Ras Shamra.

25/11/2016 14:36

Ras Shamra.

 

      Site. Ce site, appelé souvent Ougarit (ou Ugarit) est situé en face de la pointe orientale de Chypre, au bord de la Méditerranée, à environ 40 km au sud-ouest d’Antioche de Syrie. Le site, découvert accidentellement par un paysan, a été fouillé de 1929-1939 et 1948-1973, principalement par Claude F. A. Schaeffer, qui y a trouvé un trésor archéologique inestimable.

 

      Occupation. Ras Shamra couvre quelque 50 hectares de terrain et a été occupé dès l’époque néolithique en passant par le chalcolithique, le bronze ancien et le bronze récent. Puis, au 12e siècle avant Jésus-Christ, la ville a été mise à sac, peut-être par les Peuples de la Mer, pour ne jamais plus être reconstruite. Claude F. A. Schaeffer s’est concentré sur les deux premières stratifications : la première, la plus fructueuse (1600-1200 avant Jésus-Christ) et la stratification No 2 (2100-1600).

 

      Découvertes. Des tombeaux royaux, deux grands temples, un palais de 900 m2 ainsi qu’un ensemble de bâtiments dans lesquels on a trouvé toutes sortes d’objets ont été mis au jour. Ces découvertes ont montré qu’Ougarit était autrefois un grand centre commercial qui entretenait des contacts importants avec l’Égypte, la Mésopotamie, les Hittites, la Crète et la civilisation mycénienne. Mais la découverte de très nombreuses tablettes a été d’une extrême importance pour mieux connaître la grossièreté de la religion cananéenne, dont une forme était pratiquée en Canaan avant la Conquête sous Josué.

 

      Divinités ougaritiques. El, Baal (le Haddad syrien, voir ce mot), Yam, Mot, Anat et Asherah étaient les principaux dieux et déesses. Les légendes qui les concernent nous donnent l’image d’une religion dépravée et dégradante et d’une mythologie sans morale. Ainsi nous comprenons mieux l’ordre donné par Dieu dans l’Ancien Testament : détruire les Cananéens qui adoraient de telles divinités (voir Divinités païennes). Cette éradication était pour Israël une question de vie ou de mort spirituelle.

      Danel. D’autres légendes (de Qeret, d’Aqat, etc.), ont un peu plus de sens. Certains exégètes prêtent un fondement historique à la légende d’Aqat, car ils pensent que le pieux roi Danel qui « juge le jugement de la veuve », ou « juge le jugement de l’orphelin », est le Danel (ou Daniel) dont parle le prophète Ézéchiel (#Ez 14:14; 28:3) (mais non pas Daniel, le contemporain d’Ézéchiel, exilé à Babylone).

 

      Cultes à Ras Shamra. Le culte ougaritique comportait un système de sacrifices dont le vocabulaire était très semblable à celui de Moïse dans le Lévitique. En effet, les prêtres offraient des « sacrifices consumés par le feu », des « holocaustes », des « sacrifices de communion », des « sacrifices pour le péché ». Toutefois, les sacrifices du culte ougaritique étaient offerts dans un tout autre but que ceux stipulés par Moïse.

 

      Ressemblances ou dissemblances. Certains commentateurs des textes de Ras Shamra, E. Jacob par exemple, tentent de mettre en parallèle la religion cananéenne et celle d’Israël, parlant  —  certes avec quelque hésitation  —  du « panthéon israélite », alors qu’il n’en existait pas ! Même si beaucoup d’Israélites étaient plutôt monolâtres ou hénothéistes que monothéistes, les similarités du langage poétique ne rapprochent pas les deux religions. Même si le Baal cananéen « chevauche des nues » et l’Éternel « chevauche un chérubin » (#Ps 18:11), nous ne devons pas pour autant penser qu’Israël assimilait l’Éternel à Baal.

 

      Des différences importantes ont été notées entre les deux sortes de cultes : les Cananéens faisaient cuire un chevreau dans le lait de sa mère (sans doute un rite magique destiné à augmenter la fécondité des troupeaux) et Moïse a ordonné par trois fois à Israël de se garder strictement de le faire (#Ex 23:19; 34:26 ; #De 14:21). De même, la légende de Qeret parle d’un sacrifice de miel et le Lévitique (#De 2:11) interdit l’emploi de miel lors des offrandes.

      Vrai intérêt des textes. Le véritable intérêt de ces textes réside dans le contraste entre les deux systèmes cultuels. Tous ces contrastes nous permettent de refuser les thèses libérales qui font remonter la composition du Lévitique au temps de l’exil. Le fait que les mêmes éléments de culte soient mentionnés, même par contraste, rapproche les deux religions dans le temps et dans l’espace. La date des textes ougaritiques, au 14e siècle, les rend plus ou moins contemporains du Pentateuque, aussi le rituel juif des livres de Moïse ne peut plus être regardé comme anachronique. C’est une raison de plus pour placer le Pentateuque au 15e ou au 13e siècle avant Jésus-Christ. De même il est parfaitement légitime de dater beaucoup de psaumes au temps de David vu les analogies de forme poétique entre les Psaumes et certaines poésies adressées à Baal.

 

      Traduction de la Bible. Dans un autre domaine, les textes ougaritiques ont été utiles pour la traduction plus exacte de quelques hapax legomenon (mots ou expressions qui ne reviennent qu’une fois) de la Bible. La découverte de certains d’entre eux, dans une langue si proche de l’hébreu, a facilité leur compréhension.

 

      Alphabet. En dernier lieu, l’invention et l’emploi d’un alphabet de 30 lettres par les scribes de Ras Shamra, ont facilité énormément la transcription de textes datant du monde de cette époque. On a trouvé plus de 1300 textes où cet alphabet a été employé. Peut-être que les scribes ougaritiques avaient été influencés par le travail de certains Cananéens habitant plus au sud, et ceux-là, à leur tour, par les gens qui employaient l’alphabet proto-sinaïtique ; mais l’émergence d’une écriture alphabétique à l’époque où Moïse écrivait la Torah, est de toute première importance. Ce fait révolutionnaire permettait à Israël la lecture et l’écriture de la Loi de l’Éternel, comme Moïse le lui avait prescrit (#De 17:18; 31:9-11). Voir Écriture.

 

 

Copyright Editions Emmaüs

https://cms.dieu-avant-tout-com.webnode.fr/

—————

Précédent