Paul (1 de 6)

06/11/2018 08:03

Paul (1), grec Paulos, latin Paulus : petit. Le principal apôtre des gentils.

1. Origine et famille. Son nom juif était Saul (hébreu cha’oul, grec Saoul). À partir de la conversion de Sergius Paulus, proconsul de Chypre, les Actes donnent à Saul le nom de Paul (#Ac 13:9). Dans ses épîtres, l’apôtre se nomme toujours Paul. On a supposé qu’il choisit le nom de Paul à cause de la conversion du proconsul. Assertion fort improbable et ne tenant pas compte de la manière dont Luc introduit dans les Actes le nom romain de l’apôtre ; en fait il l’emploie dès l’instant où commence parmi les gentils l’œuvre de celui qu’ils appelaient Paul. Il est plus vraisemblable que Paul ait eu, dès le début, les 2 noms. Il en était ainsi de nombreux Juifs, surtout de ceux de la Dispersion (#Ac 1:23; 12:12 ; #Col 4:11). Saul naquit à Tarse, principale ville de la Cilicie (#Ac 9:11; 21:39; 22:3). Il appartenait à la tribu de Benjamin (#Ph 3:5). On ne sait pas exactement pourquoi la famille vint habiter Tarse. Une tradition fort ancienne rapporte qu’elle quitta Gischala, en Galilée, quand les Romains s’en furent emparés. Il se pourrait cependant qu’à une époque antérieure, cette famille eût fait partie d’une colonie que l’un des rois de Syrie établit à Tarse (cf. Ramsay, St Paul the Traveler, page 31). Mais peut-être la famille émigra-t-elle volontairement, par nécessité commerciale, comme beaucoup d’autres familles juives. La parenté de Paul semble avoir été nombreuse et influente. Dans #Ro 16:7,11, Paul fait saluer 3 de ses parents : il dit d’Andronicus et de Junias qu’ils sont très estimés parmi les apôtres et qu’ils ont été en Christ avant lui. #Ac 23:16 nous apprend que le fils de la sœur de Paul (qui paraît avoir résidé à Jérusalem, peut-être avec sa mère), révéla au tribun le complot tramé contre son oncle. Cet épisode permet de penser que le jeune homme était apparenté à quelques-unes des familles en vue. Le rôle important de Paul, malgré sa jeunesse, lors du martyre d’Étienne, confirme cette supposition. Paul était sans doute déjà membre du Sanhédrin (#Ac 26:10) et le souverain sacrificateur le chargea de persécuter les chrétiens (#Ac 9:1,2; 22:5). Les paroles mêmes de l’apôtre (#Ph 3:4-7) prouvent que, personnage important, ayant au début de sa carrière la perspective des honneurs et la fortune, il n’appartenait pas à une famille obscure. Élevé dans l’obéissance à la Loi et la piété juive traditionnelle, car son père était pharisien de stricte observance (#Ac 23:6), Paul possédait cependant depuis sa naissance la qualité de citoyen romain. Nous ne savons pas en vertu de quoi ce droit fut conféré à l’un de ses ascendants, si ce fut la récompense de services rendus à l’État, ou un privilège acquis à prix d’argent. Ainsi s’explique peut-être le nom latin de Paul. En tout cas, ce titre l’aida dans son apostolat et lui sauva la vie plus d’une fois.

