Pureté, pur.

23/05/2017 16:08

Pureté, pur.

      À l’origine dans la Bible, la pureté est cérémonielle. Elle s’obtient par certaines ablutions et purifications prescrites à l’adorateur lors de l’accomplissement de ses devoirs religieux. Les rites de purification existaient aussi dans les autres religions, mais ils n’avaient qu’une signification cérémonielle, pas morale.

      En Israël, la plupart des purifications cérémonielles avaient un but à la fois sanitaire et moral. Ces règles de purification furent codifiées et énumérées dans la loi de Moïse, bien que l’injonction à la pureté apparaisse déjà dans #Ge 35:2 et #Ex 19:14. Les prophètes attachèrent à la pureté un sens surtout moral. Dans le Nouveau Testament, avec l’enseignement de Jésus-Christ et l’arrivée du Saint-Esprit, la pureté prit un sens spirituel.

      Vocabulaire.

1. Au sens propre, le verbe grec hagnizô (= purifier) et le nom hagnismos (= purification) sont employés pour la purification cérémonielle des Juifs (avant la fête de la Pâque : #Jn 11:55. Paul s’est purifié à l’occasion du vœu de naziréat de frères juifs : #Ac 21:24-26; 24:18). Dans #Ja 4:8 ; #1P 1:22 et #1Jn 3:3, hagnizô désigne la pureté morale. L’adjectif hagnos (= pur) est complètement absent des évangiles, de l’épître aux Hébreux et de l’Apocalypse. On ne le trouve que dans les épîtres où il signifie

a) chaste (#2Co 11:2 ; #Tit 2:5) ;

b) innocent (#2Co 7:11) ;

c) honnête, intègre. Se dit de Jésus-Christ (#1Jn 3:3) et des chrétiens (#Ph 4:8 ; #1Ti 5:22 ; #1P 3:2). Le serviteur de Dieu a des intentions pures (#Ph 1:17). La sagesse est pure #Ja 3:17

  Le substantif hagneia désigne la pureté morale et la perfection : Paul exhorte Timothée à être un bon modèle en parole, conduite, et en pureté (#1Ti 4:12 ; dans ce contexte, le mot a certainement une connotation sexuelle : sa vie doit trancher d’avec celle des jeunes païens en ce domaine). Il doit exhorter les jeunes femmes en toute pureté (#1Ti 5:2), c’est-à-dire sans que des pensées et des sentiments étrangers à la sphère spirituelle troublent ses relations fraternelles.

      Dans le Nouveau Testament, la purification cérémonielle ne joue plus un grand rôle. Seule la communauté judéo-chrétienne de Jérusalem va encore au Temple et observe le rituel de purification (#Ac 21:18-26). Dans ce domaine, les Églises d’origine païenne n’avaient qu’un minimum de contraintes d’ailleurs extérieures aux rites du Temple : interdiction de consommer du sang et des viandes sacrifiées aux idoles, éviter l’inconduite (#Ac 15:28-29). La pureté prend surtout un sens moral : Jésus-Christ est pur et les chrétiens, qui sont ses enfants, doivent l’être aussi. Avec Jésus-Christ, la pureté extérieure des sacrifices devient intérieure.

2. Le mot katharos et ses dérivés se trouvent dans presque tout le Nouveau Testament Ces mots apparaissent le plus souvent dans les synoptiques, l’épître aux Hébreux et les épîtres pastorales. Paul les utilise rarement. Ils s’appliquent à la pureté physique (#Mt 8:2-4 ; #Ap 15:6), cérémonielle (#Lu 17:14) et spirituelle (#Mt 5:8).

      Tant dans l’Ancien que dans le Nouveau Testament, un cœur consacré à Dieu est pur. Il est semblable à de l’eau limpide ou à de l’or débarrassé de ses impuretés qui, en l’occurrence, sont l’infidélité, les conflits d’intérêts, les sentiments mélangés, l’hypocrisie et l’insécurité. Un cœur consacré connaît Dieu (voir Connaissance). Un cœur impur, qui entre en désaccord avec la nature et le caractère de Dieu, ne peut avoir de connaissance de Dieu.

