires initiaux comme pour nous, celle d’un Christ qui demeure éternellement avec les siens.

Consultez les passages parallèles suivants : #Lu 3:23-38

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       #Mt 1:1 Généalogie : litt. livre de l’origine ;  le terme grec correspondant à origine signifie aussi naissance (v. #Mt 1:18; Lu 1:14) et a donné notre mot genèse, cf. {==> NBS_Notes "Ge 2:4"}; #Ge 5:1; voir aussi #Lu 3:23— fils* de David #Mt 9:27+.

       — Abraham #Ge 22:18.

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