Royaume de Dieu, Royaume des cieux

25/03/2016 17:20
Royaume de Dieu, Royaume des cieux. La sphère où Dieu règne, où sa volonté est respectée et accomplie. D’un bout à l’autre de la Bible, le royaume de Dieu est présenté sous 7 phases successives. 
 
1. Le Paradis. Créateur de l’univers, Dieu en est aussi pour toujours le roi glorieux (#Ps 10:16; 24:1-2,9-10; 29:10; 47:7-8; 93:1 ; #De 10:15). Il est le roi des nations, le souverain du monde entier. Le paradis était une théocratie, où Adam était appelé à dominer sur les animaux et à assujettir la terre, dans une étroite dépendance de Dieu (#Ge 1:28; 2:15-17). Par le péché, l’homme s’est volontairement arraché à la sujétion du Seigneur, pour se placer sous celle du diable. C’est donc par usurpation que Satan est devenu le prince de ce monde, disposant de tous les royaumes et de leur gloire (#Lu 4:5-6). Désormais, tous les efforts de Dieu à travers l’histoire tendront à restaurer le royaume perdu, sur des bases parfaites et indestructibles.
2. La théocratie en Israël. Laissant provisoirement les nations de côté après Babel, Dieu suscite le peuple élu, qui doit être pour lui « un royaume de sacrificateurs » (#Ex 19:4-6). L’Éternel lui-même est le juge, le législateur, le roi, le sauveur d’Israël (#Esa 33:22; 44:6). Il gouverne par le moyen de Moïse et des juges, ses successeurs. Puis vient le moment où le peuple signifie à Samuel qu’il préfère un souverain humain faillible, au roi divin trop saint et redoutable (#1S 8:4-9,17-20).
3. Le royaume de Dieu annoncé par les prophètes. Au moment où disparait la théocratie, le Seigneur en annonce le rétablissement bien plus glorieux. Un jour, le Fils de David occupera éternellement le trône (#2S 7:15-16). Il naîtra d’une vierge, à Bethléhem, souffrira pour l’expiation des péchés, et établira le royaume universel de justice et de paix sur la terre, puis dans les nouveaux cieux et la nouvelle terre (#Esa 7:14 ; #Mi 5:1 ; #Esa 53; 2:1-4; 11:1-10; 65:17-25 ; #Ps 2:6-9; 72:8,11).
4. Le royaume offert et rejeté à la première venue du Christ. Dès sa naissance, Jésus est présenté comme roi (#Mt 2:1-6 ; #Lu 1:32,33). Jean-Baptiste et lui-même annoncent aux Juifs que le royaume des cieux est proche (#Mt 3:2; 4:17; 12:28 ; #Lu 10:9), « qu’il est au milieu d’eux » (#Lu 17:20-21). C’est en tant que roi que Jésus se présente à Jérusalem (#Mt 21:4-9 ; #Lu 19:38) ; c’est aussi comme tel qu’il est repoussé par son peuple (#Lu 19:11-14 ; #Jn 18:37; 19:15,19-22).
5. Le royaume de Dieu caché dans les cœurs. Le roi ayant été rejeté, le royaume visible et glorieux est pour l’instant retiré. Christ s’en est allé « se faire investir de l’autorité royale » (#Lu 19:12). En son absence, se déroule la période de l’Église, caractérisée par « les mystères du royaume des cieux » (#Mt 13:11). Elle présente, en effet, des aspects déconcertants, qui nécessitent une révélation spéciale. Elle débute à la Pentecôte, et nous entrons dès maintenant par la nouvelle naissance dans ce royaume spirituel du Seigneur (#Mt 16:28; 11:11-12 ; #Jn 3:3,5 ; #Col 1:12-13 ; #Ac 20:24-25). Les paraboles dites « du royaume » illustrent le mélange de bien et de mal qui caractérise la dispensation présente. Prenons comme exemple celle de l’ivraie (#Mt 13:24-30,36-43) : Christ ensemence le monde en plaçant partout des « fils du royaume » ; le diable de son côté met parmi eux les « fils du malin ». Dans sa patience, le Seigneur les laisse subsister ensemble jusqu’à la moisson ; remarquons cependant qu’il s’agit du monde (#Mt 13:38), et non de l’Église, qui doit exercer une stricte discipline (#Mt 18:15-17 ; #1Co 5:11-13). Cette période-là finira par le jugement.
Une grande erreur fréquemment commise a été de confondre la période présente avec le royaume glorieux à venir. Trop souvent telle Église puissamment organisée a voulu devancer le temps où le retour de Christ établira d’une façon autoritaire et visible son règne ici-bas. On a cherché à mettre fin à l’incrédulité et à l’« hérésie » par le fer et par le feu. On a voulu asseoir l’autorité de l’Église par des moyens mondains et charnels, tels que l’alliance du trône et de l’autel, les manœuvres politiques, la puissance temporelle et la richesse des ecclésiastiques. On avait oublié qu’en l’absence du divin Roi, l’Église, son Épouse, est humiliée et rejetée elle aussi par le monde. Pourtant, elle est aussi le petit troupeau auquel le Père a jugé bon de donner le royaume (#Lu 12:32). Au retour du Seigneur, mais pas avant, elle s’assiéra avec lui sur son trône.
6. Le royaume glorieux établi sur la terre pendant mille ans (#Ap 20:1-10). Voir Millénium. Alors s’accompliront les promesses des prophètes, jusqu’à ce qu’interviennent la destruction de la terre et le jugement dernier (#Ap 20:11-15).
7. Le royaume éternel dans le ciel. Après le triomphe total du Seigneur, s’établira sa domination définitive et parfaite. Nous aurons part pour toujours à ce règne de Dieu, ayant été reçus par sa grâce dans son royaume céleste (#1Co 15:24-28 ; #Da 7:14,27 ; #Ap 22:3-5 ; #2Ti 4:18).
 
