Palestine (1)

09/03/2019 14:43

Palestine (1). (#Joe 3:4 ; #Ex 15:14 ; #Esa 14:29,31, cf. la version DARBY). Nom que les Grecs et les Romains donnèrent à toute la contrée habitée par les Israélites, et qui lui est resté depuis ce temps-là. Le terme Palestine dérive de Philistie, nom du pays des Philistins (cf. Hérodote 7.89). Les anciens Hébreux appelaient Canaan la fraction de ce territoire situé à l’ouest du Jourdain et la distinguaient du pays de Galaad, à l’est du fleuve. Après la conquête, la région tout entière se nomma pays d’Israël (#1S 13:19 ; #1Ch 22:2 ; #Mt 2:20). Après le schisme, le nom d’Israël désigna souvent le Royaume du nord. Dans #Hé 11:9, le pays est appelé Terre Promise. Peu après le début de l’ère chrétienne, les écrivains grecs et latins emploient le mot « Palestine ». Le Moyen Âge dit en général « Terre Sainte » (cf. #Za 2:12 ; #/APCJ 2Ma 1:7).

 

1. Limites et étendue de la Palestine. Le territoire qu’occupaient les Hébreux s’étendait, du sud au nord, de Qadech-Barnéa et de l’oued el-’Arish jusqu’à l’Hermon. De l’ouest à l’est, il allait de la Méditerranée au désert oriental, à l’exception de la plaine philistine et du pays de Moab. Le Pays promis que devait posséder Israël est délimité dans #Ge 15:18 ; #Ex 23:31 ; #De 11:24 ; #Jos 1:4 ; mais seulement certains rois d’Israël (David, Salomon) s’établirent à Hammath, à Damas, parvinrent sur l’Euphrate, et dominèrent sur Ammon, Moab, Édom. Les Hébreux disaient que leur pays s’étendait de Dan à Beer-Chéba (plus de 240 km) (voir #Jug 20:1 ; #2S 17:11; 24:2). L’oued el-Fikrah et l’Arnon constituaient alors la frontière méridionale. La densité de la population englobée dans ces limites était forte. En omettant la plus grande partie du territoire de Siméon et une fraction de Nephthali, on constate que ces limites amoindries décrivent un parallélogramme dont la hauteur (mesurée aux latitudes de Dan et de l’extrémité sud de la mer Morte) a environ 233 km et la base 113 km. Sa superficie est d’environ 26 288 km2. Ce parallélogramme inclut la région philistine, qui s’étendit au maximum du Carmel à Beér-Chéba. Abstraction faite de celle-ci, les Hébreux occupaient environ 21 716 km2. Cet arpentage attribue à peu près 9 842 km2 à la Palestine orientale, de l’Hermon à l’Arnon. La Palestine occidentale, jusqu’à Beér-Chéba, au sud, et avec la Philistie, comptait approximativement 15 642 km2.

2. Population de la Palestine. À l’époque de la conquête, il y avait 600 000 mâles, autrement dit 600 clans, voir Millier ; Chiffre ; Nombre ; Nombres (Livre des) : une population totale de 2 millions de personnes sur environ 21 716 km2. Le roi David fit le recensement d’un territoire beaucoup plus vaste. La Bible et l’historien Josèphe déclarent qu’autrefois la densité de la population était considérable ; ce qu’attestent aussi les vestiges de nombreuses cités. Les innombrables collines sont presque toujours surmontées d’une ville ou d’un village, habités, ou en ruines. Voir Chephéla ; Plaine.