2. Formation morale et intellectuelle. Tarse, l’une des capitales intellectuelles de l’époque, était un centre de culture grec. Le stoïcisme y était en vogue. Il est cependant peu probablement que Saul ait suivi les écoles grecques ; ses parents, Juifs austères, l’envoyèrent très tôt étudier à Jérusalem. Les jeunes Juifs apprenaient un métier. Saul exerça celui de fabricant de tentes (#Ac 18:3). Il déclare (#Ac 22:3) avoir été élevé à Jérusalem, où il dut arriver fort jeune. L’éducation qu’il y reçut l’ancra profondément dans les traditions des pharisiens. On l’instruisit « dans la connaissance exacte de la loi de ses pères » (#Ac 22:3). L’un des plus célèbres rabbins de l’époque Gamaliel, petit-fils de l’illustre Hillel, fut son maître. Un discours de Gamaliel (#Ac 5:34-39) empêcha le Sanhédrin de condamner les apôtres à mort. Bien que pharisien, le grand rabbin ne repoussait pas toute culture grecque, et montrait un esprit tolérant. À ses pieds, le jeune Saul étudia non seulement l’Ancien Testament, mais aussi les subtilités des interprétations rabbiniques. Il se lança avec ardeur dans le judaïsme, étant animé d’un zèle excessif pour les traditions de ses pères (#Ga 1:14). Versé dans la religion et la culture juives, brillamment doué, membre d’une famille distinguée, le bouillant jeune pharisien était préparé à remplir de hautes fonctions au sein de son peuple.

3. Saul persécuteur. Les faux témoins qui lapidaient Étienne, chargèrent le jeune Saul de garder leurs vêtements (#Ac 7:58). Si le rôle de Saul n’avait pas un caractère officiel, le récit implique cependant que le jeune homme participa de propos délibéré à un tel meurtre (#Ac 8:1). Saul fut assurément l’un des Juifs hellénistes mentionnés dans #Ac 6:9-14 comme étant les instigateurs du martyre. Saul devait certainement haïr déjà les adeptes de cette nouvelle secte, mépriser leur Messie, et les estimer dangereux sur le plan politique et religieux. Plein d’un fanatisme amer et convaincu, il était prêt à les faire mourir. Tôt après la mort d’Étienne, Saul organise les persécutions contre les chrétiens (#Ac 8:3; 22:4; 26:10,11 ; #1Co 15:9 ; #Ga 1:13 ; #Ph 3:6 ; #1Ti 1:13). L’égarement de sa conscience le pousse à agir avec l’acharnement d’un inquisiteur. Non content de sévir à Jérusalem, il demande au souverain sacrificateur des lettres pour les synagogues de Damas, afin d’amener à Jérusalem les chrétiens d’origine juive qu’il veut faire enchaîner (#Ac 9:1,2). Les Juifs administraient dans une grande mesure leurs affaires intérieures, avec l’autorisation des Romains. À Damas, placée sous le contrôle d’Arétas, roi des Nabatéens, le gouverneur était particulièrement favorable aux Juifs (#Ac 9:23,24 ; #2Co 11:32) ; l’intervention de Saul dans cette ville est donc tout à fait plausible. Le témoignage formel de Luc, corroboré par Paul lui-même, révèle que ce dernier, jusqu’au moment de sa conversion, exécrait les chrétiens et croyait servir Dieu en les persécutant.

4. Conversion soudaine de Saul, sur le chemin de Damas (#Ac 9:1-19). Le persécuteur et ses compagnons suivirent, probablement à cheval, la route allant de Galilée à Damas, au travers de régions désertiques. Ils atteignirent vers midi les belles campagnes bien irriguées qui entouraient Damas ; le soleil était au zénith (#Ac 26:13). Tout à coup, vient du ciel une lumière fulgurante, plus éblouissante que celle du soleil, et les voyageurs tombent par terre (#Ac 26:14). Paul reste prostré, semble-t-il, tandis que ses compagnons se relèvent (#Ac 9:7). Une voix, jaillissant de la lumière, prononce en hébreu : « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? Il te serait dur de regimber contre les aiguillons » (#Ac 26:14). Saul dit : « Qui es-tu, Seigneur ? » La voix répond : « Je suis Jésus, que tu persécutes » (#Ac 26:15). « Relève-toi, entre dans la ville et on te dira ce que tu dois faire » (#Ac 9:6; 22:10). Les compagnons de Paul entendent quelque chose (#Ac 9:7), mais lui seul comprend ce que la voix dit (#Ac 22:9). La lumière a frappé Saul de cécité. On le conduit par la main à Damas, dans la maison d’un nommé Judas (#Ac 9:11), où il reste 3 jours sans voir, et sans manger ni boire. Il prie (#Ac 22:9,11), cherche à saisir le sens de ce qui vient de lui arriver. Le 3e jour, le Seigneur ordonne à Ananias, chrétien d’origine juive, de se rendre auprès de Paul et de lui imposer les mains pour qu’il recouvre la vue. Ananias hésite, car il craint le persécuteur. Le Seigneur le rassure, lui révèle que Saul a été averti par une vision, et Ananias obéit. Saul confesse sa foi en Jésus, recouvre la vue, accepte le baptême. Avec l’énergie qui le caractérise, et au grand étonnement des Juifs, il se met immédiatement à proclamer dans les synagogues que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu (#Ac 9:10-22).

