Salomon

25/12/2015 16:57
Salomon (SEGOND, Français Courant, JÉRUSALEM, T.O.B.) : pacifique. Fils de David et de Bath-Chéba (#2S 12:24 ; #1Ch 3:5 ; Antiquités 7.14.2) ; il naquit à Jérusalem. David, averti que sous son successeur la paix régnerait, appela ce fils Salomon, « pacifique » (#1Ch 22:9). Le prophète Nathan l’honora du nom de Yedidya, bien-aimé de l’Éternel (#2S 12:25). Quand David fut vieux et faible, Adoniya, l’un de ses fils nés à Hébron et probablement l’aîné depuis la mort d’Amnon et d’Absalom, voulut usurper le trône. Nathan le prophète aidé de Tsadoq le sacrificateur et de Benayahou le commandant en chef, assisté de la garde de corps de David, déjouèrent cette rébellion, et Salomon fut proclamé roi (#1R 1:5-40). David mourut peu après ; Salomon commença à régner vers 970 avant Jésus-Christ ; le nouveau roi avait probablement 20 ans. Se conformant aux dernières recommandations de son père, il déposa Abiatar, le souverain sacrificateur, et fit exécuter Chiméï. Adoniya ayant émis une nouvelle prétention, Salomon le fit mettre à mort, ainsi que Joab, impliqué dans l’affaire (#1R 2:1-46). Salomon épousa la fille du roi d’Égypte et l’amena à Jérusalem (#1R 3:1). Depuis que l’Éternel avait abandonné Silo, le culte n’avait pas été restauré : le tabernacle était à Gabaon et l’arche à Jérusalem. Au mépris de la Loi, le peuple avait élevé des autels sur des hauts lieux. Salomon se rendit à Gabaon pour y offrir des sacrifices. La nuit, l’Éternel lui apparut dans un songe et lui demanda ce qu’il désirait. Salomon implora la grâce de la sagesse et de l’intelligence, afin d’être capable d’exercer la justice. À cette époque l’administration de la justice incombait au roi. Dieu exauça cette prière. Peu après, Salomon rendit un jugement devenu célèbre parce qu’il permit de découvrir la mère d’un bébé que 2 femmes revendiquaient (#1R 3:2-28 ; #2Ch 1:3-12). Environ 20 ans plus tard, lors d’une nouvelle apparition, l’Éternel promit conditionnellement à Salomon de conserver le trône à sa dynastie et lui donna de solennels avertissements (#1R 9:1-10 ; #2Ch 7:12-22). 
 
      David avait soumis les peuples voisins. D’après les textes, Salomon ne fit qu’une seule guerre, celle d’Hammath. La possession de cette ville lui permettait de maintenir la paix au nord-est de ses États. Hadad, prince édomite, et Rezon, de Damas, s’opposèrent à Salomon. Il fortifia Hatsor, sur le haut Jourdain, éleva une forteresse dans le Liban, pour tenir Damas en échec. Il assura la sécurité de la route atteignant Etsyôn-Guéber par Édom. Le roi d’Israël entretint des relations amicales avec de nombreux souverains ; il organisa son royaume et protégea les arts. Pour la construction du Temple, David avait amassé beaucoup de métaux précieux. Salomon bâtit l’édifice en 7 ans ; Hiram, roi de Tyr lui procura des matériaux et des ouvriers habiles (#1R 5:6) Salomon procéda à la dédicace solennelle du Temple. (#1R 7:13-8:66 ; #2Ch 2:1-7:2). Puis il se fit élever un palais, dont la construction dura 13 ans (#1R 7:1-12) ; Voir Palais. Il fortifia de nombreuses villes et en bâtit en divers points du pays (#1R 9:15-19 ; #2Ch 8:4-6). 
 
  Dans #1R 9:15, trois villes, Hatsor, Meguiddo et Guézer (voir ces noms) sont mentionnées ensemble. Entre 1955 et 1959, à Hatsor, Yigaël Yadin a fouillé et mis à jour une triple porte de la ville salomonienne et de la muraille fortifiée. Sa découverte lui a rappelé l’existence de fortifications du même genre à Meguiddo. Ensuite, grâce à #1R 9:15, il s’est souvenu de constructions similaires à Guézer. Ces constructions de Guézer qui, selon Macalister, remontent à l’époque maccabéenne, ont pu être redatées au temps de Salomon. 
 
      Salomon administra ses États avec beaucoup de sagesse. Il s’entoura de fonctionnaires compétents, parmi lesquels le petit-fils du souverain sacrificateur tint le premier rang (#1R 4:2-6). Il maintint l’effectif de l’armée ; il divisa le royaume en 12 districts, indépendamment des anciennes limites des tribus, ce qui facilita l’administration (#1R 4:7-19). Le souverain s’occupa aussi du culte de l’Éternel, prononça la prière de dédicace du Temple, invoqua la bénédiction divine sur la foule. 
 
