Sauterelle, Locuste, Criquet. 8 mots hébreux désignent diverses espèces ou états de la sauterelle. Il est impossible de déterminer exactement la nuance indiquée par chacun d’eux, et nos versions utilisent suivant les cas les termes de sauterelle, locuste, criquet, larve, nymphe, chenille ; ou bien elles conservent les mots hébreu, en particulier ceux de solam, hargol, hagab, gazam, hasil, yélek (#Jug 6:5 ; #Lé 11:22 ; #Na 3:17 ; #Jér 46:23 ; #Joe 1:4; 2:25). Il faut considérer comme synonyme locustes et sauterelles. Les orthoptères sauteurs se répartissent en 2 sous-ordres :
a) les Locustaires (sauterelles) aux antennes longues et délicates, dépassant en général la longueur du corps ; l’appareil de ponte des femelles ou oviscapte est fortement développé en forme de sabre (Locusta viridissima).
b) Les Acridiens, criquets qui se distinguent en particulier par leurs antennes courtes et fortes (Pachytylus migratorius).
La sauterelle passe par 3 états : la femelle dépose ses œufs dans une cavité cylindrique du sol, en avril ou en mai. Le jeune insecte éclos en juin, est une larve sans ailes. Il passe à l’état de nymphe quand il a des ailes rudimentaires, enfermées dans des gaines. Un mois plus tard, il devient l’insecte parfait, ailé, dont la voracité est proverbiale. Les dévastations produites par les sauterelles sont un fléau digne de figurer parmi les plaies d’Égypte (la 8e, #Ex 10:4). Les 2 espèces les plus communes sont l’Aedipoda migratoria et l’Acridium peregrinum. On les trouve toujours dans les déserts du sud-est, mais de temps en temps ces insectes se multiplient énormément, envahissent le pays, et sèment partout la ruine et la désolation. Les livres poétiques et prophétiques de la Bible abondent en descriptions quasi dramatiques de leur puissance de destruction et de l’incapacité de l’homme de leur résister. De tout temps, les Orientaux se sont nourris de cet insecte, classé parmi les animaux purs (#Lé 11:21-22 ; cf. l’exemple de Jean Baptiste, #Mt 3:4). Légèrement rôties, les sauterelles sont séchées au soleil, puis salées. On consomme les parties charnues, après avoir enlevé tête, ailes et intestins.
Jahn (Biblical Archeology 23 et suivants) donne une description saisissante des sauterelles. De vastes essaims de criquets migrateurs, que les Orientaux appellent les armées de Dieu, dévastent le pays. Ils marchent en ordre, comme un régiment. Le soir, ils s’abattent sur la terre et forment, pour ainsi dire, leurs camps. Le matin, lorsque le soleil est déjà haut, ils s’élèvent et, s’ils ne trouvent pas de nourriture, volent dans la direction du vent (#Pr 30:27 ; #Na 3:16-17). Ces sauterelles se déplacent en troupes innombrables et forment souvent un nuage de 16 à 18 km de long, et 6 à 8 km de large, si épais que le soleil ne peut le percer ; elles changent le jour en nuit, et répandent les ténèbres sur la contrée (#Joe 2:2,10 ; #Ex 10:15). Le bruit de leurs ailes est terrible (#Joe 2:5). Lorsqu’elles descendent sur le sol, elles forment une couche de 40 cm d’épaisseur ; si l’air est froid et humide ou si elles sont mouillées par la rosée, elles restent là … jusqu’à ce que le soleil les ait séchées et réchauffées (#Na 3:17). Rien ne les arrête. Elles remplissent les fossés creusés pour leur barrer la route, éteignent par leur nombre les feux allumés contre elles. Elles escaladent les murs, entrent dans les maisons, par les portes et les fenêtres (#Joe 2:7-9). Elles dévorent toute la verdure, arrachent l’écorce des arbres, et cassent même les branches par leur poids (#Ex 10:12-19 ; #Joe 1:4-12; 2:2-11).
Dans le langage figuré de l’Apocalypse, les sauterelles sont l’image d’un fléau surnaturel annoncé pour la fin des temps. Ces sauterelles-là sortent du puits de l’abîme, ayant Apollyon à leur tête. Elles ne touchent pas à la verdure, mais tourmentent les hommes qui n’ont pas le sceau de Dieu sur leur front (#Ap 9:1-11).
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