Palestine (2)

09/03/2019 14:42

Palestine (2).

6. Climat et météorologie de la Palestine.

      Configuration. Étant donné la configuration du pays et ses contrastes, le climat est très variable. L’Hermon a des neiges éternelles, tandis que dans la vallée du Jourdain, Jéricho et Eyn-Guédi (au bord de la mer Morte) ont un climat tropical.

      Saisons et pluie. Cependant il existe 2 saisons principales : l’hiver, tempéré et pluvial, et l’été chaud et sec. Pendant l’hiver, il y a des périodes de fortes pluies ; au début de l’hiver elles ramollissent la terre desséchée et permettent labour et semailles, puis, les pluies de l’arrière-saison (en mars) font grossir les épis d’orge et de blé pour la moisson qui se fait en avril/mai (#Ru 1:22 ; #Joe 2:23). Sur la majeure partie de la chaîne centrale, les précipitations, lors d’une année normale, sont approximativement équivalentes à celles de l’Île de France (Paris) (600 mm par an). Au sud d’Hébron, elles diminuent rapidement. Voir l’Atlas de la Bible, éditions Sator-CLC-Emmaus, 1986, page 15.

      Vents. Les vents d’hiver qui amènent les nuages et les pluies, viennent de l’ouest (voir #1R 18:41-46), tandis que l’été les vents desséchants viennent d’Orient ou du Néguev (#Lu 12:54,55). Mais heureusement, les rosées très abondantes en été raniment la flore souvent fort éprouvée pendant le jour (voir #Jug 6:36-40 ; #2S 17:12). Voir Temps, Vent, Vent d’Orient.

      Sources et puits. La pluie renouvelle régulièrement les nappes phréatiques, de sorte que beaucoup de sources coulent dans le pays (#De 8:7). Certaines d’entre elles sont même intarrissables, même si la sécheresse a sévi pendant 3 ans (#1R 18:5). En Palestine, on compte quelque 70 endroits dont le nom commence par Aïn ou Eyn (= source) et une soixantaine de Beer-… (= puits). Les périodes de sécheresse furent parfois  —  mais pas toujours  —  un jugement de Dieu (#Ge 12:10; 26:1; 41:57 avec #1R 17:1).

      Déserts. Venus de la Méditerranée, les nuages déchargent leurs pluies sur le versant ouest et sur les sommets de la chaîne centrale. Le côté est de cette chaîne est donc privé de pluie, surtout les versants des montagnes le long de la mer Morte. Cette région s’appelle le Désert de Juda (#Ps 63 (titre) ; #Mr 1:12,13).

      Température. En janvier, mois le plus froid à Jérusalem, les températures extrêmes sont en général + 10 et-2 degrés centigrades. En août, la température moyenne est de 26 degrés à Jérusalem ; dans cette ville, le maximum atteint 33o à l’ombre (parfois jusqu’à 40o). À Jéricho, en juillet, il y plus de 38o ; en août, le thermomètre marque 48o ; voir Année. En juillet, la température moyenne pour le pays est de 23,6o, en hiver elle est de 15.5o.

7. Flore de la Palestine. La richesse extraordinaire de la flore, où figurent des plantes de plusieurs latidudes, provient de la diversité géographique et climatique. Tristram a prouvé que, de 3002 plantes à fleurs et fougères palestiniennes connues, 2563 sont paléoarctiques ; la plupart appartiennent à la zone méditerranéenne ; 161 sont originaires d’Éthiopie, 27 des Indes, 251 sont particulières à la Palestine. Des montagnes du Taurus à la région méridionale de la péninsule du Sinaï, et entre la Méditerranée et le désert de Syrie, le Dr Post a trouvé 850 genres et environ 3500 espèces. La végétation de la Palestine a beaucoup changé depuis les temps biblique Pendant les longues périodes des Juges et des rois, le pays était recouvert de forêts des deux côtés du Jourdain et en particulier sur les hauteurs moyennes. Les versets suivants l’indiquent clairement : #Jos 17:14-18 ; #2S 18:8 ; #2R 2:23,24. C’est après la destruction des cinq villes de la plaine que la Vallée du Jourdain semble être devenue plutôt désertique. Auparavant, elle était comme un Jardin d’Éden (#Ge 13:10). Seules quelques oasis (par exemple Jéricho) sont des endroits fertiles (#2R 2:19-22). Une jungle, qui, à l’époque, abritait des fauves (#Jér 49:19; 50:44), couvrait les rives du Jourdain (#2R 6:1-7). Voir l’Atlas de la Bible, éditions Sator-CLC-Emmaus, 1986, page 17.