      L’expansion commerciale enrichit le royaume (#1R 10:14-29 ; #2Ch 9:13-28). Des marchandises parvenaient d’Ophir et des Indes, où les serviteurs de Salomon allaient les chercher (#1R 10:22,23 ; #2Ch 9:10-22) Voir Ophir. Le roi fit élever des villes d’entrepôt, entre autres Palmyre, dans le désert, à mi-chemin entre Damas et l’Euphrate. Salomon s’intéressa aux lettres et aux sciences, traita de botanique et de zoologie : « Il a parlé sur les arbres, depuis le cèdre du Liban jusqu’à l’hysope qui sort de la muraille ; il a aussi parlé sur les animaux, sur les oiseaux, sur les reptiles et sur les poissons » (#1R 5:13). Il recueillit et composa de nombreux proverbes ; voir Proverbes. Les #Ps 72; 127 sont attribués à Salomon par leurs titres ; voir aussi Ecclésiaste et Cantique des Cantiques. 
 
      La magnificence de sa cour, de sa table, le luxe dont il s’entourait lors de ses déplacements correspondaient à ses revenus et à sa puissance politique (#1R 10:4,5,21). On accourait de loin pour entendre ses propos pleins de sagesse (#1R 5:14; 10:23-25). La reine de Saba vint à Jérusalem afin de poser au roi des questions difficiles (#1R 10:1-13). 
 
    Salomon désobéit aux ordres de Dieu. Il eut un harem d’à peu près 1000 femmes. Beaucoup d’entre elles étaient des princesses, livrées au roi d’Israël comme gages de pactes politiques. Salomon se laissa persuader par ces étrangères idolâtres d’ériger des sanctuaires à leurs dieux (#1R 11:1-8). L’Éternel châtia l’apostasie du souverain en ne laissant à sa dynastie qu’une petite fraction du royaume (#1R 11:9-13). Le prophète Ahiya, de Silo, annonça à Jéroboam, serviteur de Salomon, que Dieu lui donnerait 10 tribus (#1R 11:28-39) ; mais Jéroboam ne les obtint pas avant l’avènement de Roboam. Salomon pécha aussi par son luxe, qui le contraignit à lever de lourds impôts. Ces charges ébranlèrent la confiance des Israélites en leur roi et suscitèrent plus tard des rébellions. Voir Roboam. 
 
      Salomon régna 40 ans ; il mourut vers 931 avant Jésus-Christ. Les événements de cette période ont été consignés dans les ouvrages suivants : Livre des Actes de Salomon ; Histoire de Nathan le prophète ; Prophétie d’Ahiya de Silo ; Visions de Yéedo le Voyant (#1R 11:41-43 ; #2Ch 9:29-31). 
 
      L’archéologie a confirmé une foule de détails des textes bibliques relatifs à Salomon, alors que jusqu’ici certains savants avaient tendance à accorder fort peu de crédit à la description de la puissance et de la gloire de ce roi donnée dans #1R 3:1-11:2 (cf. cependant #Mt 6:29; 12:42 ; #Lu 11:31). Voici ce qu’en dit le Unger’s Bible Dictionary, 1957, pages 1035 et suivantes : 
 
1. Royaume de Salomon. Les critiques Winckler et Guthe, par exemple, limitaient le royaume de David et de Salomon à la seule Palestine, en excluant même Damas. On situait dans l’Hauran (Basan) au sud de Damas, le royaume de Tsoba enlevé par David à Hadadézer (#2S 8:3). Cependant l’étude de l’organisation plus ancienne des provinces assyriennes a démontré que Tsoba (en assyrien Subatu) était au nord de Damas, et non pas au sud (Emil Forrer, Die Provinzeinteilung des Assyrischen Reiches, 1921, pages 62, 69). Les listes égyptiennes de Tell el Amarna prouvent que les villes d’Hadadézer, Tibhath et Koun, conquises par David (#1Ch 18:8), étaient immédiatement au sud de la ville moderne d’Homs. Ainsi les limites des conquêtes de David et de Salomon se sont révélées exactes. Quant à la gloire de ce dernier, on la taxait de légende ou d’« exagération sémitique ». On prétendait qu’un royaume aussi étendu n’aurait pu exister entre les grands empires des Hittites, d’Égypte, d’Assyrie et de Babylonie. Les monuments ici encore ont établi qu’entre 1100 et 900 avant Jésus-Christ les grandes nations voisines d’Israël subissaient une éclipse. Dès 1150 avant Jésus-Christ, la XIIe dynastie égyptienne devint très faible ; la puissance de ce pays ne fut restaurée que sous le règne de Sheshonq I (Chichaq, #1R 14:25), en 940-920 avant Jésus-Christ. L’empire hittite s’était effondré vers 1200 avant Jésus-Christ, ne laissant subsister que des villes indépendantes comme Senjirli, Karkemich et Hamath. Salomon conquit cette dernière et y établit des magasins (#2Ch 8:3-4). L’Assyrie n’eut pas de roi puissant entre Tiglath Piléser I (environ 1110 avant Jésus-Christ) et l’avènement d’Assournasirpal II (environ 880). Voir Tsoba.
 
