Temps

11/09/2014 08:15
Temps. Examinons tout d’abord les divisions du temps dans lesquelles viennent s’insérer les événements et les circonstances de la Bible. 
 
I. Jour. 
 
1. On appelle ordinairement jour le laps de temps qui s’écoule entre 2 levers consécutifs du soleil. Mais les Hébreux comptaient d’un soir à l’autre (#Ge 1:1 ; #Lé 23:32 ; #Ex 12:18 ; Guerre juive 4.9.12) Certains ont pensé que cette coutume provenait peut-être de la division de l’année en mois lunaires qui débutaient avec l’apparition de la nouvelle lune. En conséquence, le jour « civil » se désignait par l’expression « soir et matin » ou « une nuit et un jour » (#Da 8:14 ; #2Co 11:25). Mais, quoique le soir fût bien le début du nouveau jour, ce soir était souvent compté avec le jour qui le précédait. Ainsi, le soir qui commence le 15e de Nisan, est appelé le « quatorzième jour …  au soir » (#Ex 12:18 ; cf. #2Ch 35:1). Les jours de la semaine étaient numérotés (cf. #Mt 28:1 ; #Ac 20:7), mais n’avaient point de noms, sauf le 7e jour, que l’on appelait sabbat ; la veille du sabbat était appelée « la préparation » (#Mr 15:42).
2. Le laps de temps de l’aube à la nuit (#Ge 1:5; 8:22). On le divisait en matin, plein jour (midi) et soir (#Ps 55:18 ; #Da 6:10). Pour désigner les moments de la journée, on employait aussi les expressions « lever du soleil, chaleur du jour, fraîcheur du jour, couchant », et d’autres termes semblables. Après l’exil, on se mit à employer les heures et à diviser le jour, du lever au coucher du soleil, en 12 heures (#Mt 20:1-12 ; #Jn 11:9) ; la 6e heure correspondait à midi (#Jn 4:6 ; #Ac 10:9) ; la 9e heure était celle de la prière (#Ac 3:1 ; Antiquités 14.4.3)
3. N’importe quelle période d’une action ou d’une manière d’être (#Za 12:3 et suivants) : le jour de la détresse (#Ps 20:2), le jour de la colère (#Job 20:28), le jour de l’Éternel (#Esa 2:12; 13:6,9) ; dans le Nouveau Testament, « le jour du Seigneur » signifie la seconde venue de Christ (#1Co 5:5 ; #1Th 5:2 ; #2P 3:10). Le sens de période qu’a l’expression hébraïque se rend, dans les versions françaises, par : lorsque, le jour où, le jour de, quand (#Ge 2:4,17 ; #Lé 14:2,57 ; #No 6:13 ; #1S 20:19 ; #Ps 20:9).
 
II. Nuit. 
 
      Période d’obscurité (#Ge 1:5) divisée en 3 veilles de 4 heures chacune : du coucher du soleil à minuit ; de minuit au chant du coq ; du chant du coq au lever du soleil (#Ex 14:24 ; #Jug 7:19 ; #La 2:19). Au temps du Nouveau Testament on distinguait 4 veilles, selon l’usage des Grecs et des Romains (#Mr 6:48 ; #Lu 12:38) ; les Romains comptaient 12 heures nocturnes : du coucher au lever du soleil (cf. #Ac 23:23). 
 
III. Semaine. 
 
      La division du temps en périodes de 7 jours est extrêmement ancienne. Le chiffre de « 7 jours » se trouve dans le récit de la création (#Ge 2:1-3) et revient dans celui du déluge (#Ge 7:4,10; 8:10,12). Au temps de Laban et de Jacob, chez les Syriens de Mésopotamie, il est question de fêtes nuptiales de 7 jours (#Ge 29:27-28) ; il en était de même en Philistie à l’époque de Samson (#Jug 14:12,17). On célébrait aussi des funérailles pendant 7 jours (#Ge 50:10 ; #1S 31:13). 
 
