Romains (Épître aux).

25/05/2016 14:00
Romains (Épître aux). 
 
      Auteur. 
 
      L’apôtre Paul. Il a dicté l’épître à Tertius (#Ro 16:22). L’authenticité de l’épître n’a jamais été sérieusement contestée. On y reconnaît le caractère et le génie de Paul, qui le qualifiaient pour rédiger l’exposé le plus systématique et le plus complet des vérités du salut. On trouve des allusions ou des citations de cette lettre chez Clément de Rome, Ignace, Justin Martyr, Polycarpe, Hippolyte, Marcion, le Canon de Muratori, les Vers. Vieille Latine et Syriaque. Dès l’époque d’Irénée, l’épître est universellement reconnue comme paulinienne et canonique. Les preuves internes sont également très fortes. L’auteur affirme être Paul (#Ro 1:1) ; ce qu’il dit de lui-même ne s’applique qu’au grand apôtre des païens (#Ro 11:13; 15:15-20). Le style, l’argumentation, la doctrine sont visiblement de Paul. Il n’est pas surprenant que l’épître aux Romains ait joué un si grand rôle dans l’histoire de l’Église. Son influence a été immense sur Augustin, les Réformateurs, le réveil de Genève en 1817, et sur tous les grands renouveaux de la pensée et de la foi chrétien. 
 
      Destinataires. 
 
      À l’Église de Rome, fondée probablement par des chrétiens convertis par Paul et par d’autres apôtres itinérants : au chapitre 16, Paul salue 26 personnes réparties dans cinq Églises de maison. L’Église existe depuis plusieurs années (#Ro 1:8; 15:23). Elle compte quelques éléments juifs (#Ro 2:17 et suivant ; #Ro 3:9; 4:1 12) mais la plupart de ses membres sont d’origine païenne (#Ro 1:5,12-14; 9:24-30; 11:13,24,28,30; 15:15 et suivant, les noms grecs et latins du chapitre 16). 
 
      Date. 
 
      En l’an 57 ou 58. Paul vient de terminer la collecte pour les chrétiens de Jérusalem (#Ro 15:22-26), il est sur le point de partir pour la Palestine (#Ac 20:1). La rédaction de Romains se situe donc au cours du 3e voyage missionnaire, après 2 Corinthiens (voir #2Co 8:6; 13:1) pendant les trois mois que l’apôtre a passés à Corinthe (#Ac 20:3). 
 
      Lieu. 
 
     Paul écrit chez Gaïus (#Ro 16:23 ; cf. #1Co 1:14), et salue de la part d’Éraste (#Ro 16:23), trésorier de la ville (de Corinthe : voir #2Ti 4:20). Phoebé, diaconesse de l’Église de Cenchrées (à quelques km de Corinthe) portera la lettre à Rome (#Ro 16:1-2). Le lieu de rédaction est donc Corinthe. 
 
      Contenu. 
 
      La lettre contient un exposé de la prédication de Paul, plus systématique que dans ses autres lettres, s’adressant à des chrétiens qui connaissent déjà les grandes vérités de l’Évangile (#Ro 15:14) et n’ont besoin que d’un rapport et d’un affermissement dans leur foi. Ce n’est pas un exposé complet de la doctrine chrétienne (tout l’enseignement sur le Retour de Christ n’y figure pas ; le repas du Seigneur n’y est pas évoqué, les ministères dans l’Église sont à peine effleurés), mais une vue d’ensemble des vérités fondamentales de la foi. 
 
      But. 
 
      Paul a maintes fois désiré voir les chrétiens de Rome pour donner à la foi de ces jeunes convertis un fondement solide (#Ro 1:11,15; 15:15-16), mais chaque fois, il en a été empêché (#Ro 15:17-22). 
 
      Présentement encore, il ne peut se rendre dans la capitale, car il doit porter la collecte à Jérusalem (#Ro 15:30-32). Donc il écrit aux Romains : 
 