3. Géologie de la Palestine. Un banc de grès de Nubie (appelé aussi grès de Petra) longe la côte orientale de la mer Morte, et une partie de la falaise qui borde la vallée du Jourdain sur sa rive orientale. Ces grès se retrouvent sur les versants occidentaux du Liban et de l’Anti-Liban ; ils sont en général, rouge foncé ou noirâtre. Ils représentent une formation surtout continentale mais avec des intercalations marines ; cette formation est en grande partie jurassique, mais englobant pourtant des terrains de différents âges, depuis le carbonifère jusqu’au crétacé inférieur, se prolongeant ainsi jusque dans le crétacé. Au-dessus se trouve la formation géologie la plus importante de la Palestine : le calcaire crétacé, qui constitue la majeure partie du plateau, à l’est et à l’ouest du Jourdain. À Jérusalem, il y a 2 bancs de calcaire : l’assise supérieure, plus dure, que les habitants appellent misseh, et la couche inférieure, tendre, qu’ils nomment mélékeh. Les fouilles des réservoirs, des sépulcres, des caveaux, sous la ville et aux alentours, ont entamé le mélékeh. Les fondements des édifices reposent sur le solide misseh. Les grandes carrières voisines de la Porte de Damas sont dans le mélékeh. La pierre du Temple en provenait. Des bancs de ce calcaire crétacé se rencontrent sous des formations plus récentes, qui commencent au Carmel, descendent au sud jusqu’à Beér-Chéba, d’où elles tournent vers le sud-ouest, parallèlement à la Méditerranée. Des buttes-témoins de ces calcaires plus récents existent aussi au nord-est, à l’est, et au sud-ouest de Jérusalem et autour de Sichem. Ces calcaires sont appelés nummulitiques parce qu’ils recèlent d’abondantes nummulites (genre de foraminifères, animalcules recouverts d’une coquille calcaire microscopique). Ces calcaires nummulitiques appartiennent à l’éocène tertiaire, et probablement à l’éocène moyen. La roche nummulitique est si bien associée au calcaire crétacé que les 2 paraissent ne constituer qu’une seule formation. Flanquant le calcaire nummulitique, à l’ouest une longue couche de grès calcaire traverse la région philistine et apparaît jusqu’au nord en formations détachées, atteignant les parages du Carmel. Ce grès poreux, tendre, se désagrège, met à nu le calcaire plus dur du plateau, fait de la descente aux plaines de Judée et de Samarie un parcours abrupt. Entre ce grès de Philistie et la Méditerranée se trouvent des plages « soulevées », appartenant au pliocène supérieur ou à des époques récentes. Le long de la côte méditerranéenne de la Philistie, partout où le sol est bas, uni, il y a une série de dunes, dont quelques-unes atteignent 70 m Celles du sud-ouest ont peut-être été formées, partiellement du moins, par les sables d’Égypte et du Sinaï qu’amènent les vents. Les dunes septentrionales proviennent des sables que les vents ont enlevés au grès calcaire de la Philistie. Elles tendent à empiéter sur les terres cultivées.

 

 

      Nous venons de considérer les formations sédimentaires. Les plus âgées d’entre elles, celles d’âge carbonifère, sont mouchetées de roches volcaniques anciennes, en rapport avec la grande masse de granit, de diorite, de felsite, qui se trouve plus au sud, dans l’Araba et le Sinaï. Mais sur la rive orientale du Jourdain, presque depuis l’Hermon jusqu’au sud du lac de Tibériade, et vers l’est et le sud-est de l’Havran, au-delà de la Palestine, le pays est couvert d’un immense amas volcanique : basalte, dolérite, felsite. Aucune de ces roches n’est plus ancienne que le pliocène tertiaire, quelques-unes sont certainement plus récentes. Des blocs détachés de ces roches volcaniques, sont disséminés en Palestine occidentale, à l’ouest et au nord-ouest du lac de Tibériade, et en d’autres endroits.

En résumé, l’histoire géologie de la Palestine se présente ainsi : Pendant les ères primaire et secondaire, la Palestine était probablement recouverte par la mer ; au crétacé supérieur, la mer a déposé le calcaire crayeux qui constitue la moyenne partie du pays et sur lequel au début du tertiaire la mer éocène est venue déposer le calcaire nummulitique. Au noucène la Palestine est définitivement exondée. Au pliocène des mouvements du sol particulièrement intenses ont pour conséquence d’une part un réveil du volcanisme et d’autre part des dislocations et des fractures (mer Rouge, mer Morte). Voir l’Atlas de la Bible, éditions Sator-CLC-Emmaüs, 1986, page 11.

 

4. Géographie physique de la Palestine (voir l’Atlas de la Bible, éditions Sator-CLC-Emmaus, 1986, page 10). Le pays se divise en 5 régions : la plaine maritime ; le bas pays appelé Chephéla ; la chaîne montagneuse centrale ; la vallée du Jourdain ; le plateau oriental. Ces 5 zones parallèles traversent tout le pays du nord au sud, sauf certaines déviations. En Samarie, la chaîne montagneuse centrale se dirige vers la plaine maritime, appelée Saron. Le parallélisme des zones est rompu par la plaine d’Esdraelon (voir Jizreel) qui intercepte la chaîne de montagnes, et relie la côte maritime à la vallée du Jourdain. Le petit fleuve du Qichôn traverse la plus grande partie de la plaine d’Esdraelon pour se jeter dans la Méditerranée.

 

 

1. La plaine maritime longe toute la côte palestinienne, avec la seule interruption du Carmel. Fort rétrécie, au nord du Carmel, la plaine mesure plus de 9 1/2 km au midi de cette montagne et s’élargit encore vers le sud. Elle forme une contrée ondoyante et fertile, qui s’élève de 30 à 70 m au-dessus de la mer. Entre le Carmel et le Nahr-el-Audjéh, dont l’embouchure est au nord de Jaffa, la région s’appelait Saron. Au sud de Jaffa, les Philistins l’occupaient.