      À travers la personne et le message de Jésus-Christ, le concept de pureté a pris un caractère nouveau :

a) en dénonçant la superficialité des lois rituelles juives (#Mt 23:25 et suivant), Jésus-Christ a montré que l’impureté ne venait pas de l’extérieur mais de l’intérieur de l’homme, de son cœur : « C’est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, prostitutions, vols, meurtres ( … ) »( #Mr 7:15-23). « Heureux ceux qui ont le cœur pur ! » (#Mt 5:8). Ainsi, il n’y a plus d’aliment impur en lui-même (#Mr 7:19), Jésus fréquente des péagers et des pécheurs (#Mr 2:13-17), il ne repousse pas le lépreux mais le guérit (#Lu 17:11-19), converse avec des Samaritains (#Jn 4) et même avec des païens (#Mt 8:5-13; 15:21-28). Il ne supprime pas les prescriptions judaïques (#Lu 17:14-17), mais il touche le cœur du judaïsme en donnant une compréhension spirituelle de la pureté ;

b) Dieu ne fait pas de différence entre Juifs et païens, car il purifie les cœurs par la foi (#Ac 15:9). Dans une vision, il a même appelé l’apôtre Pierre à ne pas considérer comme impur ce qu’il a déclaré pur (#Ac 10:15-17).

      Paul a compris que Jésus a prononcé la fin de la Loi et que la pureté cérémonielle était dépassée. Dans la discussion entre les forts et les faibles, c’est-à-dire entre ceux qui s’étaient dégagés de la Loi et les autres, les faibles préconisent l’interdiction de consommer des viandes offertes aux idoles. Mais Paul se met résolument du côté des forts : « Tout est pur » (#Ro 14:20 ; #Tit 1:15). Pour lui, l’observance de la Loi (par exemple le calendrier des jours de fête : #Ro 14:5 ; l’abstinence de vin : #Ro 14:21) ne vaut plus que par égard pour les frères faibles dans la foi.

      Dans les écrits johanniques, la notion de pureté est mise en rapport avec la mort expiatoire de Jésus : « Le sang de Jésus-Christ ( … ) nous purifie de tout péché » (#1Jn 1:7 ; cf. #Jn 1:9). Sa parole nous purifie ou nous émonde (#Jn 15:3). Pour Jean, appartenir à Jésus-Christ c’est devenir pur.

      L’épître aux Hébreux, qui interprète la mort de Jésus à l’aide de représentations cérémonielles de l’Ancien Testament, veut montrer la supériorité de la nouvelle alliance sur l’ancienne (#Hé 9:13-14), c’est-à-dire la purification du pécheur par le sang de Jésus-Christ (#Hé 1:3; 10:22). Son sacrifice valable une fois pour toutes, purifie des péchés.

      Dans les épîtres pastorales et catholiques (en particulier Jacques et 1 Pierre), la pureté prend un sens éthique. Dans 1 et 2 Timothée, Paul met l’accent sur un cœur et une conscience purifiés (#1Ti 1:5 ; #2Ti 2:22). Un cœur pur aime (#1Ti 1:5 ; cf. #1P 1:22). Pour Jacques, « la religion pure et sans tache consiste ( … ) à se garder des souillures du monde » (#Ja 1:27).

      L’Apocalypse parle de (fin) lin et d’or purs (#Ap 15:6; 19:8,14; 21:18,21), symboles de la pureté intérieure des croyants.

Dans un sens particulier, la pureté caractérise l’absence de dérèglement sexuel, quoique le Nouveau Testament ne condamne absolument pas les relations sexuelles à l’intérieur du mariage (#1Co 7:2-3 ; #Hé 13:4).

      Dans le Nouveau Testament, le corps  —  temple du Saint-Esprit  —  doit être pur (#1Co 6:19) : l’Évangile enseigne la maîtrise de soi et le renoncement. La pureté est l’obéissance qui soumet toute pensée, tout sentiment et toute action à l’autorité de Jésus-Christ. La pureté, qui est d’abord intérieure, s’étend à tous les domaines de la vie humaine. Elle sanctifie et contrôle tous les mouvements du corps et de l’esprit.

      L’histoire du mot pureté nous montre comment il a pris un sens résolument intérieur. Mais le légalisme ritualiste existe toujours : à travers les siècles, de nombreux mouvements ou sectes ont insisté sur la pureté extérieure ou cérémonielle, usant parfois de violence pour l’imposer. Parmi ces « purs » (grec katharoi), citons les Esséniens, les Marcionites, les Montanistes, les Manichéens, les Donatistes, les Cathares.

 

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