8. Faune de la Palestine. La répartition des diverses espèces d’animaux correspond à celle des plantes palestiniennes. Des 113 espèces connues de mammifères palestiniens, Tristram a découvert que 55 appartiennent à la région paléoarctique, dont font aussi partie les espèces européennes ; 34 sont originaires d’Éthiopie, 16 des Indes, 13 sont propres à la Palestine. La même espèce est parfois de 2 régions. De 348 espèces d’oiseaux, 271 sont paléoarctiques, 40 éthiopiennes, 7 indiennes, 30 particulières à la Palestine. De 91 espèces de reptiles et d’amphibies, 49 sont paléoarctiques, 27 éthiopiennes, 4 indiennes, 11 particulières à la Palestine. De 43 espèces de poissons d’eau douce, 8 sont paléoarctiques, 2 éthiopiennes, 7 indiennes, 26 propres à la Palestine. Qu’il s’agisse de plantes ou d’animaux, les types africains et indiens se trouvent surtout dans le bassin de la mer Morte et, en proportion moindre, dans la basse vallée du Jourdain. Tout au long des récits historiques de la Bible, il existe de nombreuses références à la faune. Quelques listes de bêtes, d’oiseaux, de reptiles et de poissons (#Lé 11 ; #De 14), posent certains problèmes d’identification aux traducteurs de la Bible. Voir Animaux.

9. Ethnologie de la Palestine. Depuis que les archéologues fouillent la Palestine, nous connaissons bien mieux l’histoire des hommes de ce pays. On a trouvé des restes d’hommes dits néolithiques, surtout en Transjordanie, ainsi qu’à Jéricho (cultures tahunienne, jérichoenne) vestiges importants, bien antérieurs à la période biblique.

      On a aussi mis au jour beaucoup de traces chalcolithiques (4500-3000 avant Jésus-Christ) (dont des ghassouliennes), dont certaines sont juste au nord de la mer Morte en face de Jéricho, de l’autre côté du Jourdain. Déjà à cette époque lointaine les maisons de briques crues étaient ornées d’étonnantes et artistiques peintures murales.

      Après la culture chalcolithique, nous abordons l’histoire proprement dite et trouvons des restes de l’âge du bronze et de l’histoire des Cananéens qui ont laissé d’abondants vestiges de leur civilisation. Les aborigènes, vigoureux, de haute taille, étaient les Anaqim (#Jos 11:21,22), les Rephaïm (#Ge 14:5), les Emim, les Zamzoummim, les Horiens (Horites ; #De 2:10-23). Des traces de la population autochtone existaient encore à l’époque de la monarchie (#2S 21:16-22).

      Lors de l’arrivée d’Abraham, le pays était occupé surtout par les Amoréens et par d’autres tribus cananéennes moins importantes. Un groupe autochtone de Philistins, différents de ceux de Kaphtor, et des Phéniciens étaient établis le long de la côte maritime. Des Hittites habitaient sur la frontière septentrionale et à Hébron. Les Philistins vinrent de l’ouest, probablement de la Crète, vers le XIIe siècle avant Jésus-Christ. Les Cananéens et les Phéniciens, qui étaient d’origine cananéenne, parlaient une langue sémitique. Dirigés par Moïse, puis par Josué, les Hébreux vainquirent ces peuples, mais ne les détruisirent pas entièrement. L’assimilation occassionnelle d’Édomites, d’Ammonites, de Moabites, par la conquête et l’immigration, ne modifia pas la race des Hébreux, car ces peuples étaient Sémites et descendaient d’Abraham. La conquête de tribus araméennes ne fit qu’ajouter d’autres Sémites à la communauté d’Israël. Après la chute de Samarie, les Assyriens déportèrent les tribus israélites du nord et de l’est et les remplacèrent par des colons de Hamath, de Babylonie et d’Élam (#2R 17:24 ; #Esd 4:9). C’étaient, pour la plupart, des Sémites et des Aryens. De nombreux Grecs pénétrèrent en Palestine à la suite d’Alexandre le Grand, s’établirent à Akko, qu’ils appelèrent Ptolémaïs, bâtirent les villes grecques de la Décapole, introduisirent en une certaine mesure la langue, les coutumes et la culture de la Grèce. Plus tard des Romains, fonctionnaires et soldats occupèrent le pays et y fondèrent des colonies. De 633 à 640 après Jésus-Christ, les musulmans soumirent la Palestine. Une bataille décisive eut lieu au Yarmouk (636) ; Jérusalem tomba en 638 ; voir Jérusalem III, 3. Des colonies fondées par des soldats arabes s’implantèrent dans les villes et les villages. En 1517, les Turcs s’emparèrent de la Palestine, mais les Juifs ne se mêlèrent pas aux musulmans. Cette domination cessa en 1917, lorsque l’armée britannique occupa la Terre Sainte. La Grande-Bretagne favorisa alors la création d’un foyer national juif et l’immigration israélite. Le 15 mai 1948, la Puissance Mandataire abandonna le contrôle de la Palestine. David Ben Gurion proclama immédiatement l’État d’Israël, tandis qu’une partie du pays et la vieille ville de Jérusalem étaient jointes à l’État de Transjordanie. Voir Israël III.