2. Le bas pays, nommé Chephéla, couvert de mamelons, s’étend entre la plaine maritime, au sud du Carmel, et la chaîne centrale. La Chephéla est une terrasse dominant la Méditerranée d’environ 150 m ; son nom désigne presque exclusivement la partie du bas pays s’étendant depuis la latitude de Jaffa, jusqu’à Beér-Chéba au sud. Une série de vallées courent au nord et au sud entre la Chephéla et le milieu du pays.

3. La chaîne (ou croupe) centrale est la suite du Liban. Au sud de la rivière Léontés, les hautes montagnes s’abaissent jusqu’à un haut plateau qui atteint au sud, l’extrémité septentrionale du lac de Tibériade et Acre. C’est la Haute Galilée, semée de collines variant de 600 à 900 m ; quelques sommets, par exemple le Djebel Jermuk, atteignent 1200 m. La Basse Galilée est triangulaire : le lac de Tibériade et le Jourdain en forment le côté oriental jusqu’à Beth-Cheân ; au sud-ouest se trouve la plaine d’Esdraelon. La Basse Galilée consiste en une série de croupes peu élevées, allant à l’est et à l’ouest ; de nombreuses collines n’ont que 100 à 200 m, avec quelques sommets plus hauts à l’ouest du lac de Tibériade. Au sud-ouest du lac, se trouve le Thabor, qui a 562 m d’altitude ; plus au sud, la montagne de Guilboa, dont l’un des sommets a 500 m et l’autre un peu moins. La partie méridionale de la Basse Galilée s’incline vers la plaine d’Esdraelon, qui ne dépasse pas 90 m Au sud d’Esdraelon, de nombreux oueds coupent la chaîne, dont les montagnes forment des groupes séparés ; leurs replis sont accessibles de la plaine maritime, d’Esdraelon, et de la vallée du Jourdain. Le promontoire du Carmel s’avance au nord-ouest ; la hauteur moyenne de sa chaîne est de 609 m, et son point culminant se trouve à 651 m. En Samarie, le mont Ébal atteint 938 m, le Garizim, 868 m De Béthel à Hébron, et presque jusqu’à Beér-Chéba, sur 70 km la chaîne forme une masse dont les flancs sont abrupts à l’est et à l’ouest ; sa hauteur moyenne est de 670 m. Certaines localités sont élevées : Béthel est à 893 m ; Jérusalem, à l’endroit le plus haut, à 791 m ; Bethléhem atteint 776 m ; Hébron 926 m. À environ 24 km au sud d’Hébron, la chaîne s’abaisse jusqu’au désert. Le plateau étroit, qu’occupaient les tribus de Benjamin et de Juda, est au point le plus élevé de la chaîne. Plusieurs cours d’eau (souvent des oueds) prennent leur source dans cette chaîne centrale et se jettent dans la Méditerranée ou dans le Jourdain. Voir Montagne, Contrée du Midi (Négueb).

4. La vallée du Jourdain est une faille extraordinaire, commençant au pied de l’Hermon, à environ 518 m d’altitude. La vallée, d’abord encadrée des 2 côtés par des montagnes, devient de plus en plus profonde en descendant vers le sud ; en arrivant à la mer Morte, la vallée du Jourdain est à 393 m au-dessous de la Méditerranée, voir Mer Morte ; Jourdain. Bien qu’elle ne fût pas un obstacle infranchissable, elle entrava les communications entre les peuples de la rive orientale du fleuve du sud du Yabboq jusqu’en Édom, et les tribus de Juda et de Benjamin à l’ouest.

5. Le plateau oriental est une vaste région fertile, à plus de 900 m. Ce plateau va des falaises du Jourdain au désert de Syrie. La gorge du Yabboq le coupe en deux, et le Yarmouk en partage à nouveau la section septentrionale, immédiatement au sud du lac de Tibériade.

5. Les principales routes de la Palestine (plusieurs sont nommées dans la Bible). La structure de la Palestine en a déterminé le tracé. La grande voie commerciale et militaire entre l’Égypte et les empires orientaux passait par la Palestine. Cette artère appelée « la Route de la Mer » (#Esa 8:22) (COLOMBE) ou « le Chemin du Pays des Philistins » (#Ex 13:17), traversait l’oued el-’Arish à proximité de son embouchure, suivait la côte jusqu’à Gaza, où elle rencontrait la route d’Élath et d’Arabie, puis, continuant à travers la plaine philistine, atteignait Asdod. Au-delà, l’artère bifurquait : une ramification, longeant la côte par Jaffa et Dor, contournait le Carmel en suivant la mer à la base du promontoire ; or, au-dessous du promontoire, le passage n’a que 180 m de large et des rochers le coupent. L’autre branche, la principale, partait d’Asdod, traversait Ekron et Lod, franchissait les montagnes et atteignait la plaine d’Esdraelon par l’un des 3 cols suivants :