      Cependant, la semaine proprement dite n’a été établie par Dieu qu’au moment de l’Exode. Elle est mentionnée à propos de l’institution de la Pâque et de la fête des pains sans levain (#Ex 12:15; 13:6-17) ; mais elle sera surtout instituée solennellement par le décalogue : « Tu travailleras 6 jours …  mais le 7e est le jour du repos de l’Éternel ton Dieu » (#Ex 20:9-10) ; voir Sabbat. Dès lors, une période de 7 jours figure fréquemment dans les ordonnances légales (cf. #Ex 22:29; 29:30,35,37 ; #Lé 12:2,5; 13:5; 14:8; 15:28; 23:15,42 ; #No 19:11 ; #De 16:9-10,13, etc.). On peut dire cependant que, d’ordinaire, on comptait plutôt par jours que par semaines comme chez les Grecs et les Romains (cf. #Lé 12:4-5). 
    La semaine et les noms des jours n’apparurent que tardivement chez les Romains, dont la semaine compta 8 jours. Les Grecs divisaient le mois en 3. À l’époque de la construction des pyramides, les Égyptiens pratiquaient la division du temps en périodes de 10 jours. Chacune commençait au lever d’une des 36 constellations. L’année égyptienne avait 360 jours. Au IIe siècle après Jésus-Christ Dion Cassius, historien célèbre, déclare que l’usage de la semaine de 7 jours, d’introduction récente, se répand dans tout l’empire romain. Les chrétiens fêtaient le dimanche, 1er jour de la semaine. Les païens donnèrent aux 7 jours de la semaine hébraïque les noms des planètes, selon la coutume babylonienne. Les chrétiens ne purent se dispenser de cette appellation, mais substituèrent le nom de « jour du Seigneur » (dimanche) à celui de « jour du soleil » (cf. Sunday, en anglais ; Sonntag, en allemand). 
 
      Le terme hébreu chabhoua’, division septénaire, semaine, désignait non seulement 7 jours, mais aussi un cycle de 7 années (cf. l’emploi du mot « douzaine »). La célébration de l’année sabbatique tendit à répandre cette désignation relativement aux années. Il est admis en général que Daniel emploie chabhoua’ (semaine) pour « période de 7 ans » (#Da 9:24-27 ; cf. #Lé 25:8). Les 70 semaines de #Da 9:24 sont des semaines d’années, soit 490 ans. 
 
IV. Mois. 
 
      En Égypte, les Israélites se familiarisèrent avec l’année divisée en 12 mois de 30 jours, auxquels on en ajoutait 5, pour égaler l’année solaire (365 jours ; Hérodote 2.4). Dans le récit du déluge, les mois ont 30 jours (#Ge 7:11,24; 8:3,4). Les Hébreux ont ensuite, semble-t-il, employé le mois lunaire, durant d’une nouvelle lune à la suivante. En effet : 
 
1. Des 2 mots signifiant « mois », l’un indique la nouvelle lune, l’autre la lunaison. Or, ces 2 expressions servaient primitivement de mesure de temps.
2. #Ge 1:14 ; #Ps 104:19 ; #/APCJ Sir 43:6-8, et d’autres passages analogues parlent dans ce sens.
3. Lors des nouvelles lunes, on faisait des offrandes spéciales à l’Éternel (#No 10:10; 28:11-14 ; #2Ch 2:3).
4. Il y avait coïncidence entre la pleine lune et la Pâque, toujours célébrée le soir du 14e jour du mois (#Ps 81:3-5 ; cf. Antiquités 3.10.3 et 5 ; 4.4.6) ; voir Année. La lunaison exige un peu plus de 29 1/2 jours. La durée des mois variait de 29 à 30 jours, en moyenne. Mais, à propos de mois, il s’agit généralement de 30 jours (cf. #No 20:29 ; #De 34:8; 21:13). Les mois se numérotaient. Les récits biblique relatifs à la période antérieure à la captivité ne contiennent que 4 noms de mois : Abib (le 1er mois, #Ex 13:4) etc. ; Ziv (2e mois, #1R 6:37) ; Etanim (7e mois, #1R 8:2) ; Boul (8e mois, #1R 6:38). Après la captivité, les Juifs se servirent des noms employés par les Babyloniens et d’autres Sémites.
 