10. Histoire de la Palestine. L’histoire primitive du pays avant l’arrivée d’Abraham est obscure. Le annales hébreu, nous l’avons dit, mentionnent les races qui habitèrent successivement le pays. Les souverains de la Babylonie commencèrent très tôt à diriger des expéditions vers l’ouest. La campagne de Kedorlaomer en Palestine orientale, au temps d’Abraham, est décrite dans #Ge 14. Les Babyloniens firent de leur culture, de leur langue, de l’écriture cunéiforme, des moyens de contacts internationaux. Après avoir chassé les Hyksos de la vallée du Nil, les grands Pharaons de la XVIIIe dynastie étendirent leur domination et atteignirent l’Asie. Thoutmès III conquit le pays de Canaan et rendit tributaires les peuples qu’il asservit, jusqu’à l’Euphrate. Sous les règnes d’Aménophis III et IV, des troupes égyptiennes occupèrent le pays de Canaan et des fonctionnaires égyptiens le gouvernèrent. Plus tard, l’Égypte s’affaiblit. Les Hittites menacèrent la frontière septentrionale, l’anarchie prévalut en plusieurs régions, l’insécurité gêna les voyages, certains États tributaires se rebellèrent, et diverses tribus agrandirent leur territoire au détriment de l’Égypte. Sethi I traversa la Palestine et livra bataille aux Hittites, sur l’Oronte ; Ramsès II envahit de nouveau le pays, mais, en 1272 avant Jésus-Christ, il conclut un traité d’égal à égal avec les Hittites. À la mort de Ramsès II, des révoltes éclatèrent. Merneptah pacifia le pays. Pour l’Exode, voir Égypte III, 8. Sous le commandement de Moïse, les Israélites s’emparèrent du territoire situé à l’est du Jourdain. L’année suivante, sous Josué, ils traversèrent le fleuve, et firent plusieurs campagnes en Canaan, où ils s’établirent. Dès lors, jusqu’à la destruction de Jérusalem au 1er siècle de l’ère chrétien, l’histoire de la Palestine est en grande partie celle du peuple hébreu ; voir Histoire.

11. Topographie de la Palestine. On a évalué que la Bible et les apocryphes mentionnent 622 villes à l’ouest du Jourdain. Les noms géographiques cités dans les listes de Thoutmès III, Sethi I, Ramsès II et Sheshonq I (Chichaq) à Karnak, sont fort importants pour la localisation des lieux palestiniens. Ces citations projettent une vive lumière sur la topographie de la Palestine et sur le livre de Josué. Les tablettes de Tell el-Amarna ont les noms de villes palestiniennes à l’époque d’Amenophis III et IV. Les documents assyriens contiennent des allusions plus tardives aux mêmes lieux, surtout ceux qui rapportent les expéditions de Palestine. Eusèbe, évêque de Césarée (première moitié du IVe siècle après Jésus-Christ) écrivit un traité des noms de lieux figurant dans les Saintes Écritures. Jérôme, séjournant à Bethléhem un siècle plus tard, le traduisit et l’augmenta. Cet ouvrage est appelé l’« Onomasticon d’Eusèbe et de Jérôme ». Ces érudits fournissent des renseignements souvent précieux, parfois absurdes, sur la situation d’anciens lieux palestiniens.

