2 Les sept prophétesses ( Déborah du livre des juges )

09/08/2018 09:47

Les sept prophétesses

-Sarah la princesse,

-Myriam la sœur de Moïse,

-Déborah du livre des Juges,

-Hannah,

-Abigayil,

-Houldah,

-Esther la reine.

 

Déborah du livre des juges

 

Déborah:דְּבוֹרָה(hébreu) veut dire "abeille". Elle est la seule femme mentionnée dans la Bible comme faisant parti des Juges d'Israêl. Elle gouverna Israël.

 

Livre des Juges chap.IV.

 

4 Or Débora, une prophétesse, femme de Lappidoth, gouvernait Israël à cette époque.

5 Elle siégeait au pied du "Palmier de Débora", entre Rama et Béthel, dans la montagne d’Ephraïm; et c’est à elle que les Israélites s’adressaient pour obtenir justice.

 

Livre des Juges chap.V

 

1 Ce même jour, Débora et Barak, fils d’Abinoam, chantèrent ce cantique:

2 Quand l’anarchie régnait en Israël, une poignée d’hommes s’est dévouée: rendez-en grâce à l’Eternel!

3 Ecoutez, rois; princes, prêtez l’oreille: je veux, je veux chanter le Seigneur, célébrer l’Eternel, Dieu d’Israël.

 

 

7 Plus de ville ouverte en Israël, plus aucune, quand enfin je me suis levée, moi Débora, levée comme une mère au milieu d’Israël.

8 Il avait adopté des dieux nouveaux, dès lors la guerre est à ses portes; et l’on voyait à peine un bouclier, une lance, entre quarante milliers d’Israël.

9 Mon cœur est à vous, maîtres d’Israël, qui vous êtes dévoués au milieu du peuple, rendez grâce à l’Eternel!

 

 

12 Debout, debout, Débora! Eveille-toi, éveille-toi, chante l’hymne! Alerte, ô Barak! Fils d’Abinoam, emmène ta capture!

 

Débora, qui est non  seulement  prophétesse mais aussi stratège de guerre, poétesse et juge, doit convaincre le chef de l'armée Baraq qu’il est temps de partir en guerre contre l’oppresseur (Jg 4). Mais Baraq n’accepte que si elle l’assure de sa présence tout au long des opérations. Ce manque de confiance en la parole de Dieu transmise par la prophétesse sera sanctionné par le pire qui puisse arriver à un vaillant guerrier comme Baraq : son ennemi sera vaincu, certes, mais pas par lui; il tombera aux mains d’une femme…Et la prophétie de Débora se réalisera grâce à Yael.

 

Impressionnante cette femme qui gouverne, juge, fait la guerre, et pratique le sacerdoce.

 

Ce qui veut dire qu'il fut une époque où il existait un sacerdoce féminin ,éduqué dans la Torah, sinon Déborah n'aurait pu faire tout cela....

 

Un verset du livre des Juges attribue à Deborah la qualité de prophétesse : « Deborah, femme prophétesse, femme de Lapidot… » [31][31] Juges 4, 4.. Et pourtant la guemararelève cette dernière expression qu’elle interprète comme une sorte de qualificatif, en faisant de lapidot un nom commun signifiant « torches » ou « flammes » [32][32] Le Rabbin Salzer traduit : « Deborah, femme prophétesse,..., d’où l’explication de Ralbag [33][33] Rabbi Lévi ben Guerchon, 1288-1344. : son visage s’enflammait quand elle prophétisait. La guemara explique : « Elle faisait des mèches pour le Sanctuaire. » Et le Midrach de commenter que c’était là un mérite qui lui avait valu le don de prophétie : « Elle réfléchissait et fabriquait des mèches plus épaisses pour qu’elles produisent plus de lumière, et Celui qui scrute les reins et les cœurs a dit : “Tu as voulu augmenter Ma lumière, J’augmenterai la tienne !” [34][34] Yalkout Chimoni sur Juges 42. » C’est en quelque sorte l’application du principe de réciprocité : « mesure pour mesure », mida kenègued mida.

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Cette lecture du mot lapidot peut être justifiée par le fait que lorsqu’on désigne une femme par référence à son mari, c’est que ce dernier est un homme connu [35][35] Maharcha sur Nida 50 a du T.B., mais ce n’est pas le cas ici pour le midrach qui choisit de lire lapidotcomme un nom commun ! Pour un autre midrach[36][36] Midrach Tana debei Eliahou 9, 10., elle avait convaincu son mari d’apporter ces mèches au Sanctuaire afin que, tout ignorant qu’il fût, il ait néanmoins sa place parmi les hommes de bien et qu’il ait part au Monde futur. C’est là un exemple explicite de l’influence bénéfique que Deborah a exercée sur sa génération, comme va l’attester la suite du texte talmudique.