1. Pour préparer sa visite (#Ro 15:24) avant de se rendre en Espagne et peut-être faire de cette Église son port d’attache occidental (comme Antioche l’était pour les provinces orientales). Pour cela, l’Église devait être solidement fondée dans la foi, donc bien enseignée (#Ro 1:11; 16:25), or, elle n’avait jamais bénéficié de l’enseignement d’un apôtre. Paul va donc leur exposer tout le plan de Dieu pour le salut de l’humanité. Le but didactique se rattache donc directement à ce but immédiat.
2. Pour soutenir pleinement l’apôtre, l’Église de Rome doit être inaccessible aux influences des judaïsants (#Ro 16:17) et aux arguments des contradicteurs (#Ro 3:8,31; 7:7,13), elle doit être bien unie (#Ro 14:1-15:13) et n’avoir aucun doute au sujet de l’Évangile prêché par l’apôtre (#Ro 1:18-13:14) et des principes qui le guident dans son action (#Ro 15:17-21). Le deuxième but de la lettre sera donc apologétique.
3. Pour qu’il parvienne sain et sauf jusqu’à Rome il lui faut passer d’abord le cap de Jérusalem. C’est pourquoi il demande aussi aux Romains de le soutenir par la prière (#Ro 15:30-32). Il profite de cette lettre pour renouer et affermir les liens personnels qui le lient à des chrétiens de Rome. Ces passages répondent à un but pratique.
4. À ces différent buts, on peut rattacher un but personnel : l’apôtre se trouve à un tournant de son activité missionnaire, ayant derrière lui les luttes contre les judaisants et les problèmes causés par les différentes Églises du bassin méditerranéen oriental (en particulier par celle de Corinthe). Il profite de ces quelques mois de répit à Corinthe pour faire en quelque sorte le bilan de sa pensée et la mettre sous une forme plus structurée et plus permanente. Prévoyant de sérieuses difficultés à Jérusalem dont il ne connaissait pas l’issue  —  il se disait peut-être qu’il laisserait du moins par cette lettre, pour l’Église de la capitale et pour les générations futures, une sorte de testament spirituel résumant l’essentiel de ce qu’il appelle ailleurs « son » Évangile
 
 
      Unité de l’épître. 
 
      L’épître aux Romains était-elle à l’origine, aussi complète que sous sa forme actuelle ? 2 principales hypothèses offrent un certain intérêt littéraire, mais n’ont aucune importance doctrinale. 
 
1. L’épître devant circuler, on l’aurait abrégée par l’omission de références locales (par exemple les mots « à Rome », #Ro 1:7), et en supprimant les chapitres 15 et 16, mais sans toucher à la partie doctrinale et aux exhortations pratiques. À l’appui de cette hypothèse, on allègue que la doxologie de #Ro 16:25-27 figure, dans certains manuscrits à la fin du chapitre 14, ou à la fois à la fin du chapitre 14 et à la fin du chapitre 16. On avance aussi que Tertullien, Irénée, Cyprien ne citent aucun passage des chapitres 15 et 16, chapitres dont Marcion ne parle point non plus. Mais le caractère circonstanciel de ces 2 chapitres explique facilement ces omissions. La théorie de l’abréviation ne se fonde donc que sur la présence de la doxologie à la fin du chapitre 14, dans certains manuscrits ; argument faible, d’autant plus qu’aucun des manuscrits dont nous disposons actuellement ne présente l’épître sous une forme abrégée.
2. La 2e hypothèse suppose que le chapitre 16 ne faisait point partie de l’épître originale, mais était un billet recommandant Phoebé à l’Église d’Éphèse. On relève, avec raison, que le chapitre 15 fait corps avec le chapitre 14, et en constitue la suite à propos de l’esprit de sacrifice dont doivent faire preuve les forts à l’égard des faibles. En outre, le chapitre 15 se termine au verset 33 par une bénédiction analogue à celle qui achève d’autres lettres de Paul (#2Co 13:11 ; #1Th 5:23 ; #2Th 3:16 ; #Ph 4:9), et forme une conclusion naturelle de l’épître aux Romains. Le chapitre 16 serait un supplément. On peut répondre à ceci que :
a) les salutations suivaient parfois une doxologie, ou une bénédiction, même après un amen (#Ph 4:20 ; #2Th 3:16 ; cf. #2Ti 4:18).
b) le chapitre 16 fait partie de l’épître dans tous les manuscrits dont nous disposons.
c) la présence d’Aquilas et de Prisca à Rome s’explique facilement. Ils voyageaient beaucoup ; ils étaient à Rome quand les Juifs furent chassés par un décret impérial. Le couple séjourna environ 1 1/2 an à Corinthe et accompagna Paul à Éphèse. Ces époux s’appliquèrent à répandre le christianisme dans cette ville, où ils restèrent au moins jusqu’à ce que Paul fût revenu de Jérusalem. Ils retournèrent peut-être à Rome pour y préparer l’arrivée de Paul (#Ac 19:21).
d) Il est plausible qu’Epainète, « les prémices de l’Asie » (#Ro 16:5), converti dans la province d’Asie, soit allé à Rome. En effet, chrétiens, Juifs et gentils affluaient de partout dans la cité impériale. Épaphras de Colosses, Aquilas originaire du Pont, Hérode le tétrarque se rendirent dans la capitale.
e) Il est prouvé que les chrétiens salués au chapitre 16 avaient des noms qui étaient courants à Rome.
f) Le fait que les salutations s’adressent à de nombreux personnes n’implique pas que toutes sans exception aient été des connaissances personnelles de l’apôtre. Aquilas, Prisca, et d’autres correspondants lui avaient sans doute mentionné dans leurs lettres ces chrétiens affermis et zélés.
 
