Spirituel

Spirituel. Ce qui est de la nature de l’esprit, distinct de la matière. Parfois le terme s’oppose à extérieur, matériel (#Mt 5:3 ; #Ap 11:8). Dans la Bible, ce terme s’applique en particulier au corps spirituel (#1Co 15:44-46), aux questions spirituelles (#Ro 15:27) et aux biens spirituels (#1Co 9:11). 

 

      Ce mot se réfère essentiellement à ce qui se rapporte au Saint-Esprit qui a donné la Loi (#Ro 7:14) et qui a nourri les Israélites dans le désert (#1Co 10:3-4). Toutes les bénédictions du chrétien sont procurées par le Saint-Esprit (#Ro 8:26; 15:13 ; #1Co 2:10,13; 12:7 ; #Ga 5:22). Les chrétiens forment ensemble une maison spirituelle dans laquelle ils offrent des sacrifices spirituels (#1P 2:5), où ils chantent des cantiques spirituels (#Ep 5:19 ; #Col 3:16). La compréhension qu’ils ont de la vérité est spirituelle (#1Co 2:13-15 ; #Col 1:9). Ils sont habités par le Saint-Esprit et devraient par conséquent aussi vivre en hommes spirituels (#1Co 2:15 ; #Ga 6:1), en attendant de revêtir leurs corps spirituels (#1Co 15:44 et suivants). Ainsi, l’espérance biblique ne suit pas la ligne de la pensée grec qui voit l’avenir sous forme d’une séparation entre le corps et l’âme, seule immortelle, mais toute la personne est transmutée et vit sur un plan différent : sur le plan spirituel, dirigé tout entier par l’Esprit de Dieu. L’apôtre Paul utilise aussi le mot pneumatikos pour des dons (charisma pneumatikon #Ro 1:11) pour le langage inspiré par l’Esprit de Dieu (#1Co 2:13), pour les biens qu’il a donnés aux Corinthiens (#1Co 9:11), pour la sagesse et l’intelligence qu’il souhaite aux chrétiens (#Col 1:9). L’apôtre Pierre désigne la Parole de Dieu par l’image d’un lait spirituel (#1P 2:2). 

 

      Dans #1Co 12:1; 14:1 que l’on traduit habituellement par « dons spirituels », Paul n’emploie pas le mot don, de sorte que l’on s’est demandé ce qu’il entendait par ces « spirituels ». Dans la formule génitive peri tôn pneumatikôn le mot pourrait être masculin et se rapporter à des hommes qui se prétendraient spirituels (cf. #Ga 6:1), mais le rapprochement de #1Co 12:31 avec #1Co 14:1,12 fait pencher pour le neutre : choses ou dons spirituels. D’après #1Co 14, le terme pneumatika semble se rapporter essentiellement à deux dons : parler en langues et prophétie. En effet, l’apôtre leur dit au chapitre 14 : « Puisque vous aspirez aux pneumatôn, que ce soit pour l’édification de l’Église » (#1Co 14:12) et, dans tout le chapitre, il ne mentionne que la prophétie et le parler en langues en s’efforçant de démontrer la supériorité du premier de ces deux dons. On peut donc se demander avec M. A. Chevallier et D. L. Baker si, dans l’esprit des Corinthiens, les dons « spirituels » ne se limitaient pas à ces deux dons extraordinaires parce qu’ils impressionnaient par leur air de mystère et par l’auréole de sainteté qu’ils conféraient à ceux qui en étaient favorisés : n’étaient-ils pas les dépositaires d’une révélation immédiate de Dieu (cf. #1Co 14:37) ? À cette notion étriquée des dons spirituels, l’apôtre oppose (selon la formule « oui-mais ») un certain nombre de considérations qu’il appuie de toute son autorité apostolique : « Je ne veux pas que vous soyez dans l’ignorance », en montrant d’abord que ces dons miraculeux sont susceptibles d’être contrefaits (#1Co 12:2-3), qu’ils s’insèrent dans l’ensemble des charismes (#1Co 12:4-6) distribués à tous les membres pour l’utilité commune (#1Co 12:7). Les manifestations spirituelles sont très diverses (#1Co 12:8-10), distribuées souverainement par l’Esprit (#1Co 12:11,18,24) dans le Corps organisé comme le corps humain (#1Co 12:12-30).