   Y a-t-il une différence entre le royaume des cieux et le royaume de Dieu ? Certains auteurs pensent que la première expression désigne le royaume du Seigneur établi sur la terre pendant une période donnée, tandis que la seconde s’applique dans un sens beaucoup plus vaste à sa domination universelle, sans limitation de temps ni d’espace. Toutefois, on constate que Matthieu seul parle du « royaume des cieux » alors que Marc et Luc, dans les mêmes phrases, emploient l’expression « royaume de Dieu » (#Mt 3:2; 13:24,31,33,44,45; 18:3-4 ; cf. #Mr 1:15; 4:11,26,30; 10:14-15 ; #Lu 14:15; 17:20). Une des raisons de cette différence peut avoir été que Matthieu écrivait pour les Juifs, qui évitaient le plus possible de prononcer le nom de Dieu, afin de ne pas l’employer en vain (voir les circonlocutions qu’ils utilisaient pour ne pas jurer par le nom du Seigneur, #Mt 5:34-36). 
 
      À cette interprétation dispensationnaliste du royaume de Dieu (ou des cieux), on peut ajouter d’autres options s’appuyant également sur les données bibliques. 
 
      La plupart des exégètes qui ont étudié cette expression en voient l’origine dans l’Ancien Testament et dans la pensée juive de la période intertestamentaire. Tous s’accordent pour dire que « la notion du Royaume de Dieu est essentielle à la compréhension du message de Jésus » (J. Bright, Le royaume de Dieu, SCE Paris, s. d., page 7). 
 
      Ancien Testament : Comme il a été dit plus haut (3.), les prophètes et les psalmistes célèbrent l’Éternel Roi de l’univers : il est sur son trône et il règne sur la terre entière (#Ps 47; 93; 97:1-99:@; 103:19), il domine tous les royaumes du monde (#2R 19:15), il règne sur toutes les nations (#Esa 24:23 ; #Ab 1:21 ; #Mi 4:6 ; #Za 14:9-17), éternellement (#Ps 74:12; 93:2; 145:11-13; 146:10 ; #Da 2:44; 7:27), mais en Israël même « le Royaume de Dieu ne comprend plus que ceux qui obéissent à la loi de Dieu (#Esa 65:13-15) et il englobe en même temps les membres des nations étrangères qui Le connaissent et se tournent vers lui » (J. Bright, ouvrage cité, page 107). 
 