 
 
      Plan. 
 
      Contrairement à la plupart des épîtres de Paul (surtout à Galates à laquelle elle ressemble le plus par le contenu) Romains frappe par son exposé systématique, son ton calme et serein, son argumentation logique et bien ordonnée, son style condensé, vivant et énergique. L’introduction (1.1-7) et les salutations (chapitre 16) sont plus longues qu’ailleurs, les citations de l’Ancien Testament plus nombreuses (plus de la moitié des citations de l’Ancien Testament faites dans les épîtres de Paul se trouvent dans Romains). 
 
I. Introduction (1.1-17) :
 
-adresse et salutations (1-7),
-relations de Paul avec l’Église de Rome (8-16a),
-thème de l’épître (16b-17).
 
II. Le salut par la foi (1.18-11.36)
 
A. Le salut de l’individu (1.18-8.39)
 
1) La justification sans la Loi (1.18-5.21)
 
a) La colère de Dieu (1.18-3.20)
 
-sur le monde païen (1.18-32)
-sur le peuple juif (2.1-3.8)
-donc sur tous les hommes (3.4-20).
 
b) La justification en Christ (3.21-5.21)
 
-offerte à tous les pécheurs qui croient (3.21-28)
-conforme au témoignage de l’Ancien Testament (3.29-4.25)
-procurant une paix durable avec Dieu (5.1-11)
-parallèle entre le péché et la grâce, Adam et Christ (5.12-21).
 
2) La sanctification sans la Loi (6.1-8.17)
 
a) Le croyant et le péché : (6.1-23)
-mort et ressuscité avec Christ (6.1-14)
-le croyant est libéré de l’esclavage du péché (6.15-23)
 
b) Le croyant et la Loi (7.1-25)
 
-le croyant est mort à la Loi (7.1-6)
-qui ne peut libérer du péché (7.7-25)
 
c) La victoire sur le péché par le Saint-Esprit (8.1-17)
 
-qui nous donne une vie nouvelle (8.1-11)
-et fait de nous des fils de Dieu (8.12-17)
 
3) La glorification du croyant (8.18-39)
 
a) Le salut reste objet de notre espérance (8.18-27)
b) Mais il est certain (8.28-30)
c) La victoire finale nous est assurée (8.31-39).
 
B. Le salut de l’humanité (9.1-11.36)
 
1) Introduction : tristesse de Paul en pensant au rejet d’Israël. Pourquoi Dieu l’a-t-il rejeté ? (9.1-5)
2) Dieu est souverain et libre (9.6-29)
a) il n’est pas lié par une filiation charnelle (9.6-13)
b) il peut accorder ses dons à qui il veut (9.14-24)
c) c’est ce qu’atteste l’Écriture (9.25-29)
 
3) L’usage qu’il a fait de sa liberté est parfaitement légitime (9.30-10.21)
 
a) Israël a refusé la justice que Dieu voulait lui donner (9.30-10.11)
b) Il n’a pas compris que le salut était destiné à tous les hommes (10.12-21)
 
4) Le rejet d’Israël a des limites et d’heureuses conséquences (11.1-32)
 
a) Il n’est que partiel (11.1-10)
b) et temporaire (11.11-15)
c) Attention, vous les païens (11.16-24)
d) Israël sera relevé de sa chute (11.25-32)
 
5) Conclusion : Louange (11.33-36).
 
III. La vie par la foi (12.1-15.13)
 
A. Recommandations générales (12.1-13.14)
 
1) Une relation nouvelle envers Dieu et nous-mêmes (12.1-2),
2) envers les autres (12.3-21)
-exercer son don dans l’humilité (12.3-8)
-aimer les membres du même corps (12.9-13)
-aimer tous les hommes (12.14-21)
 
3) envers l’État et la société (13.1-10)
 
-le croyant face à l’État (13.1-7)
-face à ces concitoyens (13.8-10)
 
4) Une nouvelle perspective (13.11-14)
 
B. Recommandations particulières aux Romains (14.1-15.13)
 
1) Ni juger ni mépriser (14.1-12) L’attitude envers le frère faible
2) Ne pas blesser la conscience d’autrui (14.13-23)
3) Suivre l’exemple de Christ (15.1-13)
 
IV. Conclusion (15.14-16.27)
 
1) Pourquoi Paul leur a écrit (15.14-21)
2) Ses projets (15.22-33)
3) Salutations (16.1-16)
4) Avertissement (16.17-20)
5) Salutations personnelles et louange (16.21-27).
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