2. La remarquable prospérité de Salomon. On a reconnu que ce souverain fut « le premier grand roi commerçant d’Israël » (Th. H. Robinson, The History of Israel, I page 256). Il sut tirer parti de conditions favorables pour l’expansion économique sur terre et sur mer. Albright a noté qu’à partir du XIIe siècle avant Jésus-Christ, la domestication beaucoup plus généralisée du chameau arabe (le dromadaire) permit aux nomades de se déplacer toujours plus facilement (From The Stone age to Christianity, 1940, pages 120 et suivantes). Les caravanes traversant le désert purent s’éloigner des points d’eau jusqu’à 2 ou 3 jours de voyage. L’archéologie a montré que le trafic des caravanes était abondant entre le Croissant fertile et l’Arabie du sud à l’époque de Salomon. Ce dernier exerçait un monopole sur les caravanes circulant entre l’Arabie et la Mésopotamie, et depuis la mer Rouge à Palmyre (Tadmor, #2Ch 8:4), située dans une oasis à 225 km au nord-est de Damas et qu’il reconstruisit (#1R 9:18). Contrôlant les routes commerciales tant à l’est qu’à l’ouest du Jourdain, le souverain d’Israël tirait un revenu considérable « des négociants et du trafic des marchands » traversant son territoire (#1R 10:15). Salomon développa aussi la récente industrie du fer, après que David eût brisé le monopole des Philistins sur ce métal (cf. #1S 13:19-20).
 
3. Mines de cuivre. Les fouilles ont révélé que des techniciens de Phénicie avaient construit pour Salomon le port d’Etsyôn-Guéber. En 1938-40, Nelson Glueck y découvrit une importante fonderie de cuivre. Le développement de cette industrie était certainement dû aux artisans phéniciens, habiles à établir des fonderies et des raffineries de cuivre dans des endroits analogues en Sardaigne et en Espagne. Salomon avait là une autre source de sa richesse fabuleuse. « Il a été le premier à faire de l’industrie minière de l’Araba une entreprise vraiment nationale » (Nelson Glueck, The Other Side of the Jordan, 1941, page 98). Le cuivre devint ainsi le principal produit d’exportation. Des bateaux spécialement équipés et appelés « navires de Tarsis » emportaient le minerai d’Etsyôn-Guéber et ramenaient des cargaisons précieuses des ports accessibles d’Arabie et d’Afrique (cf. F. Thieberger, King Solomon, 1947, page 206). Voir Etsyôn-Guéber.
 
4. Les chevaux et les chars. Salomon, non seulement en fit le commerce pour ses voisins (#1R 10:28-29), mais il s’en servit pour l’organisation d’une forte armée (#1R 5:6). Les villes de garnison étaient en particulier Hatsor, Meguiddo et Guézer (#1R 9:15) (voir ci-dessus). Il avait 1400 chars et 12 000 cavaliers « qu’il plaça dans les villes où il tenait ses chars » (#1R 10:26). Les fouilles effectuées dans ces 3 cités pourraient confirmer de telles indications. À Meguiddo, on a découvert une série d’écuries pouvant abriter 450 chevaux et 150 chars. Yigaël Yadin les a attribuées à Achab mais cela n’empêche pas que Salomon en ait aussi eu avant Achab. Des installations semblables à Hatsor et à Tell el Hesi sont d’autres preuves de la force militaire de Salomon. Voir Meguiddo.
 
5. La visite de la reine de Saba (#1R 10:1-13), venant du sud de l’Arabie jusqu’à Jérusalem (1800 km), était considérée par certains comme étant de pure invention. On n’a pas retrouvé la preuve de l’existence personnelle de la reine, mais les recherches archéologiques dans son pays ont montré combien le récit de sa venue est vraisemblable au point de vue historique. Les expéditions commerciales de Salomon devaient l’avoir mis en contact ou en compétition avec ce peuple lointain. En 1950/51, avec la collaboration de W. F. Albright, la Fondation américaine pour l’Étude de l’Homme a examiné les ruines de 4 royaumes autrefois florissants en Arabie du sud : Ma’in, Saba (Séba), Quataban et Hadhramaut ; la fameuse route des épices traversait cette région et les taxes qu’elle permettait de lever subvenaient aux besoins de 3 de ces États. On étudie en ce moment un grand nombre d’inscriptions, de poteries et d’autres vestiges archéologiques. Sans doute sera-t-on davantage éclairé par la suite. Voir Séba I.
6. Un dernier point à relever est la confirmation de l’emploi par Salomon d’énormes quantités d’or lors de la construction du temple et de ses meubles. Beaucoup d’exégètes ont cru lire là un compte rendu exagéré ou fictif.
 
    Alan Millard dans Trésors des temps bibliques (Sator-Cerf, 1986) montre (pages 105-106) qu’il est plusieurs fois question de temples plaqués d’or dans l’antiquité : chez les Égyptiens, les Assyriens et les rois de Babylonie. La Bible ne rapporte donc pas de faits improbables. Au temps de Roboam, le fils de Salomon, Chichaq emporta beaucoup d’or du temple (#1R 14:25 et suivant). Fait intéressant : Osarkon I, fils et successeur de Chichaq a offert plus de 200 tonnes d’or et d’argent aux divinités égyptiennes. Il est facile de deviner, au moins pour une partie, la provenance de ses dons. 
 
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