      Période intertestamentaire : 
 
     Après l’exil, Israël n’a jamais retrouvé l’indépendance nationale et la gloire des temps de la monarchie davidique. L’espérance s’est portée sur l’avenir où Dieu établirait son règne et où il dirigerait personnellement « tout peuple, toute nation et toute langue ». Seuls les justes entreront dans ce royaume (1 Hénoc 91.7-11), la pauvreté compte davantage parmi les conditions d’accès que l’appartenance au peuple d’Israël (1 Hénoc 48.8 cf. #Lu 6:20). Ce royaume sera introduit par le Messie (1 Hénoc 45.3-46.6 ; 48.2-10 ; Psaumes de Salomon 17.3 ; Oracles sib. 3.46 et suivant, 55 et suivant ; 5.346-352), au point culminant de l’histoire (90.20-42) où tous reconnaîtront la royauté de Dieu (Test (#Da 5:13; 10:7). ; Or. Sib. 3.808). Pour les rabbins de cette période, le royaume de Dieu se réfère à l’action de Dieu découlant de sa volonté souveraine envers l’humanité. 
 
      C’est de cette période que date aussi l’expression « royaume des cieux » retrouvée dans des Targums araméen, utilisée pour éviter de prononcer le nom imprononçable de Dieu. C’est probablement celle que Jésus a employée, que Matthieu a conservée 32 fois par respect pour ses lecteurs juifs, et que les autres évangélistes ont traduite par royaume de Dieu qui parlait davantage aux Grecs. « Le royaume des cieux est la forme sémitique, le royaume de Dieu la forme grecque de la même expression. Ces deux expressions sont interchangeables, de plus elles sont toutes les deux interchangeables avec la vie éternelle » (G. E. Ladd, L’Évangile du Royaume, Vida, 1985, page 38) 
 
      Nouveau Testament : L’enseignement de Jésus : 
 
      Nous trouvons l’expression sous l’une ou l’autre forme environ 120 fois dans les évangiles (80 après élimination des parallèles). Jean-Baptiste et Jésus ont commencé leur ministère en annonçant la proximité du royaume. A. Schweitzer et J. Weiss pensaient que Jésus attendait un cataclysme instaurant le royaume de Dieu (« eschatologie conséquente »), C. H. Dodd voyait cette proximité réalisée dans la présence de Jésus (voir #Mt 10:7; 11:12; 12:28… : « eschatologie réalisée »). Kümmel, Ladd, H. Marshall et d’autres ont souligné le caractère à la fois actuel et futur du royaume ou règne annoncé par Jésus. 
 
    Royaume actuel : Certaines paroles se rapportent clairement à la présence déjà réalisée du royaume là où le Roi est présent : il est « au milieu » des hommes (#Lu 17:20-21), on le cherche ici et maintenant, durant toute la vie (#Mt 5:20; 7:21; 18:3), il se réalise dans une vie obéissant aux règles fixées par Dieu (#Mt 5:3,10; 6:33). Cet aspect du royaume est donc « un domaine dans lequel les disciples de Jésus-Christ sont déjà entrés » (G. E. Ladd, ouvrage cité, page 16). 
 
      Déjà les rabbins utilisaient dans ce sens l’expression : « prendre sur soi le joug du royaume de Dieu » pour parler de l’obéissance volontaire à la Torah ou l’acceptation du règne de Dieu sur soi (Michna : Ber. 2.2.5 cf. #Mt 11:28-30). Le royaume de Dieu est donc avant tout une réalité spirituelle plus qu’une entité politique (#Mr 9:1; 10:14; 12:34). Dans tous ces passages, le mot règne convient mieux que royaume qui fait penser à un territoire, un domaine sur lequel le roi exerce son autorité. L’hébreu, comme le français, a des termes différents pour exprimer les notions de royauté, règne et royaume (meloukhah, malkout et mamlakhah), alors que le grec n’en a qu’un seul (basileia) couvrant les trois. On devrait donc traduire basileia suivant le sens et le contexte par l’un des trois termes ci-dessus, ou de : l’autorité royale, la souveraineté, le pouvoir, la puissance …  Parfois, vu le contenu de l’espérance du royaume, royaume est même synonyme de vie éternelle, de salut (#Mt 25:34,46 ; #Mr 9:43-47; 10:17,24 et suivant) « L’Évangile du royaume de Dieu est la même chose que le message du salut (#Ac 28:30-31). La bonne nouvelle du royaume de Dieu était le message de Paul à la fois pour les Juifs et les gentils » (Ladd page 168). 
 
