NombreS

29/01/2020 00:39

Nombre, Chiffre. Il ne semble pas que les anciens Hébreux aient employé des symboles spéciaux pour représenter les chiffres, car ils sont en toutes lettres dans le texte hébreu des Écritures, dans l’inscription de Siloé et sur la Pierre de Moab. Pourtant, déjà à l’époque des Maccabées, les Israélites se mirent à utiliser les lettres de l’alphabet pour les nombres : ’aleph pour 1, beth pour 2, etc. Les chiffres sont d’ordinaire des signes dans les papyrus d’Éléphantine (datant surtout du Ve siècle avant Jésus-Christ). Les inscriptions nabatéennes du Ier siècle ont généralement les nombres en toutes lettres, mais ils sont parfois représentés par des traits verticaux (pour les unités inférieures). Le 5 est semblable au chiffre arabe actuel, mais n’a pas de barre horizontale. Les inscriptions araméennes de Palmyre, de la même époque, présentent aussi des signes. À Ninive, au VIIIe siècle avant Jésus-Christ, les marchands araméens se servaient de poids en forme de lion, sur lesquels des traits verticaux indiquaient les unités et un trait horizontal le 10. En des temps plus reculés encore, Assyriens et Babyloniens indiquaient les nombres au moyen de signes cunéiformes. Voir Poids et Mesures.

      Certains chiffres ont la valeur d’un symbole, d’autres un sens conventionnel. Par exemple :

-3 : Ce chiffre exprime particulièrement l’emphase « Le temple de l’Éternel, le temple de l’Éternel, le temple de l’Éternel » (#Jér 7:4). « Terre, terre, terre » (#Jér 22:29). « J’en ferai une ruine, une ruine, une ruine » (#Ez 21:32). « Saint, saint, saint est l’Éternel » (#Esa 6:3). Dans #No 6:24-26 figure une triple bénédiction. Le caractère trinitaire de la formule baptismale et de la bénédiction apostolique découle du fait de la Trinité (#Mt 28:19 ; #2Co 13:13).

-4 : La Bible parle des 4 extrémités de la terre (les points cardinaux) (#Esa 11:12) ; des 4 vents (#Da 7:2) ; de 4 cornes et de 4 chars (#Za 6:1,5).

-6 : On le rencontre dans les 6 jours de travail de la semaine comme de la création (#Ex 20:9,11). Selon #Ap 13:18, ce chiffre 3 fois répété, 666, est « un nombre d’homme », par opposition semble-t-il au chiffre 7 : le chiffre parfait. On retrouve 6 dans ses divers composés ; voir plus bas.

-7 : Chez les Hébreux, nombre sacré par excellence, indiquant semble-t-il la perfection, la plénitude. Le calendrier est basé sur le chiffre 7 : 7 jours de la création, de la semaine ; cycles de 7 semaines, du 7e mois pour les fêtes, de la 7e année sabbatique ; du jubilé après 7 fois 7 ans (cf. #Lé 25:8 et suivants). Dans les écrits prophétiques et le style apocalyptique, 7 revient constamment aussi : 7 temps de Neboukadnetsar (#Da 4:13), 7 yeux (#Za 3:9 ; #Ap 5:6), 7 lampes (#Za 4:2, #Ap 4:5), 7 Églises (#Ap 1:4), 7 étoiles, 7 anges, 7 chandeliers (#Ap 1:20), 7 Esprits de Dieu (#Ap 4:5), 7 sceaux (#Ap 5:1), 7 cornes (#Ap 5:6), 7 trompettes (#Ap 8:2), 7 têtes (#Ap 13:1), 7 coupes (#Ap 15:7), etc. Voir Sept.

-10 : Ce chiffre signifie parfois plusieurs comme nous disons : « Il y en a 10 fois (ou même 36 fois) autant » (voir #Ge 31:7 ; #No 14:22 ; #1S 1:8).

-12 : On a vu dans ce chiffre le signe du peuple de Dieu, de l’ancienne et de la nouvelle alliance : 12 tribus, 12 pains de proposition, 12 apôtres ; 12 portes, 12 fondements de la cité céleste (#Ap 21) ses 12 000 stades ; les 24 vieillards (2 x 12), les 144 000 élus (12 x 12 x 1000), etc.

-40 : exprime souvent la durée d’une période, correspondant approximativement à une génération humaine s’il s’agit d’années : les 40 jours du déluge (#Ge 7:4), 40 jours sur la montagne (#Ex 24:18), les 40 ans au désert (#No 14:33), la vie de Moïse divisée en 3 fois 40 ans (#Ac 7:23-36), 40 jours d’exploration de Canaan (#No 13:25), Élie marche 40 jours jusqu’à Horeb (#1R 19:8), Ninive a 40 jours pour se repentir (#Jon 3:4), Jésus jeûne 40 jours (#Mt 4:2), il apparaît pendant 40 jours après sa résurrection (#Ac 1:3), etc.

-70 : multiple de 7, occupe également une place spéciale : 70 membres de la famille de Jacob (#Ge 46:27), 70 anciens d’Israël (#Ex 24:1), exil de 70 ans (#Jér 25:11), les 70 disciples (#Lu 10:1), le pardon accordé 70 fois 7 fois (#Mt 18:21-22).