      Les Actes donnent 3 relations de cette conversion : le récit de Luc (#Ac 9:3-22) ; celui de Paul aux Juifs (#Ac 22:1-16), puis son témoignage devant Festus et Agrippa (#Ac 26:1-20). Les 3 récits concordent si bien que chacun insiste sur des détails qui manquent dans les autres. Le narrateur vise chaque fois un but particulier. Dans les épîtres, Paul fait souvent allusion à sa conversion, qu’il attribue à la grâce et à la puissance de Dieu (#1Co 9:1,16; 15:8-10 ; #Ga 1:12-16 ; #Ep 3:1-8 ; #Ph 3:5-7; #1Ti 1:12-16 ; #2Ti 1:9-11). Les témoignages les plus probants attestent donc cette conversion. Il est certain aussi que Jésus ne se borna pas à adresser la parole à Saul : il lui apparut (#Ac 9:17,27; 22:14; 26:16 ; #1Co 9:1). La forme de son apparition ne nous est pas décrite, mais il est évident qu’elle fut glorieuse : le pharisien comprit immédiatement que le Crucifié était le Fils de Dieu. Il parle de la « vision céleste » (#Ac 26:19), expression ne se trouvant que dans #Lu 1:22; 24:23, et décrivant une manifestation angélique et surnaturelle. Dire que Saul a été le jouet d’une illusion, est une allégation denuée de fondement. D’ailleurs, ce n’est pas seulement l’apparition du Christ qui l’a converti. Ce revirement se produisit grâce à l’œuvre de l’Esprit dans le cœur de Saul, rendu capable de saisir et d’accepter la vérité, qui lui avait été révélée (cf. en particulier #Ga 1:1,15 et suivants). Dieu se servit enfin d’Ananias pour mettre le nouveau converti en rapport avec l’Église naissante. Les diverses théories rationalistes qui essayent d’expliquer la conversion de Saul, sans tenir compte de l’intervention personnelle et surnaturelle de Christ, se heurtent au témoignage de l’apôtre. Il déclare que, jusqu’à sa conversion, il avait estimé devoir persécuter les chrétiens par loyauté envers le judaïsme. Il affirme que sa conversion est due à la puissance et à la grâce souveraine de Dieu. La phrase « Il te serait dur de regimber contre les aiguillons » (#Ac 26:14), n’implique pas que le pharisien ait été persécuteur malgré lui, ou qu’il ait déjà tenu le christianisme pour vrai. Cette phrase dépeint l’inanité de la résistance à Dieu, qui, à l’insu de Saul, l’avait préparé à sa tâche future. La condition de citoyen romain, l’éducation rabbinique, les dons intellectuels faisaient de ce nouveau disciple un instrument qualifié. On pense avec raison que Saul, malgré son zèle, n’avait pas trouvé dans le judaïsme la paix de l’âme (#Ro 7:7-25). La soudaineté de sa conversion doit lui avoir fait éprouver avec force que le salut vient entièrement de la grâce de Dieu, manifestée en Christ. Son expérience religieuse même contribuait à faire de lui le grand interprète de l’Évangile, à proclamer que seule la foi personnelle en l’œuvre expiatoire de Christ justifie le pécheur.