      Royaume futur : Ces passages ne doivent pas nous faire oublier la réalité eschatologique également évoquée par cette expression. Le royaume viendra lorsque Dieu mettra un terme à l’histoire de l’humanité et que Jésus reviendra instaurer son règne sur la terre (#Mt 16:28 ; #Mr 9:1 ; #Lu 9:27). Les chrétiens doivent prier que ce règne vienne (#Mt 6:10), être prêts pour lui (#Mt 25:1-13). Jésus lui-même a enseigné qu’un intervalle séparerait sa mort de la venue du royaume (#Mt 16:18; 24:14 ; #Lu 19:11-27). 
     Les deux réalités se chevauchent dans l’enseignement de Jésus et des apôtres : par la venue du Roi sur la terre, le royaume de Dieu a déjà commencé (cf. #Mt 16:28 et #Mr 11:9-10), Satan est virtuellement vaincu (#Lu 10:18). Les guérisons et les exorcismes sont des signes que les puissances du monde à venir sont déjà actives. Ceux qui se soumettent au règne de Dieu les expérimentent dans leur vie. Ils peuvent dès à présent chercher le royaume de Dieu (#Mt 6:33), le recevoir (#Lu 12:32), y entrer par la repentance et la foi (#Mr 1:15), accepter ses lois (#Mt 5:19), vaincre la tentation (#Mr 9:47). Et pourtant, la réalité ultime n’est pas encore pour cet âge : nous n’y entrerons que dans l’avenir (#Mr 10:17,25). « Le Nouveau Testament affirme à la fois : le Royaume est venu …  et il est encore à venir » (J. Bright, ouvrage cité, page 183). 
 
      Dans les Actes, la « prédication du royaume » passe à l’arrière-plan bien qu’elle reste l’une des formules désignant le message chrétien (#Ac 8:12; 14:22; 19:8; 20:25; 28:23,31). Les apôtres parlent davantage du Roi (#Ac 17:7) et évitent une expression qui aurait mené leurs auditeurs grecs sur de fausses pistes. 
 
      Dans les épîtres, l’aspect présent du royaume apparaît dans #Ro 14:17 qui en donne une définition très large : « la justice, la paix et la joie par le Saint-Esprit » et dans #1Co 4:20 : « le royaume de Dieu consiste …  en puissance ». 
 
      Mais pour Paul, il est évident qu’actuellement Christ règne au ciel (#1Co 15:25), comme Roi des rois et Seigneur des seigneurs (#1Ti 6:15) et qu’il admet constamment des hommes dans son royaume (#Col 1:13). Mais le royaume est aussi une réalité future (#1Th 2:12 ; #2Ti 4:1,18) qui sera héritée par ceux qui ont obéi à Dieu (#1Co 6:9 ; #Ga 5:21 ; #Ep 5:5 ; #2Th 1:5 ; #2Ti 2:12). Un jour, Christ lui-même remettra le royaume à son Père (#1Co 15:24). 
 
      Ces mêmes deux aspects : actuel et futur apparaissent aussi dans les autres écrits du Nouveau Testament (#Hé 1:8; 12:28 ; #Ja 2:5,8 ; #1P 2:9 ; #2P 1:11 ; #Ap 1:8; 4:8; 11:17; 15:3; 17:14; 19:6,15). 
 
    L’expression « le royaume de Dieu » constitue la plateforme commune à l’Ancien et au Nouveau Testament. « Le royaume de Dieu c’est le règne de l’autorité de Dieu » (Ladd page 82). « Les deux Testaments sont organiquement liés l’un à l’autre. Leurs rapports s’expriment …  dans leur origine et leur achèvement, leur espérance et leur accomplissement. Et le lien qui les unit étroitement est le concept dynamique de l’autorité de Dieu » (J. Bright, ouvrage cité, page 150). « Essentiellement, le royaume de Dieu est le règne souverain de Dieu ; mais le règne de Dieu s’exprime de façon différent dans l’histoire de la rédemption. Ainsi, les hommes peuvent entrer dans le domaine du règne de Dieu à ses différent stades de manifestation et faire l’expérience des bénédictions de son règne à différents degrés …  il existe un domaine de bénédiction spirituelle auquel nous avons accès dès aujourd’hui et où nous pouvons jouir, partiellement mais réellement, des bienfaits du royaume (règne) de Dieu. Nous prions ‘que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel’. Confiant que cette prière sera exaucée quand Dieu amènera l’histoire de l’humanité à sa consommation selon l’ordre divin, le chrétien peut garder son équilibre et sa santé mentale dans le monde dément dans lequel nous vivons. Dieu merci, Son royaume vient et remplira la terre. » (G. E. Ladd ouvrage cité, page 24.) 
 
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