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« […] Et elle siégeait sous un palmier », poursuit le texte biblique [37][37] Juges 4, 4. : quant à l’intérêt que peut représenter ce détail, la guemara propose deux réponses :

  1. pour lui éviter un tête-à-tête avec un homme quand elle rendait la justice – le palmier n’ayant pas un feuillage touffu propre à dissimuler ceux qui s’y abritent ;

  2. parce que, à l’image du palmier qui « n’a qu’un seul cœur [38][38] C’est ce qu’évoque aussi le nom du loulav, la palme... », Israël à cette génération, grâce à Deborah, « n’avait qu’un seul cœur (dirigé) vers leur Père céleste ».

La première réponse a un caractère juridique : la Tora interdit que « s’isolent » ensemble un homme et une femme qui ne sont pas mariés l’un à l’autre.

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La deuxième réponse fait allusion au rôle positif qu’a joué Deborah auprès du peuple. En effet, le chapitre 4 des « Juges » commence par mentionner la mauvaise conduite d’Israël qui a amené Dieu à les livrer au pouvoir oppressif de Yavin, roi cananéen. Cela durait depuis vingt ans quand le peuple enfin « a crié vers Dieu », dans un mouvement de retour vers Lui – ce qui a suscité l’envoi d’un sauveur providentiel en la personne de Deborah. Celle-ci va intervenir en nommant avec l’aval divin un chef de guerre, Barak, et en lui indiquant quelle sera sa mission [39][39] Juges 4, 6.. Sur son insistance, elle l’accompagne dans son expédition, tout en lui révélant (4 ; 9) qu’il ne pourra tirer gloire de cette action puisque « c’est à une femme (Yaël) que l’Éternel aura livré Sisera (le général ennemi) ». Les forces sont inégales de part et d’autre, les Cananéens ont l’avantage, mais une violente pluie providentielle fait déborder le torrent du Kichon, détrempant le terrain où s’embourbent les 900 chars ennemis. Dans le Cantique que Débora chante avec Barak, la prophétesse mentionne ce miracle [40][40] Juges 5, 4-5 et 20-21.. Et le narrateur conclut le chapitre par ces mots : « Le pays fut tranquille pendant 40 ans. »

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On s’étonnera alors de trouver vers la fin de cette souguia, de ce passage sur les sept prophétesses dans le traité de Meguila, un tout autre son de cloche ! « Rav Na’hman dit : L’orgueil ne sied pas aux femmes. Deux femmes ont été orgueilleuses et portent un vilain nom : Deborah, Abeille, et Houldah, Belette. À propos de la première, il est écrit : « Elle envoya convoquer Barak », au lieu d’aller le trouver ! » Et Barak, selon le commentaire de Radak (1160-1235) sur ce verset [41][41] Rabbi David Kim’hi, (1160-1235)., n’est autre que l’époux de Deborah ! Son nom signifie « éclair », un autre sens possible de Lapidot.

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Il est loisible de voir aussi une note présomptueuse dans un verset du Cantique : « Jusqu’à ce que je me lève, Deborah, jusqu’à ce que je me lève [42][42] Juges 5, 7.… » Cependant le Zohar écrit : « Deux femmes au monde ont dit des louanges au Saint béni soit-Il telles qu’aucun homme au monde n’en a dites : Deborah et Hannah. Tous ces versets qu’a énoncés Deborah proviennent du secret de la sagesse supérieure, jusqu’au moment où elle se loue elle-même et dit : Jusqu’à ce que je me lève… »

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C’est que Deborah n’est pas une prophétesse comme les autres ! Elle est aussi un chef politique (sens du mot chofèt dans le contexte de ce livre biblique), juge et même stratège, des fonctions réservées par la Tora au monde masculin. « Malheur à la génération où l’on ne trouve qu’une femme pour juger le peuple ! » écrit le Zohar sur Lévitique 12, 8. On peut comprendre qu’une telle personnalité ait rendu perplexes nombre de Maîtres. D’où l’insistance sur certains aspects tout de même féminins de sa personnalité : la fabrication de mèches, la pudeur ou réserve manifestée par le choix du palmier comme lieu du tribunal. Ces dernières qualités, qui ne sont pas uniquement des attributs féminins [43][43] Voir, par exemple, Michée 6, 5 : « Marcher avec réserve..., sont facteurs d’unité à l’intérieur du peuple. Dans le traité d’éthique de la Michna[44][44] Code la loi orale, première partie du Talmud., les Pirké Avot, plusieurs maximes mettent l’homme en garde contre l’orgueil. On peut s’étonner de ne pas trouver dans les commentaires traditionnels d’allusion en ce sens dans ce mot du verset : « Jusqu’à ce que je me lève, […] mère en Israël. » Sans doute cette « maternité » se réfère-t-elle au rôle éducatif de la prophétesse auprès du peuple, comme on l’a relevé ci-dessus. Peut-on y voir un parallèle au titre de « père » donné au prophète par son disciple [45][45] Rois (II) 2, 12. ?

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Un texte talmudique [46][46] Nidda 50 a du T.B. considère que ses fonctions de juge se confondaient avec son rôle de prophétesse – elle était inspirée par l’Esprit saint dans le prononcé d’un verdict – ou d’enseignante : elle citait la loi.

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Enfin, son Cantique (auquel elle associe Barak) peut lui conférer le titre de « prophète scripturaire », ce en quoi elle se distingue aussi de Sarah et de Myriam !

 

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