5. Débuts de sa vie chrétienne. Dès sa conversion, Saul se mit à annoncer l’Évangile. Son caractère énergique l’y poussait et aussi la révélation du dessein de Dieu, qui l’appelait à l’apostolat (#Ac 9:15; 26:16-20 ; #Ga 1:15,16). Il prêcha Christ avec succès dans les synagogues de Damas (#Ac 9:20-22). Les Juifs de la ville, soutenus par le gouverneur, décidèrent de tuer Saul (#2Co 11:32). Les disciples lui sauvèrent la vie en le descendant de nuit dans une corbeille, le long de la muraille (#Ac 9:23-25 ; #2Co 11:33). Au lieu de retourner à Jérusalem, il se rendit en Arabie, puis revint à Damas (#Ga 1:17). Nous ne savons pas en quel endroit de l’Arabie il séjourna, ni combien de temps, ni ce qu’il y fit ; il s’y livra probablement à la méditation et à la prière, dans l’isole ment. Trois ans après sa conversion, il alla de Damas à Jérusalem, « afin de faire la connaissance de Pierre » (#Ga 1:18). Il ne séjourna alors que 15 jours à Jérusalem, et ne vit aucun autre apôtre, si ce n’est Jacques le frère du Seigneur (#Ga 1:19). Luc donne quelques détails supplémentaires (#Ac 9:26-29). Les chrétiens de Jérusalem avaient peur de Saul et ne croyaient pas qu’il fût disciple du Christ. Mais Barnabas, avec la générosité qui le caractérisait, présenta Saul aux apôtres, leur raconta sa conversion et les souffrances qu’il endurait à cause de ce revirement. L’ancien persécuteur annonçait hardiment l’Évangile et voulait convaincre les Juifs hellénistes, ses amis d’autrefois (#Ac 9:28,29), qui cherchèrent à le tuer. C’est pourquoi les disciples emmenèrent Saul à Césarée, d’où il se rendit à Tarse (#Ac 9:30 ; #Ga 1:21). Le Seigneur lui était apparu dans le Temple, à Jérusalem, et lui avait révélé que son apostolat s’exercerait parmi les païens (#Ac 22:17-21). Certains exégètes ont prétendu que les passages des Actes se rapportant à cette visite à Jérusalem ne concordaient pas avec ceux de l’épître aux Galates. Pourtant les 2 récits s’harmonisent facilement. Il est fort probablement que Saul, voulant travailler de concert avec les Douze, a désiré s’entretenir avec Pierre, qui occupait le premier plan. La méfiance des chrétiens de Jérusalem à l’égard de l’ancien pharisien était bien naturelle ; et le geste de Barnabas, Juif helléniste comme Paul, s’accorde avec son attitude ultérieure. En outre, 2 semaines passées à Jérusalem ont suffi au déroulement des faits rapportés par les Actes. L’ordre de départ que le Seigneur adressa à Saul confirme la brièveté de ce séjour (#Ac 22:18). Le passage de Luc, mentionnant que Barnabas « mena Saul vers les apôtres » ne contredit pas l’affirmation de #Ga 1:18-19, selon laquelle Saul ne s’est entretenu qu’avec Pierre et Jacques. Ces 2 personnages (le second est aussi appelé « une colonne » #Ga 2:9) représentaient en l’occurrence le corps apostolique. C’est ce que Luc a voulu dire. En tout cas, Saul et les chefs de l’Église de Jérusalem comprirent alors nettement que Christ destinait le nouveau disciple à être l’apôtre des gentils. Il ne paraît pas qu’on se soit préoccupé à ce moment-là de l’attitude que prendraient les convertis issus du paganisme à l’égard de la Loi mosaïque. On ne prévoyait pas non plus quelle serait l’importance de la mission de Paul, mais on reconnut son mandat ; sa vie étant en danger, on le fit partir pour Tarse (#Ac 9:30) (voir l’aricle suivant pour la suite).

 

 

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