 
      Voir Année. 
  L’année hébraïque se composait de 12 mois lunaires (#1R 4:7 ; #1Ch 27:1-15) ; par conséquent elle devait probablement compter 354 jours, 8 heures, 48 minutes, 34 secondes. Les fêtes annuelles étaient en relation étroite avec les travaux agricoles et les saisons. Une année basée strictement sur le système lunaire aurait causé un retard constant de ces fêtes par rapport aux saisons correspondantes. Il fallait faire concorder l’année lunaire avec l’année solaire de 365 jours. On y parvenait en ajoutant aux 12 mois lunaires un 13e mois de 29 jours tous les 2 ou 3 ans. Ce mois porte parfois le nom de Ve’adar. La Bible ne mentionne pas cette coutume. Le cycle lunaire comptait 19 années dont la 3e, la 6e, la 8e, la 11e, la 14e, la 17e et la 19e avaient 1 mois intercalaire. L’année religieuse commençait par le mois d’Abib, appelé aussi Nisan (#Ex 12:2; 23:15 ; #Esa 3:7). Elle débutait en même temps que la nouvelle lune, immédiatement avant ou après l’équinoxe de printemps, quand le soleil était dans le signe du Bélier (Antiquités 3.8.4 ; 10.5). Mais dès les temps les plus reculés, les Israélites observèrent aussi l’année civile, basée sur les travaux des champs et commençant en automne (cf. #Ex 23:16; 34:22 ; #Lé 25:4,9 et suivants). Ce peuple d’agriculteurs avait intérêt à faire coïncider le début de l’année civile avec le labourage, les semailles, et sa fin avec la moisson. Les Israélites indiquaient souvent les dates par les travaux agricoles en cours, plutôt que par le numéro ou le nom du mois (cf. #No 13:20 ; #Ru 1:22). Quelque temps après le retour de l’exil, on se mit à célébrer le Nouvel-An à la nouvelle lune du 7e mois, Tisri. Cet usage ne date probablement pas des événements rapportés dans #Esd 3:6 et #Né 8:2, bien qu’ils aient contribué à l’établir. 
 
VI. Le temps et l’éternité. 
  Précédant et dépassant infiniment le temps humain et ses divisions, l’éternité biblique est présentée comme un attribut même de Dieu. « L’Éternel est roi, à toujours et à perpétuité » (#Ps 10:16). « D’éternité en éternité, tu es Dieu …  Tu existes de toute éternité » (#Ps 90:2; 93:2). C’est pourquoi mille ans sont à ses yeux comme un jour, et un jour comme mille ans (#2P 3:8). Dieu domine également le temps par son omniscience. Le passé, le présent et l’avenir n’existent pas réellement pour Celui qui est éternellement, et qui connaît toutes choses avant qu’elles arrivent (#Ex 3:14 ; #Jn 8:58 ; #Esa 48:5-7). En parlant à Israël il emploie constamment le « passé prophétique » c’est-à-dire qu’il considère comme accomplis des événements qu’un lointain futur cache encore aux yeux des hommes. Les temps du verbe hébreu se prêtent admirablement à l’expression de telles notions. 
 
      En parlant du Dieu éternel, Alpha et Oméga, créateur et consommateur de toutes choses, la Bible ne présente en somme que 3 âges : 
 
a) l’éternité antérieure à la création, d’« avant les siècles » (#1Co 2:7 ; cf. #Ep 3:11 ; #1P 1:20 ; #Col 1:26 ; #Ac 15:18) ;
b) le « présent siècle » (ou âge, aiôn en grec), qui va de la création au retour glorieux du Seigneur (#Ga 1:4 ; #Ep 1:21 ; #Tit 2:12). La première venue du Christ s’insère au milieu de cette période-là et par conséquent au centre de tous les temps ;
c) le « siècle à venir » c’est-à-dire l’éternité qui est devant nous (#Ep 1:21; 2:7 ; #Hé 6:5 ; #Mt 12:32 ; #Mr 10:30, etc.).
 
     Pour l’Ancien Testament, comme pour le Nouveau Testament la différence entre le temps et l’éternité ne porte pas sur la qualité, mais sur la durée : l’éternité est un temps sans limite, dont la ligne infinie coïncide pour une brève période avec l’histoire qui est notre temps humain. Une telle notion est à l’opposé de la conception spéculative grecque, qui se représentait le temps comme un cercle, où tout recommence sans cesse (cf. la ronde inexorable des réincarnations hindoues). « L’expression symbolique du temps biblique est une conception linéaire ascendante, car la ligne qui part de la création a son but situé …  en Dieu » (A. Lamorte, Le Problème du Temps dans le Prophétisme biblique, Beatenberg, 1960, page 108, et passim). Ce but « imprime à l’ensemble de l’histoire, qui se réalise tout au long de cette ligne, un mouvement d’élévation vers lui » (O. Cullmann, Christ et le Temps, Delachaux, 1947). 
 
      Le Dieu éternel, le « roi des siècles » (#1Ti 1:17 ; #Ps 145:13), en créant l’homme à son image, a mis dans son cœur la « pensée de l’éternité » (#Ec 3:11). Par l’incarnation, il s’est abaissé jusqu’à nous dans le temps, pour nous amener à partager avec lui l’éternité (#Ps 133:3) ; voir Vie éternelle. Notre prière est qu’il nous conduise ainsi sur la voie de l’éternité (#Ps 139:24) et nous reçoive par sa grâce dans son royaume éternel (#2P 1:11). 
 
Tableau de l’année hébraïque.  ==> figure 11265 
 
Tableau de l’année hébraïque. (suite et fin)  ==> figure 11266 
 
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