      Reland fit des recherches, qu’il publia en 1714.Les voyages de Seetzen et de Burckhardt, particulièrement à l’est du Jourdain au début du XIXe siècle, ouvrirent la voie au professeur Robinson, qui poursuivit systématiquement une exploration scientifique de la Palestine en 1838. En demandant aux natifs les noms de ruines, ou de certains villages encore habités, il s’aperçut que ces lieux portaient souvent, sous une forme arabe, les anciens noms hébreux. Robinson, aidé d’un missionnaire appelé Smith, fit ainsi de très importantes découvertes sur la topographie de la Palestine. En 1841, il publia, en 3 volumes in-octavo, le résultat de leurs investigations ; en 1856 parut un nouveau volume intitulé « Later Biblical Researches ». L’auteur avait apporté à toutes ces recherches une grande pénétration, un jugement sûr, des connaissances approfondies. Nombre de ses conclusions sont maintenant admises.

      En 1865, une société nommée « The Palestine Exploration Fund » se constitua en Angleterre, afin de poursuivre, dans un esprit scientifique, toutes sortes de recherches en Terre Sainte. La société dirigea les relevés topographiques d’une grande partie de la Palestine et dressa, en 26 planches, une magnifique carte du pays. La même association a effectué diverses fouilles. En 1900 fut créé en Palestine le centre d’études appelé « American School of Oriental Study and Research ». En 1921, une école analogue s’ouvrit à Bagdad. Les 2 établissements s’associèrent sous le nom d’« American Schools of Oriental Research ». Du côté catholique, citons la fameuse École biblique française de Jérusalem.

 

12. Fouilles archéologiques en Palestine. Au début du 19e siècle, dès la découverte et la traduction de la Pierre de Rosette et de l’inscription du Rocher de Behistoun (voir Archéologie), l’intérêt allait croissant pour les civilisations passées du Proche-Orient. L’Égypte, puis la Mésopotamie (Iraq), attirèrent les fouilleurs, mais la Syrie, la Transjordanie et la Palestine captivèrent aussi et très rapidement l’intérêt des archéologues. Aussitôt que Robinson eut publié les résultats de ses découvertes topographiques (voir 11. Topographie de la Palestine), la Palestine devint le théâtre de nombreuses fouilles.

      Après les explorateurs pionniers (tels Reland, Burkhardt, Robinson) (voir plus haut), toute une série de fouilleurs ont poursuivi la tâche : au 19e siècle, nous pensons à Victor Guérin (France), F. de Saulcy (France), Charles Warren (Grande Bretagne), Ch. Clermont-Ganneau (France), Conder et Kitchener (Grande Bretagne), G. Schumacher (D), Flinders Petrie (Grande Bretagne) et F. J. Bliss (USA). Au 20e siècle : Macalister (Irlande), Sellin (D), Reiner et Fisher (USA). Garstang (Grande Bretagne), Kenyon (Grande Bretagne) et Yadin (Israélien).

Les résultats des recherches furent publiés et les spécialistes de la Bible commencèrent alors à comprendre encore mieux l’histoire des Israélites en Palestine. De plus, les grandes lignes de la Bible ainsi que beaucoup de petits détails mentionnés dans le livre ont sans cesse été confirmés.

      Les restes de la plupart des grandes villes bibliques de la Palestine ont été exhumés : Arad, Beer-Chéba, Debir, Beth-Chémèch, Lakich, Guézer, Jérusalem, Jéricho, Béthel, Guibea, Gabaon, Sichem, Samarie, Dotân, Meguiddo, Beth-Cheân, Capernaüm, Chorazin, Hatsor. Sur ces sites, beaucoup de vestiges remontent aux temps de la Conquête (BR), des Juges (Fer I) et de la Monarchie (Fer II).

      Parmi les découvertes d’inscriptions ou de sculptures de première importance, nous recensons : les ostraca de Samarie, de Lakich et d’Arad, le calendrier de Guézer, les inscriptions protosinaïtiques de Lakich, la Stèle de Mécha (trouvée en Jordanie), la plaque du Temple, certains sceaux ou des impressions de sceau  —  Chema, Guedalia, Baruch, Yaazaniahou, etc., l’aqueduc d’Ézéchias à Jérusalem avec l’inscription de Siloé, et évidemment, les manuscrits de la mer Morte.

      Parmi les vestiges d’architecture les plus notables, citons la forteresse du roi Saül à Guibea (#1S 10:26), les restes d’un temple de Dagon à Beth-Cheân (#1Ch 10:10), des pans de la muraille yebousienne et davidique de la Cité de David (#2S 5:9), les restes des portes salomoniennes de Hatsor, Meguiddo et Guézer (#1R 9:15), le palais d’Omir et d’Achab à Samarie (#1R 16:24; 22:39). Pour plus d’information, voir sous Guibea ; Beth-Cheân ; Cité de David ; Hatsor ; Meguiddo ; Guézer ; Samarie.

 

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