-On pourrait donner des exemples analogues sur les chiffres 10, 100, 1000, 144 000 (voir le chiffre 12) et d’autres encore. Si les nombres ont souvent une valeur spirituelle, il faut cependant prendre garde de ne pas exagérer leur symbolisme. On s’est livré par exemple à d’étranges calculs sur les 318 serviteurs d’Abraham (#Ge 14:14) et sur les 153 poissons de la dernière pêche miraculeuse (#Jn 21:11) pour ne citer que ceux-là.

      Peut-on calculer le nombre de la bête d’#Ap 13:18 ? Les Grecs et les Romains (de même que les Hébreux de l’époque tardive) employaient les lettres de l’alphabet comme signes numériques (voir Alphabet). L’addition de ces signes pouvait donner un certain total, et l’on a retrouvé par exemple une inscription disant : « Celle que j’aime a le nombre 545. » Ce procédé, appliqué à 666, a désigné déjà bien des personnages divers : Néron, Mahomet, le pape, Luther, Napoléon, Hitler, etc. C’est la preuve même qu’un tel calcul est prématuré. Voir Antichrist.

      Les très grands nombres de l’Ancien Testament. Dans le cadre de cet article nous devons aborder la question des très grands nombres trouvés un peu partout dans l’Ancien Testament (voir aussi l’article suivant Nombres).

      Ce problème n’est pas facile à résoudre. Plusieurs « solutions » sont proposées, mais certains exégètes conservateurs continuent à les accepter tels qu’ils se présentent.

      Note préliminaire. Nous reconnaissons d’abord que la transmission des chiffres du texte hébreu est difficile. Si, au début, ils étaient écrits en toutes lettres, du temps des Maccabées, des lettres de l’alphabet hébreu les représentaient, ce qui augmentait malheureusement les risques d’erreurs de la part des copistes. C’est sans doute ce fait qui explique les désaccords de #2S 10:18 (700) avec #1Ch 19:18 (7000) ainsi que de #2R 24:8 (18) avec #2Ch 36:9 (8). Parfois un chiffre entier a disparu (#1S 13:1). Cependant, dans son Biblical Numerology, J. J. Davies nous dit que des 340 versets bibliques où il est question de chiffres concernant des armées ou des travailleurs, des villes ou des familles, seulement 80 ont des variantes, dont une cinquantaine dans les Septante. La transmission des chiffres par les scribes a tout de même été faite avec beaucoup d’exactitude.

      La façon de compter. Nous constatons aussi que les Hébreux ne comptent pas toujours comme les Occidentaux. Après le schisme d’Israël en 930 avant Jésus-Christ, 10 tribus constituaient le Royaume du nord et 2 le Royaume de Juda. Mais, en fait, dans le Royaume de Juda, il y avait les tribus de Juda, de Benjamin, ainsi que celle de Siméon (#Jos 19:1), plus la plupart des Lévites (#2Ch 11:13,14), ce qui fait donc 4 tribus, et seulement 9 dans le Royaume du nord. Pourtant #1R 11:31,32 parle de 10 tribus et 1 tribu ! Dans le même ordre d’idées, on peut signaler les « 42 » générations de #Mt 1.

      Chiffres conventionnels. La question de chiffres conventionnels joue aussi son rôle. Ainsi on continue à parler des 12 apôtres, même après la disparition de Judas Iscariot (cf. #Mt 28:16 ; #Mr 16:14 ; #Lu 24:33 avec #1Co 15:5 ; #Ap 21:14).

      Traduction du terme hébreu « ’lp » : Une autre difficulté est la traduction du terme hébreu « ’lp ». Il signifie parfois, selon le contexte, « millier », « clan » ou « famille ». Ensuite, autrement vocalisé, il signifie « chef ». Un exemple difficile en rapport avec la traduction de ce terme est le très grand nombre d’Israélites du livre des Nombres : 603 550 soldats ayant plus de 20 ans, selon #No 1:46. Ce nombre, plusieurs fois répété dans les Nombres, indiquerait une population israélite totale de 2 à 3 millions. Comment comprendre ces chiffres alors que :

a) nous ne trouvons en #No 3:40-51 qu’un nombre de 22 273 premiers-nés en Israël ce qui est bien faible en comparaison. S’il y avait réellement 2 à 3 millions d’Israélites, 22 000 premiers-nés correspondraient à un premier-né pour 100 Israélites !

b) Dans le pays de Canaan, les bêtes sauvages allaient constituer une menace réelle pour Israël (#De 7:22). Ce fait semble bizarre si les Israélites étaient entre 2 et 3 millions.

c) D’après #De 7:17, la population cananéenne était plus nombreuse que celle d’Israël. Or, d’après les renforts de troupes demandés au Pharaon par les rois cananéens, dans les lettres de Tell-el Amarna, la population cananéenne était plutôt faible en comparaison de 2 à 3 millions d’envahisseurs ; en effet, ils ne lui demandaient que quelques dizaines de soldats.

     Conclusion. Nous ne voulons aucunement contester l’Écriture. Sainte, mais nous pensons que peut-être un élément de traduction nous échappe. Cependant, nous n’acceptons pas l’idée que les scribes tardifs « gonflaient » les chiffres pour impressionner leurs futurs lecteurs, comme certains le suggèrent (voir dans « la Bible déchiffrée » l’article « Les grands chiffres de l’Ancien Testament », page 191 et J. J. Davies Biblical Numerology, Baker Book House, 1982).

 

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