 

a) la voie occidentale, débouchant près de Tell Keimun, conduisait à Acre, Tyr, Sidon, et plus au nord ;

b) la route centrale atteignait el-Lejjun (Meguiddo), traversait la plaine d’Esdraelon et la Basse Galilée jusqu’à la plaine de Génésareth, et suivait le Jourdain en amont ; ensuite, le chemin remontait la vallée de la rivière Leïtani, entre le Liban et l’Anti-Liban, et aboutissait à Hammath et au nord. Une autre ramification traversait le Jourdain entre le lac Houlé et la mer de Tibériade, et allait au nord-est, à Damas.

c) la 3e voie, la plus fréquentée, partant de la plaine maritime, passait de Dotân à Eyn-Gannim, où elle se divisait : un tronçon rejoignait la route de la Basse Galilée, déjà mentionnée. L’autre tronçon menait à Beth-Cheân, puis se divisant à son tour, conduisait en Galaad ou à Damas. Toutes les routes septentrionales permettaient d’atteindre Karkémich, sur l’Euphrate.

 

 

 

      Une autre artère allait de la plaine d’Esdraelon à l’Égypte. Traversant la région des collines, elle passait par la Samarie, Sichem, Béthel, Jérusalem, Bethléhem, Hébron, Beér-Chéba. Cette « route des crêtes », sur laquelle les patriarches circulaient souvent, est appelée la « Route d’Éphrata » surtout le tronçon près de Bethléhem (#Ge 35:19; 48:7). À cet endroit, la route bifurquait et l’on avait le choix des itinéraires : en obliquant à l’ouest, on atteignait la grand-route qui longeait la mer le chemin du pays des Philistins ; on pouvait aussi suivre le trajet de Rehoboth et d’Ain Muweileh, d’où la traversée du désert amenait en Égypte. Il semble qu’Agar ait emprunté cette route, « le chemin de Chour », la première fois qu’elle a quitté Sara (#Ge 16:7). Une route de Beth-Cheân à Édom descendait la vallée du Jourdain, et touchait Jéricho ; les voyageurs qui voulaient monter à Jérusalem prenaient à Jéricho le chemin raide accédant à la capitale. De Jéricho la route continuait, longeait la rive occidentale de la mer Morte, atteignait Eyn-Guédi, où elle rencontrait une route venant de Jérusalem et de Bethléhem. D’Eyn-Guédi, on arrivait en Édom et à Élath (Etsyon-Guéber), au fond du golfe d’Akaba sur la mer Rouge. La voie palestinienne rejoignait à Élath les routes de caravanes allant d’Égypte et de Gaza jusqu’en Arabie méridionale.

 

      À l’est du Jourdain, une route de caravanes, venant de Damas et suivant la lisière du désert, menait au sud vers l’Arabie ; voir Décapole. Cette voie était rejointe par diverses routes : une partant de Beth-Cheân et traversant Galaad ; une autre route descendant de Sichem à l’oued Far’ah, jusqu’au gué du Jourdain, en-dessous de l’embouchure du Yabboq, puis traversant Galaad et aboutissant à Rabba-Ammon ; une 3e enfin venant du gué voisin de Jéricho et passant par Hechbôn. À l’ouest du Jourdain, la Galilée était traversée par une voie se dirigeant presque droit à l’est, à partir d’Acre et rejoignant la route de Damas près de l’endroit où elle franchissait le Jourdain, à mi-chemin entre les eaux de Mérom et le lac de Tibériade. De la plaine maritime, il n’était point facile d’atteindre le haut plateau qu’occupaient les tribus de Benjamin et de Juda. Une route pourtant conduisait de la plaine de Saron et du Nahr el-Audjéh (situé près de Ras el-’Aïn, c’est-à-dire. Antipatris) au sud-est, dans la région des collines ; elles rencontraient le chemin de Samarie à Jérusalem, à un point situé à 3 km au sud-ouest de Béthel. Une voie de communication reliait le port de Jaffa à Jérusalem, par la vallée d’Ayalôn et Beth-Horon. D’Asdod à Jérusalem, le chemin le plus court passait par l’oued es-Sarar et Beth-Chémèch, mais on pouvait se rendre à Jérusalem, et à Bethléhem par l’oued es-Sant, plus loin que Soko. Les collines voisines d’Hébron étaient accessibles par l’oued el-’Afranj, près de Bei Djibrin, et par l’oued el-Hasi, à proximité de Tell el-Hasi près de Lakich. Voir l’Atlas de la Bible, éditions Sator-CLC-Emmaus, 1986, page 65. (Voir l’article suivant pour la suite).

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